Expo ‘Queer California’ à Nice : ce que l’on doit à la Californie

Pour sa seizième édition, In&Out, le festival de cinéma queer de Nice, s’offre une virée californienne. Intitulée Queer California, cette section d’un programme par ailleurs riche en inédits et en invités, va explorer la place singulière de cet Etat américain dans l’histoire LGBTQ, quelque part entre glamour et luttes…

Publié le

Californie + cinéma = Hollywood. Californie + gays = San Francisco. D’un côté la ville des stars, de l’autre celle du quartier de Castro. Dès lors, c’est peu dire que la Californie tient une place à part dans nos imaginaires et notre histoire. On est tous héritiers de ce California Dreamin’, ce rêve de Californie que chantaient les Mamas and the Papas dans les sixties.

S’y mêlent icônes, soleil, sexualité libérée, luttes pour nos droits, fantômes du sida, artistes et œuvres transgressifs — de Gregg Araki à Barbara Hammer, de la troupe des Cockettes à la Beat Generation, de David Hockney aux danseurs de waacking…

Dans le cadre d’In&Out, le festival du cinéma queer de Nice, l’événement Queer California (23 au 29 avril 2024 au 109 – Pôle de cultures contemporaines à la ville de Nice) va ainsi rendre hommage à cet héritage par le biais d’une expo, de projections et d’ateliers.

Ce que l’on doit à la Californie

Parmi toutes les facettes de ce que l’Ouest des États-Unis a apporté à l’homosexualité, il en est une indispensable : la place de cet État dans l’histoire du mouvement LGBTQI et occidental depuis plus d’un demi-siècle. Car c’est en Californie qu’ont vu le jour les premières grandes associations gays et lesbiennes outre-Atlantique — les Daughters of Bilitis pour les lesbiennes en 1955, et la Mattachine Society pour les gays cinq ans plus tôt.

C’est aussi en Californie qu’a lieu l’une des premières révoltes queer contre les descentes de police dans des bars fréquentés par des gays, des travestis et des personnes trans : en 1966, trois ans avant Stonewall à New York. La Compton’s Cafeteria, à San Francisco, est ainsi le cadre de ce mouvement de rébellion contre les discriminations qui, même s’il n’est qu’un feu de paille, annonce le grand incendie à venir.

C’est en Californie encore qu’Harvey Milk est élu puis assassiné à San Francisco, incarnation brillante et tragique à la fois d’une homosexualité devenue politique.

C’est en Californie toujours que s’invente le drapeau arc-en-ciel, que les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence deviennent les plus intrépides ambassadrices de la lutte contre le sida, que les patchworks des noms commencent à tisser l’histoire de nos morts…

Difficile on le voit, pour qui s’intéresse un peu à la manière dont l’homosexualité a, de haute lutte, progressivement conquis sa place et sa reconnaissance dans la société, de sauter l’étape californienne. C’est d’ailleurs ce que met particulièrement bien en valeur Queer California, entre conférence d’un historien du militantisme LGBTQI américain, documentaire sur Harvey Milk et ses combats, exposition autour des années sida, et peut-être surtout diffusion de Screaming Queens : The Riot at Compton’s Cafeteria, formidable documentaire gorgé d’archives et d’analyses sur ce moment longtemps oublié, ce prequel de Stonewall où tout aurait pu commencer…

Queer California
Du 23 au 29 avril 2024 au 109 – Pôle de cultures contemporaines à la ville de Nice
Plus d’infos

Tu en veux encore ?