Mon mec ne fait rien Ă  la maison… Comment le faire changer ?

Il est adorable, posĂ© sur le canapĂ©, dĂ©tendu dans son sweat-shirt molletonnĂ©. Vous venez de lui apporter un lait d’amande au chocolat noir, il vous sourit, superbe et content. Seul souci, le petit chĂ©ri ne bouge pas une tasse. Dressage ou dialogue ? On tente de vous aider.

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Dans notre couple, ne ferait-on pas un peu comme nos parents ? « On a au moins une image de ce qu’on voudrait faire ou pas et parfois un avis. Pour se construire, on se dit, pour ça je veux faire comme mes parents et pour ça je ferai l’inverse » temporise Nancy Bihari Andersson, psychologue clinicienne en charge de l’équipe françaises des psys de l’appli Mindler. Spécialiste des thérapies de couple, la thérapeute remarque que souvent, quand un duo la consulte, l’un des deux en a marre. Nancy ne fait pas distinction entre un couple de même sexe ou un couple hétéro. Chez les hétéros, 70% des charges du quotidien sont portées par les femmes. « C’est souvent corrélé à qui gagne le plus, qui travaille le plus, ou qui a le plus de temps de transport pour aller au boulot » ajoute-t-elle. Et ça ne pose pas toujours un problème. « Sauf si l’un des deux ne s’épanouit pas. Dans ce cas, que fait-on pour avancer avec ça, comment trouve-t-on un nouveau d’entente ? »

Du constat à la négociation

Oui, un compagnon qui maîtrise l’art de fuir quand il passe devant le lave-linge sans le vider, qui ne sait pas quoi acheter au supermarché, (« Allo, je suis chez Franprix, je te prends quoi pour le dîner ? » ) peut devenir pesant. Peut-on pour autant parler de charge mentale ? « Historiquement, cette notion venait du monde professionnel, on a élargi la notion aux tâches domestiques et éducatives. Certains célibataires, des personnes en couple avec ou sans enfants peuvent se sentir débordés, ont trop de choses à gérer. » Comme le rappelle Nancy, un couple est censé être plein d’amour :« L’autre ne s’en tape pas de voir son amoureux souffrir. » La question est simple : « Je t’aime, tu m’aimes, je souffre. Comment fait-on ensemble pour réduire ma souffrance, en équipe, trouvons des solutions ? » 

Nancy cite Gary Chapman, conseiller conjugal américain et auteur du best-seller international, Les 5 langages de l’amour. Ce livre est sous-titré « les actes qui disent je t’aime ». Face à un chéri qui dévore vos clafoutis et porte bien les chemises que vous lui repassez, il ne manque pas d’intérêt : « Un des 5 langages concerne les services rendus : c’est une preuve d’amour certes, mais comment les rendre sans me laisser bouffer ? Lui dire par exemple, que s’il fait la vaisselle, il vous montre qu’il vous aime. Vous pourrez faire autre chose pendant ce temps-là et ensuite, vous poser à deux. » 

Pour ne pas ressembler au papa qui demande au fiston de ranger sa chambre, on observe comment dans la couple, chacun a adopté un rôle, au fil des mois : la princesse, le patron, l’homme de ménages, le serviteur. Et se rappeler que l’autre ne peut pas tout deviner : « Souvent, ces objectifs n’ont pas été discutés dans le couple. Est-ce qu’on fait le lit ou pas, à quel moment, est-ce important pour l’autre ou pas ? Ce fameux mot de compromis cache l’idée de faire des efforts, de dire à l’autre qu’on s’adapte à lui pour qu’on vive heureux ensemble. » Pas assez sexy, comme sujet de conversation ? Nancy recadre : « Il y a la spontanéité et la réalité. Quand on fait l’amour au début, on demande à l’autre si ça lui plaît. Pour la maison, on fait pareil. » 

Un ajustement permanent

On a bien sûr demandé à Nancy, consultée via son appli par des gays de toutes régions, si le vrai partage des tâches existe, ou si c’est un mythe : « Je vois des couples qui partagent avec une idée d’équilibre, ils réajustent régulièrement, quand l’un ou l’autre a plus de temps, change de poste ou d’activités par exemple.» Croire que l’on va menacer un équilibre est donc une erreur. «Oui, on bouscule, mais plein de couple s’ennuient, on peut bousculer et voir ce qui se passe. Si on n’est pas heureux, ça vaut le coup de tenter un changement, pour augmenter la qualité de vie. Souvent, c’est l’occasion de découvrir que l’autre ignorait que nous étions dérangé. » Ce qui doit alerter, c’est « la notion d’épuisement, le fait d’être saturé, de perdre sa lucidité ou le plaisir de faire les choses. » Quand quelque chose de pas super compliqué vous apparaît comme une montagne. La psy précise : « Vous percevez le contraste entre vous avant et vous maintenant, votre conjoint vous fait remarquer que vous avez changé, que vous vous énervez. »

On s’emploie alors à entrer dans une zone pas facile à explorer, celle du dialogue pour négocier, sans s’engueuler. La demande de thérapie, si elle survient, ne concerne pas forcément le couple : « La thérapie de couple est intéressante quand le couple est dans une impasse, avec de grosses difficultés à communiquer. Quand la charge mentale vous épuise, demandez-vous d’abord si vous voulez entamer une thérapie en solo, pour apprendre à vous comprendre, à vous exprimer. Pour voir les choses de façon posée et réfléchir à la situation lors d’un moment pour vous. » La pandémie a parfois fait effondrer nos mécanismes de défense et bouleversé nos repères. Si les demandes de consultation psy ont explosé, c’est le signe que la parole peut nous emmener sur le chemin du mieux-être, avec un peu plus de temps pour des plaisirs choisis, partagés ou non. 

Tu en veux encore ?