Ciné : “Fin de siècle”, pour une nuit ou pour la vie

Premier long métrage de l’Argentin Lucio Castro, “Fin de siècle” a un charme fou. Il raconte la rencontre, à Barcelone, de Ocho et Javi, deux jeunes quadras très séduisants. Pour un moment. Ou peut-être plus…

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Quand on s’est connu / Quand on s’est reconnu / Pourquoi s’perdre de vue / Se reperdre de vue / Quand on s’est retrouvé / Quand on s’est réchauffé / Pourquoi se séparer ?

Il y a du Tourbillon de la vie, la chanson que fredonne Jeanne Moreau dans le Jules et Jim de Truffaut, dans ce premier long métrage argentin.

Se trouver, se perdre, se retrouver, se reconnaître, se réchauffer… : c’est ce qui arrive à Ocho et Javi, deux Argentins qui se croisent et se séduisent à Barcelone. Le premier, arrivé dans la ville la veille, a passé une journée à déambuler au fil des rues, et sa soirée à draguer sans succès sur une appli de rencontre. Le lendemain, il repère le second sur une plage, le revoit dans la rue avec son t-shirt Kiss, le suit… Ce qui devait arriver arrive, et Lucio Castro filme avec une belle sensualité l’urgence de cette rencontre sexuelle.

La ronde du temps

Si le film s’en tenait à cela et continuait sur sa lancée, ce serait une charmante romance portée par le charme de ses deux comédiens. Pourtant, alors qu’on ne s’y attend pas, Fin de siècle bifurque tout à coup, et nous entraîne sur d’autres chemins moins fréquentés. Alors qu’ils boivent un verre sur la terrasse du airbnb où loge Javi, les deux jeunes hommes se rendent compte qu’ils se sont déjà vus et aimés, ailleurs, il y a longtemps. Vingt ans. Et voilà que le présent et le passé s’entremêlent, que des souvenirs ressurgissent, que des hypothèses apparaissent : et si ils ne s’étaient pas quittés à l’époque, au temps où le sida rôdait, que serait devenue leur vie ? Leurs retrouvailles seront-elles à nouveau celles d’un instant de plaisir partagé, ou marqueront-elles le début d’autre chose ?

Lucio Castro nous égare habilement sur ces sentiers multiples, s’amusant à nous perdre entre hier et aujourd’hui, réalité et fiction, jeu de pistes qui lui permet d’évoquer de nombreux thèmes des vies LGBTQI et leurs évolutions durant ces vingt années : le sida donc, mais aussi l’idée du couple, les modes de drague, la parentalité…

Plaisir charnel

Parmi les grandes réussites de Fin de siècle, il y a également la manière dont son réalisateur réussit à filmer les corps de ses deux comédiens de façon terriblement charnelle et à faire ressentir le désir irrésistible dont ils sont les proies, entre pulsion et douceur. L’alchimie entre Juan Barberini (Ocho) et Ramon Pujol (Javi) est palpable et sature l’écran, et c’est peu dire qu’on succombe sans mal à leur charme, comme à celui de ce film assez hors normes, chouchou à juste titre de nombreuses sélections de festivals LGBT à travers le monde.

Fin de siècle, de Lucio Castro, avec Juan Barberini, Ramon Pujol… En salles le 23 septembre.

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