Photos : Malecharism, entre sensibilité et virilité

Qu’ils soient en chemise, en slip ou tout simplement nus, les modèles des photos de Malecharism respirent la virilité. Et pourtant, à y regarder de plus près, le photographe nous emmène dans le monde rassurant et doux de la beauté masculine. Rencontre.

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Parle-nous de toi…

Derrière mon pseudo Malecharism, il y a ce projet homonyme que j’ai amorcé en 2014. Pendant des années, mon travail s’est concentré autour des conflits armés, c’est un travail documentaire difficile et exigeant. Il m’a été salvateur de pouvoir réintégrer l’humain dans mes images en revenant au portrait dans un premier temps, intégrant sa psychologie. Puis, dans un second temps, je suis revenu au travail sur le nu masculin tel que vous pouvez le voir aujourd’hui. 

(c) Malecharism

Basé à Paris, je suis quelqu’un de terre à terre. J’ai besoin de concret, de solide. Je pense avoir besoin de tous ces projets en même temps qui sont, à leur manière, complémentaires. Au début, le projet Malecharism était une échappatoire, une compensation. Mais cela a pris une autre proportion… 

(c) Malecharism

Comment définirais-tu l’esthétique de tes photos ?

Du nu-académique de mes débuts vers une sensualité emplie de testostérone, l’évolution du projet s’est faite naturellement au fil des années. Les prises de vue s’organisent de la même manière que dans la mode, mais en comité restreint. Cela laisse beaucoup de libertés pour la direction artistique. Au final, même s’il peut être considéré comme érotique, mon travail est sérieux et n’est en rien sexuel dans l’intention. La manière de percevoir ou d’apprécier le résultat appartient à chacun.

Le charisme prime beaucoup dans la sélection des modèles

Comment trouves-tu tes modèles ? Comment les choisis-tu ?

Essentiellement sur Instagram. Je ne voue pas un culte pour cette plateforme mais c’est un medium intéressant pour montrer son travail en interaction avec les followers ou pour trouver de potentiels modèles. J’aime aussi beaucoup travailler avec les personnes n’ayant aucune expérience sérieuse en photo, comme certains sportifs professionnels. On va parfois plus vite à l’essentiel. Gay ou non, ce n’est pas important, mais le charisme prime beaucoup dans la sélection des modèles. D’où le nom du projet. Du coup, il reste un peu moins de modèles (rires).

(c) Malecharism

Après, il reste à organiser les séances en fonction de mes voyages. Cela peut être très rapide comme mettre des années entre la première prise de contact et la réalisation. Mais comme je ne cherche pas à enchainer machinalement les séances, cela me va très bien. Peu de séances, mais de nombreuses photos. C’est pourquoi les mêmes têtes reviennent parfois régulièrement au fil de mes publications.

(c) Malecharism

Acceptent-ils facilement de poser pour toi ?

Étrangement, les hommes les plus connus acceptent très facilement. Ils perçoivent vite le sérieux du projet… A contrario, les personnes qui ne sont pas aussi célèbres sur Instagram ont du mal à être convaincues. Sans doute, elles hésitent aussi à se dévoiler sur la toile, cela peut se comprendre aussi. 

(c) Malecharism

En tous cas, je ne cherche pas nécessairement à travailler avec des personnes difficiles à convaincre. L’expérience m’a vite appris à me focaliser sur ceux qui aiment mon approche dans le travail et y voient leur propre intérêt. Au final, leur confiance en moi paie, pour moi c’est un cadeau. Je le vois aux résultats quand je sélectionne les images.

(c) Malecharism

Il ressort de tes photos une douceur extrême. Et pourtant tes modèles sont très virils. Est-ce une volonté de ta part ?

La remarque me flatte. Effectivement, j’aime ce paradoxe. Et je le recherche inconsciemment, car il fait écho en moi naturellement, sans avoir besoin d’intellectualiser. Mais pour répondre sérieusement, quel que soit le contexte de la prise de vue, portraits ou nus, je cherche souvent à capter l‘émotion brute, celle que l’on trouve parfois dans l’intime.

(c) Malecharism

Et particulièrement avec le projet Malecharism, cela me semble un très bon défi à relever, avec ces grands gaillards que je ne connais pas en début de séance. Sensibilité et virilité en même temps. Cela donne une intensité rare que j’essaie de capturer avec mon appareil photo. 

(c) Malecharism

Très peu d’éléments de tes photos rappellent l’actualité. Certaines photos ressemblent même à des statues… L’intemporel qui transpire est-il voulu ?

Sans doute la fugacité de la photographie de mode m’a fait fuir ? (Rires). Sérieusement, les grands photographes classiques m’ont inspiré quand j’étais adolescent. Leur esthétique me poursuit même si j’essaie de m’en affranchir parfois. Cadrages, lignes, angles ou poses me ramènent à ce classicisme. En plus du choix des lieux relativement neutres, cela place probablement mes images hors du temps. A force, je pense que cette influence fait partie intégrante de l’identité de mon travail.

(c) Malecharism

Vous pouvez suivre et retrouver le PROJET MALECHARISM sur Instagram ou sur son site (code 9876 réservé aux personnes majeures). 

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