Pour la Pride, cette maman écrit une lettre pour son fils gay… et c’est magnifique

Comment s’est passé ton coming out avec ta maman ?

Mike Fédée : Je l’ai fait à 16 ans. Fou amoureux. Plus rien ne m’arrêtait. Et puis Maman avait aidé quelques étudiants à elle de plus de 20 ans à parler à leurs parents. Je ne sais pas à quoi je pensais en lui en parlant. Est-ce je me disais qu’elle allait bien le prendre vu qu’elle en a aidé d’autres et été à l’écoute sans jamais les juger ? Est-ce que je pensais qu’on allait parler de mon premier copain autour d’un thé ? Je ne sais plus trop. Tout ce que je peux affirmer aujourd’hui, c’est que sa réaction était au niveau de ma personnalité lors de mon coming-out : perdue.

Je suis loin d’avoir vécu un coming-out traumatisant. Jamais ma mère ne m’aurait rejeté et je n’avais pas peur de ça. Mais il lui a fallu faire son chemin pour comprendre ce qui lui faisait autant peur dans cette révélation. Je dis que je me considérais comme perdu dans ma personnalité car 5 ans plus tard, je l’ai annoncé à mon père (cette fois, j’avais eu le cœur brisé par un garçon, donc très loin du garçon amoureux que j’étais quand je l’ai annoncé à ma mère), et j’étais PRÊT. Mon discours n’était pas sur qui je suis mais sur la personne que mon père a aimée depuis sa naissance et aujourd’hui l’Homme que je suis, qui n’a pas changé juste parce qu’il lui dit qu’il aime un garçon. Et il a eu contre toute attente de ma part une attitude normale et inchangée.

2 – Qu’est-ce qui t’a donné l’idée de lui demander d’écrire cette lettre ?

Quand j’ai vu l’impact de notre vidéo avec ma mère (elle date de 5 ans) où elle exprime son cheminement vers l’acceptation et la découverte de ce qui lui faisait peur, j’ai voulu lui proposer d’écrire une lettre pour immortaliser le mois de la Pride. Dans ce fléau du rejet des parents de leur progéniture par rapport à leur sexualité , il est important de parler aux jeunes qui se retrouvent à la rue, de leur trouver un logement et leur permettre de continuer de se construire en toute sécurité.

Avec ces témoignages de ma mère en vidéo ou par écrit, je souhaite qu’un parent (même qu’un seul) qui a rejeté son enfant puisse être curieux de comprendre qu’il n’agit que par peur, et qu’il suffit d’un appel, d’un rendez-vous pour recoller les morceaux et dire à son enfant « je t’aime ». Je pense qu’il y a plus de parents qui souffrent d’écouter leur fierté que de connards sans cœur (oui s’il y en a, ce sont des connards !) Alors, comme pour l’enfant qui peut se construire grâce à un modèle, une parole, je me dis qu’un parent a besoin d’entendre un autre parent et le chemin qu’il a parcouru pour se reconnecter avec son enfant.

3 – Quelles ont été tes impressions quand tu l’as découverte ?

J’étais en mode : « oh waouw ! Je n’ai pas les mots. » Je savais ma mère capable d’autant de philosophie mais à ce point. Elle a choisi ses mots précautionneusement et je comprends encore plus désormais pourquoi je suis sans cesse plein d’espoir et positif. D’ailleurs, elle m’a confié que ça lui avait fait énormément de bien de l’écrire et elle espère que ça pourra aider des familles à se réunir ou mieux , à ne pas se séparer !

4 – En quoi ce témoignage d’amour est particulièrement important pour les LGBT qui vivent en Martinique ?

La peur, la phobie n’a pas de frontières. Les émotions ne sont pas plus ou moins fortes aux Antilles que dans l’Hexagone. La maman, le papa martiniquais.e qui reçoivent ce message sont tout autant capables de faire preuve d’amour et de résilience. Je parle bien sûr d’aujourd’hui… Car avec notre vidéo, certains hommes d’une autre génération que la mienne n’ont pas hésité à aborder ma mère au centre commercial pour lui dire que grâce à ses mots, ils avaient enfin pu parler à leur mère, leur permettant ainsi de n’avoir aucun regret en cas de décès de celle-ci… Une femme hétérosexuelle a eu son conflit familial réglé grâce à çà. Parce qu’au final, le vrai sujet est le rejet de son enfant, peu importe sa sexualité et sa religion. Et c’est là selon moi la force du message de maman… il peut toucher tous les cœurs, sans frontières, sans limites.

Voici la lettre écrite par Simone Fédée :

Message de cœur et de soutien à des êtres
Libres
Généreux
Beaux
Tendres
Quiets

Vous représentez le CHANGEMENT.
Tout EVOLUE et l’ INTIME et le RELATIONNEL n’y échappent pas.
Les qualités dites féminines chez les Hommes ou masculines chez les Femmes sont dénigrées. C est l’ IGNORANCE qui nourrit l’ INTOLERANCE.

L’école a failli dans sa mission D’ÉDUCATION sexuelle. L enseignement collégial ou universitaire aborde très rarement la réalité des orientations sexuelles avec des informations justes. Voilà pourquoi les jugements de valeur les plus éhontés, l’intolérance et les préjugés prennent le pas sur l’éducation.

Sensibiliser les jeunes et les inciter au respect de soi et des autres, à l’estime de soi aurait évité cette discrimination pratiquée à l’égard des êtres ayant
des désirs ou des comportements amoureux différents ou étrangers à la « norme ».
Ils se sentent ainsi bafoués dans leurs libertés et leurs droits.

Les revendications et les luttes pour contribuer à la convivialité humaine sont au stade embryonnaire, mais changer les mentalités c’est POSSIBLE.
L’esprit est comme un parachute pour qu’il fonctionne, il faut l’ouvrir.
Grâce à l’AMOUR que vous ressentez, vous vaincrez tous les préjugés. Vous êtes des visionnaires de ce CHANGEMENT. Et pareil au rocher que le vent le plus fort ne peut mouvoir , vous resterez insensibles à la calomnie.

C’est la PEUR de l’ AUTRE EN SOI c’est à dire de cette Femme qui sommeille en chaque Homme et de cet Homme qui dort en chaque Femme. Cette peur provoque la méfiance face au MECONNU, à L’INCONNU, au DIFFERENT de Soi.

L’AUTRE QUE MOI me gêne et entraîne les réactions agressives ou de rejets..d’où l homophobie.
LGBTQ+ , vous n’êtes ni des voyous ni des pervers ou débauchés ou asociaux.
Vous êtes courageux et : le courage n’est pas l’absence de peur mais la capacité à la vaincre , nous a enseigné Nelson MANDELA.
Alors soyez fiers de ce que vous représentez, ne doutez plus.

PARENTS, SOYEZ HEUREUX pour votre progéniture quelles que soient ses émotions, ses ressentis face à l AMOUR d un SEMBLABLE. Car être heureux suppose de passer par l’acceptation de SOI et des AUTRES et L’AMOUR DE SOI ET DES AUTRES.
ÊTRE HEUREUX veut dire s’être réalisé.
Et vous avez fait ce chemin….qui mène au bonheur d’être Soi….

Simone Fédée