Partir en vacances dans une destination gay, pour ou contre ?

Mykonos, Sitges, Gran Canaria, Torremolinos, Palm Springs, voire Fire Island
 Les gays ont des habitudes tenaces dĂšs qu’il s’agit de leurs vacances. Certains ne partiraient que dans ces ilots de gayttitude. D’autres y rechignent totalement. Nos tĂ©moins nous expliquent leur choix.

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« Je passe ma vie entouré de gays toute l’année. Je ne vais pas m’enfermer en plus pendant mes vacances dans un endroit 100% gay. J’ai testé les Canaries une année, un cauchemar », raconte William (33 ans, de Paris). Il est vendeur dans un grand magasin de la capitale. Il ajoute : « Pourtant, je vais dans le Marais très souvent. J’ai une vie sociale plutôt très gay. Mais j’ai besoin de souffler pendant mes vacances. Cette année, ce sera un séjour-randonnée en Croatie… »

À l’inverse, Juan (43 ans, du Havre) collectionne les destinations gays pour tous ses congés : « Même quand j’ai une envie de sport d’hiver, je choisi une gay ski week. Cet été, je pars au Mexique à Puerto Vallarta. J’ai choisi un hôtel gay et j’ai préacheté mes tickets pour plein de soirées. Je veux me sentir libre de fréquenter qui je veux pendant mes vacances, de m’habiller comme je veux. Je fais attention au regard des autres toute l’année. Quand je pars, je veux m’en moquer ! »

Deux points de vue complètement différents, qui peuvent se comprendre selon la vie qu’on vit le reste de l’année. Les vacances sont sacrées. Pour les uns comme pour les autres, il est impensable de faire quelque chose qui ne leur plait pas pendant cette période !

Ne plus se sentir seul

Un peu comme Juan, José (46 ans, d’Aurillac) se rend à Sitges tous les ans à la même période : « C’est mon rendez-vous annuel. J’y ai mes habitudes. Je connais certains serveurs. Je vois l’évolution de la ville. Je retrouve même des plans quelques années après… Je fais partie pendant quelques semaines d’une communauté de mecs qui ont les même gouts que moi, qui font les même choses que moi. Je ne suis plus seul… Ceux qui me critiquent sont souvent des garçons qui ont la possibilité d’aller dans des bars gays très souvent. Moi, c’est plus difficile. Donc, mes vacances c’est à Gayland ! »

Ne pas se retrouver seul quand on part en vacances, c’est souvent l’argument de choc que Nicolas (29 ans, de Grenoble) a constaté amèrement il y a 5 ans : « J’ai l’habitude de me rendre à Mykonos en août chaque année. Sauf en 2018. Les prix avaient tellement augmenté sur l’île que j’ai décidé de découvrir La Crète, beaucoup plus accessible financièrement. Je m’y suis ennuyé comme jamais. J’avais l’impression d’être le seul gay du coin. J’étais même triste… » C’est vrai qu’à Sitges ou Mykonos en juillet-août, on n’est pas vraiment seul !

Se reposer avant tout

Les vacances servent à se ressourcer, se reposer, recharger les machines. C’est comme ça que Luigi (57 ans, de Lunel) voit les choses : « Je suis infirmier. Plus vraiment un adolescent. J’ai besoin vraiment de repos, sinon je ne tiens pas le choc. La violence que mon métier me fait vivre à certains moments, m’impose de lâcher prise. Et je ne me vois pas partir en vacances dans un lieu où c’est blindé partout, où il y a du bruit jusqu’à point d’heures, où le sport principal est la drague et où au final, si on n’est pas super beau, on reviendra frustré… Cette année, je vais à Rome. Ce sera culture et farniente. »

Pour beaucoup plus de gays qu’on ne croit, partir en vacances sur une destination gay reviendrait en gros à « quitter un ghetto gay, pour un autre ghetto gay » comme le dit William. « Je ne veux pas avoir l’impression que toutes mes activités tournent autour de mon identité sexuelle. Mais je respecte ceux qui ont décidé de faire différemment… Les vacances, c’est totalement personnel et personne ne doit juger ce qu’on en fait. »

William a raison. Car le plus difficile avec les vacances n’est pas tant de choisir sa destination (ou le retour à la maison comme le disent certains). C’est surtout de ne pas pouvoir partir. Pensons aussi à eux !

Tu en veux encore ?