Éric Faussabry, le photographe qui fait parler les yeux…
Photographe amateur à Paris, Éric Faussabry s’est spécialisé dans le portrait et le nu masculin. Il puise dans l’intimité de ses modèles l’émotion qui le fait vibrer. Dans le regard surtout. Avec lui, les yeux disent des choses…
Comment se construit ton inspiration ? L’idée de la photo est-elle préalable à la rencontre avec le modèle ou le modèle crée-t -il l’idée ?
J’aime l’idée de construire le shooting, de faire les photos au feeling, au fur et à mesure, avec le modèle. Je laisse une grande part à l’improvisation. Je cherche surtout à créer une ambiance qui soit naturelle et détendue où le modèle sera à l’aise. Je discute beaucoup avec le futur modèle avant de le photographier, histoire de connaître son univers, ses goûts, ses envies mais aussi ses réticences, ses limites. Cette étape est très importante pour moi car elle permet de créer un rapport de confiance. Si je peux rencontrer le modèle avant le shooting, c’est encore mieux car cela va lever les doutes et les réserves qui peuvent exister.
Tu photographies beaucoup en intérieur. Les modèles semblent être pris sur le vif, dans leur intimité. Quel est ton rapport à l’intimité ?
Effectivement, je photographie beaucoup en intérieur. Que ce soit chez le modèle, dans une chambre d’hôtel louée pour l’occasion ou encore chez moi, dans mon petit studio. L’espace clos permet de créer une ambiance d’intimité qui correspond bien à mon goût pour des photos naturelles.
L’intimité permet de saisir des émotions, des instants simples et doux où le modèle s’expose sans ostentation. Les prises de vue en extérieur (que j’aimerais bien développer un peu plus) sont plus l’occasion de montrer que nous faisons partie d’un ensemble plus vaste. Le corps n’est plus le sujet central mais un élément qui s’imbrique dans un espace.
Comment choisis-tu tes modèles ?
Je ne crois pas avoir des critères de choix. Il faut bien sûr qu’il y ait un bon feeling avec le modèle. Je pense vraiment que la beauté est en chacun de nous. Il faut juste la mettre en lumière. J’aime le garçon qu’on croise dans la rue, dans le métro. Le garçon au quotidien, au naturel encore une fois. Il n’y a pas une beauté masculine. Elle est multiple, diverse. C’est ce que j’aime.
Comment abordes-tu le sujet de la nudité ?
Le plus simplement possible. Se mettre à nu devant un photographe n’est pas une chose facile pour un modèle, surtout s’il s’agit d’une première fois. Je ne l’impose pas. Jamais. Il faut que cette démarche vienne du modèle sinon cela ne fonctionne pas. Mais lorsque sa décision est prise, j’accompagne. La nudité est un état naturel et de de liberté. Il faut qu’elle soit saisie ainsi dans les photographie.
Quelles parties du corps masculins t’inspirent le plus ? Pourquoi ?
D’abord et surtout les yeux. Le regard. C’est ce qui va m’embarquer. Ça peut être puissant et violent un regard. C’est par là que passent les émotions. Quand j’arrive à capter une émotion forte dans les yeux de mon modèle, j’ai tout gagné. J’aime aussi les fesses et ses courbes. Quand je pense à la lumière à poser sur un corps, je vois d’abord ce qu’elle donnera sur cette partie du corps.
Dans ton travail sur Instagram, beaucoup de tes modèles regardent l’objectif, comme s’ils nous parlaient avec leurs yeux. Cette communication non-verbale fait-elle partie de ce que tu recherches dans la photographie ? Pourquoi ?
Je pense que j’ai besoin de ce contact du regard direct lorsque je photographie. J’aime aussi à penser que ce regard franc est empreint de fierté de la part du modèle. La fierté d’avoir osé poser, la fierté de dire : moi aussi je peux le faire. C’est de l’émotion sans fard. Une sorte de défi peut être.
Quel est ton plus beau souvenir de photographie ?
C’est assurément celui d’une rencontre qui dépasse la photographie. Lorsqu’un shooting se transforme en une grande amitié. Une vraie et belle connexion. Ce souvenir s’appelle Kevin et c’est une des plus belles choses qui me soit tombée dessus. Grâce à la photographie.
As-tu des projets en cours ?
J’ai un projet qui court depuis longtemps sur ces garçons qui ont posé pour la première fois de leur vie. Ce sont des moments magiques parce qu’ils sont pleins d’émotion. J’aimerais que cela devienne une exposition couplée à une publication. Je travaille aussi sur une série de portraits liés au sport.