Jeytall, le photographe qui sublime les corps nus

Des photos de famille Ă  une expo Ă  la Villa Noailles Ă  HyĂšres, Jeytall a tout d’un vrai autodidacte de la photographie
 MarquĂ© par son passage aux Beaux-Arts, il est amoureux des corps nus, accro aux sensations pures
 Rencontre.

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Parle-nous de toi…

Originaire de la région toulousaine, je vis à Paris depuis 2010. Je photographie uniquement à l’argentique des sujets nus et quelques scènes plus classiques parfois. Je ne retouche rien et ne recadre jamais mes photos. À la maison, quand j’étais enfant, on avait un appareil et nous faisions des photos pour chaque occasion, chaque sortie. Petit à petit, c’est moi qui ai pris les photos. C’était pratique car comme ça mes parents pouvaient enfin être ensemble sur toutes les photos. J’ai fait ça jusqu’à mes 15 ans.

(c) Jeytall

Et puis, est arrivé le numérique…. Ça a tué le truc. Je prenais trop de photos. En parallèle, je suivais les cours aux Beaux-Arts en candidat libre tous les mercredis. Peinture, sculpture, dessin. J’ai adoré. C’est là aussi, que j’ai découvert le nu. Des sessions de dessin de deux heures avec modèle vivant. Le corps, la lumière, l’observation rapide : une révélation…

(c) Jeytall

Comment trouves-tu tes modèles ?

Mes modèles sont d’abord venus de mon cercle amical. Je trouve principalement des modèles via Instagram. Parfois, je demande et parfois ce sont eux. Souvent il faut que je sois inspiré, que je sente qu’il peut se dégager quelque chose d’intéressant. L’été, c’est “back to basic“. Ce sont mes amis qui s’y collent. C’est drôle car c’est très différent. Les modèles sont souvent très demandeurs alors que les amis sont plus du style “Ho non pas encore des photos, t’es sûr là ? Bon OK…” J’adore !

(c) Jeytall

Acceptent-ils facilement de poser pour toi ?

Honnêtement, c’est très aléatoire. Quand c’est moi qui demande, je sais que le nu peut rebuter donc je ne m’attends jamais à un oui. Souvent les gens acceptent très vite mais je laisse toujours le temps de la réflexion et après avoir regardé mon travail, ils prennent leur décision finale. Depuis quelques années, je fais signer un papier pour que tout soit clair et précis. Personne n’est alors pris au dépourvu, ni eux, ni moi (car ça arrive parfois aussi). Il y a aussi parfois des “refus” de ma part car je ne sens pas la chose.

La lumière sur une épaule, un dos ou des cuisses vaut tous les visages.

Souvent tes modèles ne montrent pas leur visage. C’est une volonté de ta part ? Pourquoi ?

C’est vrai, on voit rarement les visages des modèles. Ce n’est pas du tout leur volonté mais la mienne. Parfois même les garçons me demandent s’ils doivent sourire ou pas pendant la séance, je leur réponds que je suis sur leur épaule alors ils peuvent sourire mais juste pour moi. Le fait pour le spectateur de trouver une photo belle me plaît . Voir un visage peut “dater” un corps, ça le fige et parfois même on connaît le visage et alors là, c’est quitte ou double. Si vous aimez la personne, ça va mais si vous la détestez… impossible d’apprécier la photo. La lumière sur une épaule, un dos ou des cuisses vaut tous les visages. 

(c) Jeytall
(c) Jeytall

Tu aimes la nudité, c’est clair. Tu ne photographies que des mecs nus ?

Oui, j’adore ! Au départ, je suis un gros timide assez complexé. Je viens d’une région très chaude et très ensoleillée mais petit, j’étais toujours en pantalon et t-shirt long. Et puis entre les cours de dessin de nu et la société qui évoluait, j’ai accepté le corps et la nudité. Aujourd’hui, je ne mets même plus de maillot à la plage et je me sens à l’étroit quand je suis obligé d’en mettre un !

(c) Jeytall

Pour la photo, c’est pareil. J’ai eu ma période chat, fleurs, nuages et quand je m’y suis remis, en 2014, j’ai voulu directement passer au nu. Non seulement j’adore les corps mais en plus, je suis un fou de lumière (même infime). Un corps attrape la lumière. Avec des vêtements, c’est totalement différent. J’adore voir un dos, une nuque, des jambes à peine éclairés. Pour moi, la photo qui me procure le plus de satisfaction est une photo pour laquelle le spectateur pourrait dire “ça fait très Caravage”. 

(c) Jeytall
(c) Jeytall

Quel est ton plus beau souvenir de photographie ?

Le plus beau… C’est celui qui n’est pas prévu ! Décembre 2018, un message Instagram : « Je suis le directeur de la villa Noailles, un ami m’a montré ton travail, j’adore et je te veux (si tu es d’accord aussi) sur la prochaine expo. Viens ici, faisons ce que tu veux et exposons-le ! » C’était fort. Me voilà un 4 janvier avec Jean-Pierre Blanc (le directeur), Benjamin, mon modèle (avec qui j’avais fait une session quelques mois plus tôt) et mon vieil Olympus dans la villa, dans le jardin, sur le toit, dans la piscine (qui est vide depuis de longues années). J’ai pu faire 9 pellicules (de mémoire) de 36 poses en 24 heures. C’était fou. Au final, mon travail a été utilisé pour l’affiche de l’exposition (Love My Way), le drapeau à l’entrée de l’exposition, la couverture du catalogue T.rois ou quatre photos ont aussi été exposées à côté d’autres photographes prometteurs et confirmés. C’était génial.

(c) Jeytall

Tu as des projets ?

Je n’arrive jamais à faire ce à quoi j’ai pensé. Il se passe toujours des choses qui ne sont pas prévues. C’est bien comme ça. Pendant le confinement, j’ai réalisé des sessions photos depuis mon appartement grâce à la visio de Whatsapp. J’en ai fait un livre numéroté à 100 exemplaires qui a plu et qui reste disponible pour ceux que ça intéresse. Je dois aussi en déposer à la libraire Les Mots à la bouche qui souhaite en avoir dès que possible. J’espère également réaliser une expo de cette série dès que l’on pourra se voir sans masques et sans psychose ! J’aurais du mal à imaginer un RDV masqué et à ne pas voir les expressions de chaque visage. Et si quelqu’un a envie de m’exposer dans sa galerie, alors j’aurai un gros projet à annoncer et j’en serai ravi. 

(c) Jeytall

Vous pouvez suivre et retrouver le travail de Jeytall sur Instagram ou sur son site jeytall.book.fr

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