Texia Slater (Les Folles de Paris) : « Celui qui dit que la nuit se meurt en France devrait sortir un peu plus ».

A l’heure où les drag-queens semblent pousser à Paris comme des champignons après une saison bien humide, Texia Slater fait figure de vétérante. Cela ne l’empêche pas d’être plus fringante que jamais et de revenir en cette rentrée pour une nouvelle saison du spectacle “Les Folles de Paris”, qu’elle anime avec sa complice Gyzel Schatzi aux restaurants Le Ju’ et au Tata Burger. Elle s’est prêtée au jeu de notre interview « On déshabille la nuit ».

Publié le

Qu’est-ce qui t’a poussé vers le drag ?

J’ai toujours été artiste. Déjà, au collège, j’avais les clefs du théâtre. J’y organisais des spectacles où nous imitions les stars du moment avec mes copains et copines de classe, comme les Spice Girls ou les Nkotb. Quand je me suis enfui de chez moi à 15 ans et demi et que je suis arrivé Paris, j’ai eu la bonne idée d’aller dans les endroits où il y avait des drag-queens. J’étais en extase devant elles, je savais que c’était cela que je voulais faire de ma vie, être sur les podiums. C’est là que j’ai rencontré Miss Sue, Vanina Chupa, Mona Lisa, Thanee, Lady Mongola… Les premières stars de Paris. Elles m’ont donné des conseils, et je me suis entrainée pendant très longtemps à sortir tous les soirs en Drag, car en 1997 y avait pas de Youtube ou de RuPaul’s Drag Race pour tout savoir en 5min. Cette expérience m’a conforté dans mon choix d’être un artiste. De fil en aiguille, de talons en perruques, j’en suis là aujourd’hui.

Comment est né le concept des Folles de Paris ?

L’idée m’est venue alors que j’étais en plein brainstorming pour trouver un nom de troupe car je ne voulais plus bosser dans celle des autres et être dépendant. J’ai pensé à une célèbre troupe en Belgique qui s’appelle Les Folles de Gand, et Les Folles de Paris sont nées. Je me suis entourée d’artistes fabuleux dès le début et cela a payé car nous avons eu beaucoup de dates en province. Après une pause de 2 ans suite à une décision personnelle, j’ai décidé de relancer ce projet avec de tous nouveaux artistes en juin 2018 et une petite résidence au Sly Bar de 5 mois, suivi d’une résidence au Ju’ un jeudi par mois et au Tata Burger un dimanche par mois. Nous venons de re-signer pour une nouvelle saison avec ces 2 établissements jusqu’en juin 2020. Sans oublier le lancement de notre nouveau projet : Drag Academy, un concours au concept encore jamais vu à Paris, toutes les infos sur www.dragacademy.fr

A quoi peuvent s’attendre celles et ceux qui assistent à votre show ?

Ils vont en prendre pleins les yeux car nous mettons un point d’honneur aux costumes, aux coiffures et bien sûr à nos playbacks, qui sont la chose le plus importante dans un spectacle transformiste. Ensuite ils vont en prendre plein les oreilles car nous avons une animation au micro qui fait fureur et ce grâce à la verve incroyable de Gyzel, qui adore interagir avec le public en le piquant là ou il faut pour faire éclater de rire la salle toute entière. Les Folles de Paris c’est l’humour, la passion et la dérision, sans oublier les plumes, le strass et les paillettes car notre spectacle est digne d’un grand cabaret parisien, mais nous aimons être itinérantes pour faire rêver un maximum de gens.

Comment vous répartissez vous les rôles avec Gyzel ?

Gyzel est une chorégraphe hors pair, c’est elle qui nous fait suer en répétition. Elle créée aussi des montages audios. Elle est enfin en charge des animations micro, elle adoooore ça. Donnez lui un tabouret, un micro et une coupe de champagne et c’est parti pour le show ! Pour ma part, je décide des chansons. J’ai une bibliothèque assez conséquente de musiques cabarets rares, des chansons comiques et des numéros de groupe encore vus nulle part ailleurs. Etant infographiste, c’est moi qui crée toutes les affiches, le site internet et tout ce qui touche à l’image de la troupe.

Peux-tu nous parler des différentes invitées que vous allez accueillir en cette fin d’année ?

Pour cette nouvelle saison, nous avons voulu marqué le coup et nous renouveler. La saison passée nous étions 4, Mikaela Marylin et Lola Le Quetzal nous accompagnaient de façon régulière mais on tournait un peu en rond. A présent, à chaque soirée, il y aura une guest différente, avec son univers. Nous aurons notamment Jerrie FK – la grande gagnante de Talent Capitale 2019-, mais aussi Icee Drag On, une date spéciale avec nos deux merveilleux danseurs Lolito et Brayan, et une date exceptionnelle avec la grande Fenix du Fenix Show.

Quel est ton premier souvenir de clubbing gay ?

Je suis né et j’ai grandi en tant que Drag au Scorp (NDLR : une célèbre boîte gay des Grands Boulevards qui a fermé au milieu des années 2000). Mon QG tous les soirs pendant des années. J’y ai même fait Dame-Pipi ! Ensuite, j’ai vite découvert les soirées Follivores qui, pour moi, sont l’endroit incontournable pour faire la fête sans se prendre au sérieux. Dans ma carrière j’ai beaucoup bossé en soirée clubbing à travers la France et la Belgique mais cela ne m’intéresse plus vraiment. A moins d’un super concept et de bonnes conditions de travail…

Que t’inspire l’état de la nuit gay en France actuellement ?

Je vois à travers Facebook que ça marche encore plutôt bien. Même à Paris, les projets fleurissent et les gens ont vraiment envie de sortir de chez eux pour s’amuser. Je le vois bien lors de mes soirées. Alors celui qui dit que la nuit en France se meurt, devrait sortir un peu plus.

Comment vois-tu l’évolution du clubbing gay/queer dans les années à venir ?

Tu m’aurais posé cette question il y a encore 3 ou 4 ans, je t’aurais dit que j’adorerais voir des soirées partout avec des drags. Maintenant c’est le cas et mon seul souhait est que ça continue encore et encore car nous sommes très très nombreuses et il y a une place pour chacune. Si vous lisez ces lignes et que vous avez une idée de soirée en tête, foncez ! Et bien sur, faites bosser des drags, C’est souvent leur seul moyen de revenus.

Dernière question, puisque la rubrique s’appelle “On déshabille la nuit”, tu dors plutôt nu.e ou habillé.e ?

Les seules fois où je me suis réveillée habillée dans mon lit, c’est quand je suis rentré trop bourrée ! (rires)

Les Folles de Paris – La Folle rentrée, dimanche 15 septembre au Tata Burger

Les Folles de Paris, jeudi 19 septembre au Ju’

Tu en veux encore ?