Depravision : « La nuit est le moment de tous les fantasmes »
Depravision est passionné par les ambiances de la nuit. Il joue dans ses photographies avec l’intimité des corps plongés dans les clubs parisiens. Transgressif et rebelle, il aime capter ce que, dans la folie de la nuit, nous avons tendance à oublier… Rencontre.
Parle-nous de toi…
J’ai fait des études d’Arts Appliqués et de design en céramique et j’ai adoré la sensualité de la matière pour créer des objets ou des bijoux qui se portent. Un peu comme une seconde peau. J’aime le contraste de la matière qui se modèle, se malaxe et qui une fois cuite se fige. Mes photos vont dans ce sens. J’aime figer des scènes dans un moment d’extase. J’aime le côté pictural et poétique qui s’en dégage.
Que signifie Depravision ? Pourquoi le E est-il souligné ?
Depravision est une contraction de 3 mots Dépravé / rave / vision faisant référence au monde de la nuit. Le E souligné est un accent inversé. Cela symbolise le reflet vers un autre monde entre fantasme et réalité.
D’où viennent tes inspirations ?
J’ai en tête des films de Lynch ou de Cronenberg associés à des sons de cold wave ou de techno. J’aime une certaine violence autant qu’une grande douceur dans les images.
Le clubbing, ou plus généralement la nuit, est fortement présent dans ton travail. La nuit est-elle plus inspirante pour toi ?
Oui la nuit est le moment de tous les fantasmes et j’aime photographier les gens dans le vif. C’est brut et direct pour réussir à les capter dans un moment d’ivresse et d’exaltation. J’adore les clubs et les soirées pour voir les gens danser et transpirer, mais mes images qui en découlent sont souvent hors du temps comme en suspens. J’aime cette poésie, « de la douceur dans un monde brut ». J’ai d’ailleurs été invité pour photographier la MENERGY d’avril 2019. Mais aussi les B.LT chez Maxim’s.
Une chaussure, un tatouage, une fleur, un téléphone… Tu t’attardes beaucoup sur le détail. En quoi parle-t-il plus qu’une photo d’ensemble ?
J’aime raconter des histoires en associant plusieurs photos. Certains objets ont un côté très fétichiste que j’aime associer à mes photos. Les gens qui vont regarder mon travail vont naturellement associer les photos de détails à celles plus d’ensemble et se raconter une histoire.
Quels sont tes modèles préférés ? Avec qui tu te sens le plus créatif.
Je dirai les inconnus car il n’y a pas de triche. Le naturel est une évidence. Je ne demande rien au modèle, c’est moi qui doit être au bon endroit au bon moment. J’aime aussi beaucoup photographier mes amis.
Tu joues beaucoup avec les couleurs. Même si certains pourraient définir ton travail comme un peu « dark », comment réussis-tu à le rendre aussi lumineux ?
Merci du compliment quand tu dis « dark ». C’est vrai que j’aime lier un côté sombre, parfois inquiétant, étrange, mais aussi sensuel et lumineux en termes de couleurs.
Quel est ton plus beau souvenir de photographie ?
Quand je rentre chez moi en Bretagne et que je photographie ces amas de rochers primitifs qui ressemblent à des corps entrelacés.
Tu as des projets ?
Oui j’ai envie de faire un site internet avec mes photos et aussi pouvoir exposer mon travail. Recommencer à faire des photos de soirées quand ce sera possible.
