À Saint-Étienne, le festival de cinéma LGBT “Face à Face” fête sa 15e édition

Quatorze ans après sa première édition, Face à Face ne connaît pas de crise d’adolescence mais propose au contraire une offre de films variée, reflet de la diversité du cinéma LGBT actuel.

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Qui aurait imaginé en 2005 que Face à Face serait toujours là, quinze éditions plus tard ? À l’époque, il n’existait qu’un seul autre festival de cinéma LGBT dans la région Rhône-Alpes, Vues d’en face, créé à Grenoble en 2002. Depuis, le rendez-vous annuel stéphanois a accueilli une flopée de réalisateurs et réalisatrices (Gaël Morel, Christophe Honoré, Françoise Romand, Louis Dupont, Alain Guiraudie, Pascal-Alex Vincent, Olga Stolpovskaya…), de spectacles (Angels in America, la pièce culte de Tony Kushner sur les premières années du sida à New York, ou, sur un ton beaucoup plus léger, l’excellent La Lesbienne invisible) et de militants (Louis-Georges Tin, Yoann Lemaire…). Pour fêter cet anniversaire, l’équipe organisatrice du festival, qui compte une dizaine de membres, a programmé pas moins de neuf films, du 26 novembre au 1er décembre, auxquels il faut ajouter trois autres projetés “hors les murs” dans les environs de Saint-Étienne dans les semaines qui précèdent.

Alors, que voir durant cette quinzième édition ? Il y a bien sûr le dernier film du duo Ducastel et Martineau, Haut perchés, ce “Cluedo du désir” dont nous vous disions le plus grand bien il y a déjà trois mois. Mais aussi une nouvelle illustration de la vigueur et de l’inventivité du cinéma queer brésilien à l’ère du très homophobe et raciste président Bolsonaro : Socrates, portrait sensible d’un ado gay de la banlieue de São Paulo livré à lui-même. Ou encore Mamma + Mamma, film italien sur un couple lesbien qui se rend à Barcelone pour une PMA : un thème qui résonne parfaitement avec des problématiques très actuelles de ce côté-ci des Alpes également. Sans oublier Lola vers la mer, dans lequel Benoît Magimel joue le père d’une jeune fille qui souhaite effectuer une transition de genre (un rôle joué, c’est suffisamment rare pour être salué, par une actrice elle-même trans). Et comme il n’est jamais inutile de réviser ses classiques, on pourra aussi revoir nos copines délurées de Priscilla, folle du désert, juste avant d’aller guincher à la soirée officielle du festival, vendredi 29 octobre au Disorder Club.

Mais ce qui fait la spécificité de Face à Face depuis tant d’années, c’est sa “Nuit du court-métrage LGBT”. Peu de festivals proposent en effet une telle programmation dans ce domaine. Samedi 30 novembre, ce ne sont pas moins de 18 petits films que devront départager le public et le jury, présidé par Océan (dont on pourra voir le lendemain la mini-série en dix épisodes qui suit sa transition). Autre temps fort : le spectacle Atomic man, chant d’amour, à la Comédie de Saint-Étienne vendredi 29 novembre. Un “conte noir” dans lequel sept comédiennes interprètent un adolescent aux prises avec sa propre virilité.

Si la majorité des séances se déroulera au cinéma Le Méliès Saint-François, Face à face a noué depuis longtemps des partenariats avec d’autres salles stéphanoises, dont la Cinémathèque de Saint-Étienne. C’est ainsi que celle-ci accueillera, du 20 au 22 novembre, un mini-cycle sur le thème du sida. Au programme : deux documentaires sur les origines et l’histoire de l’épidémie (Sida, une histoire coloniale et Sida, la guerre de trente ans) ainsi que le déjà culte 120 battements par minute.

Peu disposée à se reposer sur ses lauriers, l’équipe de Face à face a souhaité innover cette année avec deux nouveautés de taille. La première, c’est un “cinescape game”, samedi 30 novembre à 10h au Méliès Jean Jaurès, durant lequel les participants devront résoudre en équipes de cinq ou six personnes des énigmes liées au cinéma LGBT pour espérer s’échapper… La seconde, c’est un stand de réalité virtuelle, installé au Méliès Saint-François les après-midis du samedi et du dimanche, et qui permettra de s’immerger dans deux courts-métrages : Mindpalace, dans lequel un homme enferme dans son esprit son compagnon avec lequel il n’arrive plus à communiquer, et Made This Way: Redefining Masculinity, composé des témoignages de trois hommes trans qui proposent au spectateur de faire “l’expérience viscérale d’une masculinité fluide”.

On le voit, c’est une programmation riche et variée que propose Face à face pour cette quinzième édition. Mais ce n’est pas la seule touche de rainbow dans la cité stéphanoise. Outre deux saunas (Le Mykonos et Le Double Side), un bar (Le Before) et au moins un restaurant friendly (Le Petit Helder), la préfecture de la Loire compte aussi des associations très actives, à l’instar de Démineurs, réputée pour l’excellence de ses soirées queers, safes et inclusives. Bref, plus que jamais : allez les Verts !

Festival “Face à Face
Du 26 novembre au 1er décembre
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