« L’Effet veuf » (Netflix) : un film aussi drôle que bouleversant
C’est le film qui bouleverse la toile en ce début d’année. Réalisé, produit et même interprété par Dan Levy, l’excellent David Rose de la série « Bienvenue à Schitt’s Creek », « L’Effet veuf » vous touchera énormément pour son propos, mais vous interpellera aussi…
Marc (Dan Levy) affronte la mort brutale de son mari (Luke Evans) et voit sa vie complètement bouleversée. Il part alors pour un séjour à Paris avec ses deux meilleurs amis…
Sur le papier, L’Effet veuf (The Good Grief en VO) a tout de la comédie romantique américaine tire-larmes. Sauf que c’est un pur produit Dan Levy, acteur et réalisateur canadien, véritable star de la télévision outre-atlantique. Dès les premières minutes, on sent la patte du co-créateur (avec son père) de Bienvenue à Schitt’s Creek. Tout y est, un casting de haute volée, des dialogues tranchants et drôles, et un scénario, on ne peut plus surprenant. Et là où on aurait dû se laisser porter par l’intrigue, Dan Levy nous envoie un « Et vous ? Comment réagiriez-vous à ma place ? » qui arrive tel un uppercut. Oui, parce que le film interpelle.
Jock ne vous dévoilera pas le switch du scénario, mais rien n’est jamais simple chez cet auteur. Tourné en majeur partie dans les rues de la capitale (on n’est jamais vraiment très loin d’Emily in Paris !), le film vous fera déambuler dans l’esprit torturé de quelqu’un qui vient de perdre son amour. Le plus plaisant dans L’Effet veuf, au final, c’est que ne se sent jamais voyeur du drame que vit le personnage joué par Dan Levy. Ce film reste aussi une comédie.
Perdre son amour…
À aucun moment, le film ne fait l’impasse sur la douleur de Marc. On la vit avec lui, comme spectateur d’abord, puis petit à petit, on ressent ce sentiment d’injustice que peut être la perte d’un très proche. Dans une interview, Dan Levy a dit avoir puisé dans des souvenirs douloureux (le décès de sa grand-mère notamment) pour écrire le scénario. « Je voulais parler du fait de trouver une famille, d’être soutenu, a-t-il dit dans une interview promo. J’espère que le public va se reconnaître dans ce récit. »
Même lorsque le personnage de Marc rencontre Théo, interprété par notre Arnaud Valois national, on perçoit indiciblement la gêne et la retenue que le deuil impose. Et puis, il y a ce constat horrible qu’un deuil doit être fait absolument. Il ne faut surtout pas l’éviter. L’agent de Marc lui dit justement dans le film : « Éviter le chagrin, c’est aussi éviter l’amour… » Absolument vrai.
Ça reste une comédie
On pourrait imaginer que L’Effet veuf est un peu plombant quand on regarde le thème central du film. Mais on rit aussi beaucoup. Un humour presque libératoire, porté par des interprètes jouissifs comme Ruth Negga qui joue Sophie, la bonne copine hétéro à qui arrive toutes les mésaventures possibles mais qui reste d’humeur égale. Elle assène au personnage de Marc des vérités froides qui, finalement, détendent l’atmosphère quelquefois très pesante. On pourrait faire une comédie entière autour des histoires de cœur de Sophie.
L’autre ami de Marc qui va l’accompagner avec Sophie à Paris est Thomas, joué par Himesh Patel. Il est l’anti-Sophie, le cartésien, celui qui ramène tout le monde à la réalité. Mais qui souvent se plante. Ce qui a le don de faire éclater de rire le jeune veuf et son amie. Bref, le film aborde un aspect douloureux de la vie tout en gardant ce qui fait l’essence de la vie.
Comment survivre à la mort ? En vivant, tout simplement.