Le gaydar existe-il vraiment ?

Reconnaître un gay d’un simple regard quand on est gay soi-même, serait un don que nous développerions naturellement. Voici la définition de ce que l’on l’appelle le gaydar. Certains sont sûr de son existence, d’autres ont des doutes et soulignent ses travers. Qu’en est-il vraiment ?

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Deux études scientifiques ont formellement attesté de l’existence du gaydar, ce radar qu’auraient les gays pour reconnaître l’identité sexuelle de tel ou tel individu, d’un simple regard. À y regarder de plus près, ces études confirment bien que nous avons ce don, mais elles soulignent aussi combien on doit être précautionneux quant à une efficacité réelle de ce concept. En effet, avec les transformations sociologiques des nouvelles générations (gays ou hétéros), les résultats seront de plus en plus biaisés à l’avenir.

Le gaydar a été longtemps un moyen pour les gays de se reconnaître mais aussi de se protéger grâce à son langage beaucoup plus discret que l’interrogation verbale par exemple. Mais le gaydar ne reproduit-il pas les clichés les plus homophobes nous concernant : marcher avec un déhanché trop marqué serait forcément un signe qu’on est gay, avoir une voix une peu trop aiguë serait un élément de déduction de son homosexualité ? Alors le gaydar existe-il ?

Oui, c’est prouvé !

On a tous croisé un jour un garçon dont on sentait que le regard nous disait : « Tiens, toi aussi ? ». On en a tous, très jeune, vite conclu qu’on avait un don particulier pour se reconnaître. Une étude dirigée par l’équipe de William Cox de l’Université de Wisconsin-Madison a prouvé qu’à travers la qualité des photos, il semble que les homos aient des exigences plus hautes que les hétéros quant au choix de leur photo de profil sur les sites de rencontre par exemple.

Les gays savent ce qui va interpeler les autres gays. Et ils vont dans leurs représentations, mettre en valeur ces détails invisibles pour qui ne serait pas concerné. Et on ne parle pas ici du polo rose ou du tee-shirt de Madonna, mais de petites choses discrètes (ou moins, d’ailleurs) qui nous parleront directement. On se reconnaît, c’est un fait. On peut faire quelques erreurs certes, mais ça nous aide surtout quand on veut draguer ailleurs que dans nos lieux de convivialité.

Par le passé peut-être…

Par le passé, le simple fait d’être homosexuel pouvait nous faire courir des risques pour notre sécurité. Nous avons, pour nous protéger, développé des codes propres à la communauté. Dans les années 70, le port du bandana dans la poches arrière de son jean n’était pas seulement une manière d’afficher ses préférences sexuelles, elle indiquait clairement notre préférence pour les garçons. Dans les années 80, la folie « gym queen » nous montrait que, souvent, un garçon musclé, épilé, voire huilé, était forcément gay. Les hétéros ont depuis envahi les salles de sport. Les métrosexuels ont bousculé nos certitudes. Même les Bears se sont vus copiés.

Combien de fois avons-nous entendu : « C’est pas possible ! Ce mec ne peut pas préférer les filles ! » Aujourd’hui, il semblerait que tous nos codes soient à mettre à la poubelle et nous sommes souvent mis au défi de nous reconnaître tant les nouvelles générations semblent bien se moquer des diktats liés au genre. Et ce n’est peut-être pas plus mal que notre gaydar soit un peu en panne quand il s’agit des plus jeunes… Ça peut laisser présager un avenir plus « sécure » pour les prochaines générations homosexuelles.

C’est plus compliqué que ça !

Mais aujourd’hui encore, on se reconnaît dans la rue. Quand un nouveau collègue arrive dans l’open-space, on devine s’il est gay ou non. Le gaydar est (presque) toujours aussi efficace. Ses codes sont tout simplement différents. Notre visibilité acquise par de longues luttes a transformé notre capacité à se reconnaître. Peut-être parce qu’on refuse en bloc les clichés de nos adversaires homophobes. On est capable aujourd’hui, d’admettre que ce garçon mignon n’est pas forcément gay parce qu’il travaille dans un salon de coiffure, qu’un autre peut aller en vacances à Mykonos sans vouloir coucher avec un mec…

Et pour quand on a vraiment un doute, on a inventé un nouveau concept qui nous arrange bien : au lieu de dire « Ce mec est gay ! » on dit « Ce garçon est curieux ». Le fantasme reste entier et on ouvre toutes les possibilités. On en a fait du chemin depuis nos bandanas sur les fesses…

Tu en veux encore ?