Comment les clubs gays préparent-ils leur réouverture ?

Danser avec un masque, respecter une distanciation sociale, autant de consignes qu’on peut difficilement adapter au clubbing. Nous avons demandé à 3 acteurs de la nuit parisienne à quoi ressemblera le « clubbing d’après » : JB, gérant du Gibus, Rémy, directeur de À la folie et organisateur de la soirée Mustang, Hervé, aka Madame Hervé, tenancière du Tango.

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Comment préparez-vous le retour sur les dance-floors ?

JB, gérant du Gibus : Avec sérénité. La difficulté réside dans le fait de ne pas avoir de date précise de réouverture. Pour le reste nous préparons une programmation française voire parisienne.

Rémy, directeur de A la folie et organisateur de la soirée Mustang : Sagement en attendant le feu vert du gouvernement concernant l’ouverture des dance-floors.J’avoue que ça commence à nous démanger de danser, et de faire danser.

Hervé, aka Madame Hervé, tenancière du Tango : On attend, il y a tellement d’inconnu… Le scénario idéal est que tout va se calmer et qu’on va reprendre la vie des clubs comme avant…

La soirée Dalida, un rendez-vous mythique de la boîte gay parisienne Le Tango

Pensez-vous que les clubbeurs suivront les consignes si celles-ci sont trop drastiques (exemple : port du masque) ?

JB : Autant le gel hydro alcoolique ne pose aucune problème. Autant le port du masque et la distanciation sociale dans un club où les gens vont, pour se rencontrer, draguer, échanger et danser, est totalement impossible. Danser avec un masque, c’est comme faire l’amour sans sexe. Ça n’a pas de sens si ce n’est que de prendre le risque d’étouffement par le masque.

Rémy : Je pense que le port du masque, le concept de distanciation physique sont contraires aux fondamentaux du clubbing de manière générale. Si le gouvernement nous propose de rouvrir nos établissements avec de telles règles sanitaires, ça voudrait dire que le virus est toujours présent et qu’il y a encore un risque de contamination. Dans ce cas, nous n’ouvrirons pas. Protéger notre communauté est une chose qui nous tient à cœur. Même si nombreux sont celles et ceux qui sont en bonne santé, certains pourraient être vulnérables, nous ne prendrons aucun risque.

Danser avec un masque c’est comme faire l’amour sans sexe

Hervé : Le Tango a toujours été une discothèque un peu « répressive » : on ne monte pas sur les tables, on fait la chasse aux fumeurs, on a même interdit un moment aux clubbeurs de venir sur le dance-floor avec leur verre… Là, danser avec des masques, ce n’est tout simplement pas possible. C’est comme si on interdisait l’alcool !

Quels sont les prochains événements prévus dans vos établissements (si bien sûr, vous avez le feu vert des autorités) ?

JB : Nous espérons pouvoir rouvrir dès le 22 juin sans mesure contraignante en opposition avec la nature de notre activité. Si cela est possible alors nous commencerons le jeudi par une soirée étudiante, le vendredi une soirée électro avec MENERGY, le samedi nous ferons 3 soirées dans 3 lieux différents (Crazyvore au Nouveau Casino, Big au Yoyo et Bitch party au Gibus), le dimanche matin un after au Gibus et le dimanche soir une soirée Rnb-hip-hop avec la BBB). Nous avons beaucoup de pas de danse à rattraper.

Soirée Mustang à La Folie Paris

Rémy : Dès que le gouvernement nous donnera son feu vert, je pense que nous allons danser pendant 3 jours non-stop (Rires). Nous commencerons par nos deux fers de lance du clubbing de A la folie : les soirées Mustang et Futur.e. La soirée Mustang, c’est une soirée qui sent le poppers des nightclubs, le skaï chaud d’une voiture qui cruise près du périph’, et la sève qui monte dans les tilleuls et les garçons d’un jardin public à la Villette. Dans la Futur.e, nos corps évolueront sans entrave. Nous choisirons dans un premier temps de construire des plateaux avec nos résidents et la scène locale, et petit à petit nous nous rouvrirons aux scènes LGBTQ+ européennes et internationales dans un second temps. Attendez-vous à ce que ça transpire À la folie. Lorsque nous commencerons à danser, on ne sera pas prêt de s’arrêter…

Hervé : Comme le Tango est une institution (on existe depuis 23 ans !), on reprendra nos soirées habituelles, nos fondamentaux. Le public vient pour l’esprit du Tango ! On relancera avec le programme que ce public a l’habitude d’aimer chez nous. Et bien sûr, on ne pourra pas passer à côté, on commencera certainement avec la soirée qui a été annulée par le confinement : c’est un best-of du lieu, la soirée Dalida !

Tu en veux encore ?