Henry Falco, le photographe fetish, magicien de la lumière…

Alors qu’une exposition à Paris dévoile une partie de son travail, le photographe, Henry Falco revient pour Jock sur son histoire et son amour pour le fetish. Univers dans lequel il puise toute son inspiration, entre respect et passion indéfectible…

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Tu as une exposition, Fetish life jusqu’au 25 juillet au Oneway à Paris. Que raconte-elle ?

Cette exposition clôture une série sur la thématique « Fetish Life ». L’idée était de partager ma vision et mon parcours dans l’univers Fetish lors de 7 expositions dans différents lieux au cours des 7 derniers mois. Chacune présente des visions différentes de ce que vivent les membres de la communauté fetish. J’ai adapté le choix des œuvres à la clientèle des lieux. Au centre LGBTQI+ de Paris, par exemple, j’ai présenté des œuvres très « soft » pour des personnes qui ne connaissaient pas forcément le fetish, mais qui souhaitaient le découvrir et mieux le comprendre. Selon moi, il est important que les différentes communautés LGBTQI+ apprennent à se connaitre, afin d’éviter les stigmatisations.

Comment as-tu découvert le monde du fetish ?

Depuis l’âge de 18 ans, je suis très actif dans la communauté LGBTQI+. J’ai collaboré avec de nombreux magazines gay et fetish et, à l’occasion d’événements, j’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes qui vivent leurs fétichismes. Ces rencontres ont réveillé en moi les émotions ressenties devant les tenues sportives, les tenues de plongée et le cuir des motards. Je faisais déjà beaucoup de portraits « casual » avec une attention toute particulière sur les regards, j’ai donc tout naturellement décliné ces clichés dans l’univers fetish. Je suis très rapidement devenu “multi-fetishs”. Cet univers est pour moi une source d’inspiration, de fantasmes intarissables où la créativité n’a plus de limites. 

Comment trouves-tu tes modèles ?

Je fonctionne beaucoup aux émotions. Je travaille uniquement avec des personnes rencontrées lors d’événements ou de soirées privées, qui amènent leurs propres tenues et accessoires fetish. C’est très important pour mieux transmettre ce qu’ils dégagent.

Comment construis-tu les histoires de tes photos ? Quelle part laisses-tu à l’improvisation ou aux envies des modèles ?

Mes photos se nourrissent de mes fantasmes et de mon ressenti. En amont de chaque shooting, je discute longuement avec mes modèles. Je souhaite que les poses, les attitudes paraissent réelles et correspondent aux codes du fetish. Mes séances photo se déroulent toujours de façon très zen. Je demande toujours aux modèles quelles sont leurs envies du moment. Le résultat de quelques-unes de ces improvisations est parfois bluffant !

Dans tes photos, tu peux passer de l’ambiance très lumineuse de l’univers outdoor au côté sombre des sexclubs ou des caves ? En quoi la lumière fait-elle partie de l’histoire de tes photographies ?

Pour transmettre au mieux l’univers fetish qui se déroule tantôt en surface et parfois en sous-sol, je joue beaucoup avec les différents éclairages et les modes de prise de vue. Notre communauté est très diverse : du cuir, du latex, du Lycra, du néoprène, des uniformes, les sportswears et les puppies. Chacune à ses tenues, ses codes et ses accessoires. Ma maitrise des techniques photographiques et de l’éclairage me permet d’obtenir des rendus qui les valorisent au mieux.

Il y a quelque chose de très doux dans ton travail qui pourtant touche à un domaine qui peut être très hard. Comment y arrives-tu ?

Je fais tout pour mettre à l’aise les personnes, surtout si elles n’ont pas l’habitude des shootings. Je commence, par exemple, en les photographiant dans la tenue qu’elles portent en arrivant. Puis, je leurs demande de choisir parmi les vêtements qu’elles ont amenés, ceux dans lesquels elles se sentent le plus à l’aise. Pour les poses, je suis le moins directif possible. Mais si c’est nécessaire, je peux vite reprendre la main. Je suis un hyperactif, mes modèles sont toujours fatigués avant moi (rires). La bonne ambiance qui règne lors de mes séances se retrouve tout naturellement dans le résultat final.

Quel est ton plus beau souvenir de photographie ?

Un client m’avait dit « Je n’aime pas mes photos, je ne me trouve pas bien dessus, je ne suis pas photogénique… ». Il m’avait montré plusieurs photos d’anciens shootings qu’il considérait comme de mauvaises expériences. Mais finalement, lors de notre séance, je suis arrivé à lui faire lâcher prise, à le mettre en totale confiance. Quand il a vu le résultat, il m’a dit : « Merci, c’est la première fois que je me trouve bien sur des photos et je vais les partager ». J’étais vraiment ému et satisfait de le voir heureux. Depuis, je l’ai revu avec son compagnon pour une séance couple avec la même satisfaction.

Vous pouvez retrouver le travail d’Henry Falco sur son site et sur Instagram
Exposition Fetish Life jusqu’au 25 juillet, au Bar le Oneway, 28 rue charlot (75003 Paris), tous les jours à partir de 17h00.

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