On a parlé de la fin du “Projet Pieuvre” avec son créateur Arthur Vauthier

Il y a bientôt quatre ans arrivait, « Le Projet Pieuvre », une websérie disponible sur Instagram. Depuis, chaque jour est postée une nouvelle vidéo d’une minute qui raconte la vie d’un groupe d’amis gays. « Le Projet Pieuvre » tire le rideau définitivement le 9 août. Nous avons rencontré son créateur et réalisateur, Arthur Vauthier…

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Comment a commencé l’aventure ?

J’avais fait plusieurs web série de ce genre avant. C’est un peu mon délire… J’aime l’utilisation des réseaux sociaux pour diffuser. J’aime bien le côté fragmenté du récit qui devient finalement un récit fleuve. Je voulais créer quelque chose d’hyper réaliste pour que la fiction sente le vrai. Voilà comment ça a commencé… Je suis gay. J’avais envie de parler de personnages qui me ressemblent ou qui ressemblent aux gens que je connais. Au début et pendant un an, j’étais tout seul et après, ça a fluctué entre dix et une vingtaine de personnes…

le projet pieuvre instagram
Arthur Vauthier

Comment matériellement vous vous êtes organisés pour proposer une vidéo tous les jours ?

C’est vrai que c’est un peu une machine de guerre au niveau organisation. Les épisodes sont écrits deux mois avant la diffusion, le tournage a lieu un mois avant. Après, il reste un peu de temps pour le montage, le sous-titrage… Cette partie peut se faire à l’avance mais il nous est arrivé de finir vraiment à l’arrache. On a toujours été en tension par rapport à la diffusion… Le challenge de ne pas rater une journée était vraiment là. On a diffusé ce jour l’épisode 1363. Ça fait réellement 1363 jours que ça a commencé : on n’a jamais raté une journée. Même pendant le confinement, quand on a rencontré des événements qui sont venus perturber le récit tel qu’il était prévu. On s’est toujours adapté même si c’était compliqué ! Comme la solitude était le sujet général de la série, le fait d’être confiné nous a permis de mieux travailler encore cet aspect… Le rapport de Ferdinand à Jimmy via Instagram le montre bien…

Comment s’est passé le casting ?

Certains, comme Lucas ou Jimmy, sont de très bons amis à moi depuis longtemps. D’autres ont été vraiment castés comme Nicolas. Il a fait des essais comme dans un vrai casting. Il a fallu convaincre tout le monde de participer à un projet amateur et bénévole. On a eu des coups de cœur avec certains acteurs qui ne devaient tourner que quelques épisodes et qui pour finir, sont restés plus longtemps… Certains nous ont écrit parce qu’ils voulaient participer. On a fait aussi du casting sauvage en boîte de nuit par exemple…

Comment as-tu écrit les épisodes ?

Pour chaque épisode, il y a un canevas narratif de quelques lignes. Les dialogues ne sont pas écrits. Et les acteurs jouent selon leur instinct. Les personnages se sont construits un peu à partir de la matière de l’acteur ou de l’actrice. Les corrections se faisaient entre chaque prise. Ça a donné un petit côté documentaire à ce qui reste avant tout une fiction.

Est-ce qu’il y a eu des changements dans le scénario en fonction de la réaction du public ?

C’est possible que j’aie été influencé. J’ai un bon exemple de ça. Quand, au début, Jimmy s’est fait larguer dans son histoire de trouple, tout le monde nous a dit : « Arrêtez de faire souffrir Jimmy ! ». Je me suis dit : « Ah ? Vous trouvez qu’on fait souffrir Jimmy ? Eh bien vous allez voir ce que c’est de vraiment souffrir ! » Du coup, la spirale infernale dans laquelle entre Jimmy, a été inspirée par les commentaires du public… Quand on a abordé le sujet de la drogue, par exemple, certains se sont plaint qu’on lui donnait une image trop valorisante. On leur a dit d’attendre avant de se faire une opinion. La fin du Projet répondra à toutes les questions…

Comment avez-vous choisi les thèmes abordés ?

Tout est lié au thème de la solitude. Tout n’est qu’une déclinaison de la solitude… On a beaucoup travaillé sur la solitude même quand on n’est pas vraiment seul : au milieu de groupe d’amis, au travail, en couple… Tous les liens entre humains m’intéressent. Même quand ils sont virtuels comme sur les réseaux sociaux.

Tu penses que Le Projet Pieuvre reflète un peu la vie de la communauté LGBT+ ?

Ça n’en a pas la prétention… Le Projet Pieuvre est quand même un truc très parisien. Très classe moyenne. Je n’ai pas l’impression que toute la vie de la communauté se passe forcément à Paris. Je ne pense pas, par exemple, qu’une lesbienne de 60 ans qui habite Villeurbanne se retrouve dans la web-série… On n’a pas non plus, pu explorer à fond les problématiques que rencontrent les personnes transgenres. Le Projet Pieuvre reflète d’abord la vie de mon milieu à moi… Je trouve qu’on est beaucoup amené à trainer avec des gens qui nous ressemblent dans la vraie vie… En revanche, dans la fabrication du Projet, il y a eu une vraiment communauté diverse et inclusive ! Et ça, c’est vraiment chouette…

Pourquoi arrêter ?

Parce que je suis fatigué. Ça occupe une place énorme dans ma vie au quotidien. Au bout de quatre ans, je me suis dit qu’il était temps que j’arrête. Je n’ai qu’une envie, c’est de ne rien faire. J’ai envie d’avoir des semaines où je n’ai rien de prévu professionnellement. En plus, on arrête le 9 août au bout de 1440 épisodes, ça fera 24 heures pile. Il y a quelque chose de beau dans ce symbole-là.

Retrouvez Le Projet Pieuvre sur Instagram

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