Michel Legrand comme vous ne l’avez peut-être jamais écouté….

Michel Legrand nous a quittés il y a tout juste 1 an, le 26 janvier 2019. Ses musiques aussi joyeuses que mélancoliques ont fait danser l’amour sous toutes ses formes en faisant souvent fi des conventions d’époque. Il a bien sûr été inspiré par Jacques Demy, son éternel complice à l’univers très queer, mais aussi par d’autres artistes qui l’ont fait voyager de Paris à LA. Retour sur 7 chansons ou bandes originales où la transgression est savamment orchestrée.

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1 – Moi, Lolita : “La chanson de Lola” – Lola, Jacques Demy (1961)

Remplaçant au pied levé Quincy Jones, Michel Legrand débute sa collaboration avec Jacques Demy en composant la BO de son film Lola. L’héroïne, interprétée par Anouk Aimée, est une entraîneuse qui attend le retour de son grand amour en vivant de de ses charmes dans un cabaret nantais où viennent se ressourcer de jolis marins américains. La chanson-titre (dont les paroles signées Agnès Varda) peut être vue comme un hymne joyeux des entraîneuses d’antan…

2 – Elle a fait un bébé toute seule : “Je ne pourrai jamais vivre sans toi” – Les Parapluies de Cherbourg, Jacques Demy (1963)

Derrière son côté romantique et coloré, Les Parapluies de Cherbourg n’en cache pas moins la cruauté d’une dure réalité. Celle de la guerre d’Algérie d’abord, qui vole à Geneviève (Catherine Deneuve) son beau garagiste ; celle ensuite de la pression sociale quand Geneviève se découvre enceinte (alors qu’elle n’est pas mariée) et qu’elle finit par épouser un autre homme sur la pression de sa mère. Et oui, dans les années 1960, il n’était pas bon d’être fille-mère et même les promesses d’amour à la “Je ne pourrai jamais vivre sans toi” résistaient rarement au qu’en-dira-t-on…

3- Tu seras viril mon fils : “La Chanson de Simon” – Les Demoiselles de Rochefort, Jacques Demy (1967)

Dans les rues rose bonbon de Rochefort, les marins font de très bons amants et les garçons forains dansent main dans la main. On se croirait presque dans une photo de Pierre et Gilles. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est surtout Simon Dame (Michel Piccoli), le marchand de musique, qui a peut-être le patronyme le plus queer et le moins viril de l’histoire du cinéma français. “Ma fiancée trouvait mon nom très ridicule (…) Elle refusait le nom de Madame Dame” s’attriste-t-il devant son vieux pote Andy (Gene Kelly). Confusion des genres quand tu nous tiens…

4 – Daddy cool : “Conseils de la fée des lilas” – Peau d’Âne, Jacques Demy (1970)

Depuis Peau d’Âne, et la célèbre chanson de la Fée des lilas, on sait qu’il ne faut pas épouser son papa biologique. Soit. Mais l’histoire ne dit pas qu’il est interdit d’aller draguer des daddies dans les bars… Alors, on ne va pas se gêner ! “Amour, amour, je t’aime tant…”.

5 – Mrs Robinson : “The Summer Knows” – Un Eté 42, Robert Mulligan (1971)

Un été 42, c’est l’amour façon Blé en herbe. Telle une Dalida qui venait d’avoir deux fois dix-huit ans, une femme dont le mari est parti à la guerre s’amourache d’un ado timide de quinze ans. Il en résulte une romance aussi douce que sulfureuse immortalisée par une chanson au parfum d’été.


6 – Sans contrefaçon : “The Way He Makes Me Feel” – Yentl, Barbra Streisand (1983)

Comédie musicale queer et féministe, Yentl marque le sommet de la carrière de Barbra Streisand au cinéma. Quelques années après avoir mis en musique la grossesse de Marcello Mastroianni dans L’événement le plus important…., Michel Legrand renoue avec la confusion des genres et signe l’une de ses plus belles partitions. Dans ce film sooo gay, Barbra incarne une jeune femme juive qui, à la mort de son père, se travestit en homme pour pouvoir étudier. Et bien entendu, les choses se compliquent lorsqu’elle tombe amoureuse d’un garçon incarné par Mandy Patinkin. Et on la comprend. À nous-aussi, Mandy fait beaucoup d’effets.

7 – To bi or not to bi : “Entre vous deux” – Parking, Jacques Demy (1985)

Cette adaptation moderne du mythe d’Orphée est tellement ratée qu’elle en devient attachante pour peu que l’on occulte l’hystérie de Francis Huster. Surtout, pour la première fois chez Demy (et dans la musique de Legrand), il est question ouvertement de bisexualité. En effet, le personnage principal est partagé entre son amour pour Eurydice et pour son ingénieur du son. Il l’exprime au détour d’une ballade dont les paroles parlent d’elles-mêmes : “Entre vous deux mon coeur, entre vous deux mon coeur balance….

Crédit : Shutterstock – Mykhailo Koifman

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