J’ai passé une soirée chez Madame Arthur

Ils sont beaux, chauds, drôle et personne ne résistent à la puissance de leurs organes vocaux ! Les vedettes du cabaret parisien, emballent, en renouvelant le genre. On a testé, on est devenu fan, on lève le voile. Prochaine soirée, ce vendredi avec un hommage à Queen.

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C’est une salle que l’on a connue plein d’ours velus, chauds bouillants à l’époque où s’y tenait la Beardrop. Le vigile de l’entrée nous palpe, sécurité oblige, avec un professionnalisme désintéressé, et l’arrivée au Divan du monde fait jaillir quelques souvenirs. Aujourd’hui relié au mythique cabaret Madame Arthur, ouvert en 1946, l’adresse propose de vrais shows hauts en couleurs, sur une grande et belle scène. Elle a sa propre troupe, des artistes reconnus qui ont les honneurs de Quotidien comme Pierre Louis et Charly Voodoo


Ces performers complets, souvent formés aux conservatoires de musique sont sexy et glamour, loin des stéréotypes. Ils dépoussièrent le transformisme, lui ajoutant à la fois, c’est là l’exploit, du nerf et de la fluidité queer.

Billie

Show bouillant

Ce soir-là, la troupe rend hommage à Prince. Que les puristes se rassurent, le cabaret, relancé en 2015, a créé sa légende avec des soirées hommage à Dalida, France Gall, Beyoncé, ou Mylène bien sûr. Le temps de prendre un verre, servi par Guillaume, un beau brun masqué, la soirée débute avec un clip du Kid de Minneapolis. Brushé et sur talonnettes, le prince de la pop subit une fausse interview en français. Les rires fusent. Pour surfer sur l’actualité, les masques et les précautions, en mise en bouche, il faut de l’esprit.

Brendamour

Ce qu’on remarque très vite, c’est que les voix sont puissantes, le pianiste Tony Blanquette pourrait en remontrer à Yvan Cassar, qui travaille sur The Voice et sur certains shows de Mylène. C’est costaud et précis, mené tambour battant. Bili Larme à l’œil, une dragking délicieuse, présentée comme le fruit d’une union entre Pierrot et Orphée, se présente comme « le seul pédé de la soirée ». Elle partage la scène avec Kilian Androkill, gracieux, voyou comme il faut et Brenda Koravea, créature musclée et dessinée, telle une Tina Turner dopée. Les tubes du petit génie, notamment Cream, Kiss et Purple Rain sont ré-interprétés avec une justesse musicale qui plaira aux fans, dans des traductions françaises improbables, décalées, gentiment grivoises.

Andro Kill

Ils sont quatre à enflammer la scène et ce qui surprend et emporte, c’est la rupture, totale, avec le play-back. Ces filles-là savent chanter comme des reines et bouger de jolis corps affûtés. C’est sûrement ce qui fait la différence : chaque spectacle est confié à une directrice artistique, et ce soir, c’est Jurijiderklee, performeuse, chanteuse et « maman » d’une « maison » comme on dit dans le milieu du Voguing : Benediction Party.

Tony Blanquette

C’est bourré d’allégresse, les mains battent en cœur et quand arrive le final, explosif, on aimerait que ça continue. La troupe termine avec une chanson française, et invite chacun à prendre un verre dans le lieu, cosy, mythique où a chanté Bambi et où Gainsbourg remplaçait, selon la légende, son papa pianiste. Sans remonter si loin, on a aimé, au cœur de l’automne ce délice des mélanges, so gay et si pailleté.


Prochaine soirée : Madame Arthur dépoussière Queen (16 oct). À partir de samedi, le cabaret continue avec des horaires adaptés. Plus d’infos

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