FLAG! lance son appli pour signaler les actes LGBTphobes

Vous connaissez FLAG! l’association LGBT+ des agents des ministĂšres de l’IntĂ©rieur et de la Justice, Pompiers, Policiers municipaux… Depuis bientĂŽt 20 ans cette association de professionnels s’est dĂ©veloppĂ©e et travaille auprĂšs des pouvoirs publics et du public LGBT. Aujourd’hui, un nouveau cap est franchi avec le lancement d’une application mobile FLAG! qui va, entre autre, permettre de mieux cartographier l’homophobie en France. Rencontre avec Johan Cavirot, prĂ©sident de FLAG!

Publié le

Article publié le 7 septembre 2020 sur wag-mag.fr, le magazine de l’actu LGBT de l’Ouest et du Sud-Ouest

Avant d’évoquer l’application FLAG!, juste quelques mots pour éclairer nos lecteurs sur les missions que votre association se donne?

Notre association a deux actions principales. La première est de lutter contre les LGBTphobies au sein de nos administrations par des actions de prévention, de formation (par exemple la formation en école des futurs policiers et gendarmes sur les LGBTphobies) et sur des mesures RH inclusives. Par exemple depuis 2019, un agent qui souhaite entamer sa transition, c’est à l’administration de s’adapter à sa temporalité et non à l’agent d’accepter le rythme de l’administration pour son uniforme ou changement d’état civil ou de prénom.

La seconde action principale est tournée vers le grand public pour les accompagner dans leurs démarches avec nos services ou de faire valider des doctrines dans le respect des personnes (en cas de palpation de sécurité, la doctrine est maintenant de respecter le genre déclaré par la personne trans et non le genre de la pièce d’identité).

Depuis quelques semaines l’association a lancé son application FLAG!, quels sont les objectifs généraux de cette appli mobile?

En métropole et en Outre-mer, les objectifs sont triples:

– identifier, caractériser et localiser les LGBTphobies, sérophobies et violences conjugales en donnant la parole aux victimes et aux témoins sans obligation d’engager une démarche officielle comme un dépôt de plainte. Seulement 4 % des injures et 20 % des violences font l’objet d’une plainte. Tous les autres faits sont donc invisibles et officiellement inexistant

-Proposer tout de suite au déclarant des interlocuteurs institutionnels (police, 119, …) et associatifs (Le Refuge, STOP Homophobie, FSGL, …) personnalisés en fonction des actes, des auteurs et de la victime signalée.

-Annuellement, établir avec un comité scientifique composé de chercheurs et de sociologues une véritable cartographie de ces actes afin de localement pouvoir mieux les combattre.

appli flag

Plus précisément quels type d’actes, ou de situations, peuvent être signalés via votre appli? Et par qui?

Les victimes comme les témoins peuvent déclarer des faits comme des injures, des violences, un refus de plainte ou un mégenrage pour une personne trans. L’auteur doit aussi être caractérisé : par exemple est ce qu’il s’agit d’un voisin, d’un proche, d’un policier, d’un médecin ou un parfait inconnu. Pour chacune des étapes, un choix exhaustif est proposé au déclarant afin d’être le plus pertinent ensuite dans l’analyse.

Que se passe-t-il lorsque je fais un signalement via FLAG!? Cela engage-t-il un processus?

L’application ne transmet les informations à aucune autorité (police/gendarmerie) ou partenaire associatif. On propose des interlocuteurs. Ensuite le déclarant est libre de donner une suite en les contactant ou non. Il n’est peut-être pas prêt à faire cette démarche qui doit rester un choix personnel. Et puis le signalement est anonyme donc le transmettre n’aurait pas de pertinence.

Quels sont les prochaines évolutions de l’application?

Deux évolutions arrivent pour la rentrée­. Tout d’abord, préconiser des acteurs locaux en lieu et place des acteurs nationaux quand cela est possible. Ainsi le premier pas vers une main tendue sera plus facile pour la victime.

Ensuite, permettre l’intégration de l’application dans les intranets d’entreprises ou des services publics afin de pouvoir donner à la structure ses signalements anonymes internes. Charge ensuite à elle, en fonction de la typologie des signalements, de mettre en œuvre les bonnes solutions pour les combattre. À partir de septembre, une entreprise (de la PME à la multinationale) peut nous contacter et ainsi ouvrir les yeux sur de possibles LGBTphobies en interne.

Quels sont les personnes, ou les organismes, qui ont travaillé à l’élaboration de l’application FLAG! ?

FLAG! a reçu le soutien financier important de partenaires institutionnels comme la DILCRAH, la Région IDF, la Mairie de Paris, de la mutuelle Intériale… Par contre, le projet est pensé et travaillé par FLAG! sur la base d’un constat de terrain pour répondre aux questions: où, quand et comment se manifestent les LGBTphobies. Puis, au fur et à mesure, nous intégrons des partenaires dans la préconisation faite aux victimes.

Avez-vous déjà des retours quelques semaines après le lancement de l’application?

Nous venons de sortir quelques chiffres après 90 jours de lancement (et peu de communication):200 signalements pour des actes dans la vie réelle dont 3 en Outre-mer et 538 signalements pour des actes sur le net

L’Ouest et le Sud Ouest ne sont pas épargnés. Toutefois, peu de signalement ne veut pas dire qu’il n’y a pas de fait, juste que l’application n’est pas assez connue pour être utilisée. Plus des signalements remonteront, plus leur analyse sera pertinente afin de proposer des actions concrètes localement pour mieux les combattre et faire en sorte de ne plus avoir peur d’être LGBT.

Retrouvez d’autres articles sur l’actu LGBT de l’Ouest et du Sud-Ouest sur wag-mag.fr

Tu en veux encore ?