Julien Colombet alias Safir : un artiste basque aux multiples facettes

Cabaret, performer, ressemblance… Difficile d’accrocher une Ă©tiquette au travail de Julien Colombet. AprĂšs une solide expĂ©rience acquise auprĂšs de la souris de Marne la VallĂ©e, l’artiste aux multiples facettes, originaire du Pays Basque, a souhaitĂ© un retour chez lui pour voler de ses propres ailes et avec ses propres projets. Aujourd’hui, il renouvelle le genre de son art sur les scĂšnes du Sud Ouest, son talent et son professionnalisme ne vont pas tarder Ă  se propager bien au-delĂ .

Publié le

En partenariat avec Wag, le magazine LGBT de l’Ouest et du Sud Ouest.

En regardant ton travail, on sent un côté perfectionniste. Tu aimes que cela soit beau pour faire plaisir au public, je me trompe?

J’avoue que l’esthétisme est, pour moi, un des points les plus importants de mon métier. Comme dirait Eureka dans RuPaul’s Drag Race, tout est question de proportionnalité ! Quel que soit notre physique, quelle que soit notre taille, que l’on soit fin, élancé ou petit et trapu, tout est possible dans la transformation, avec quelques artifices… Nous sommes des artistes visuels. Certains ont d’autres talents qui s’y rajoutent, comme le chant ou la danse, mais je pense que, quoi que l’on propose sur scène, notre visuel doit être impeccable pour transporter le public, dès notre première apparition . Quand je crée un nouveau visuel, un nouveau numéro, la seule chose à laquelle je pense est la réaction du public. C’est un métier que l’on fait pour les autres, pas uniquement pour soi.

Une des clés pour la réussite dans ton métier?

Le visuel, c’est important, mais pas uniquement! Le plus dur en tant que transformiste ou drag, c’est de se trouver ! De trouver et façonner son personnage, son esthétisme, son caractère, ses goûts, sa façon de parler, sans forcément tomber dans du caricatural ou trop d’excès. Il faut réussir à être juste et crédible. Si le show que vous regardez est beau parce que les costumes sont magnifiques, mais qu’il n ‘y a aucun contenu, aucun effet, aucune transformation, aucune chorégraphie, vous allez vite vous ennuyer. Après le premier “whaouu” ou «  quel beau costume !! », il n’y aura plus rien.

Aujourd’hui, tu as créé le Safir Comedy Show ? Quelle en est l’origine ?

Tout d’abord, Safir est mon nom de scène. C’est en référence à la pierre parce que j’adore le bleu saphir. Mais, vous l’avez remarqué, S.A.F.I.R s’écrit avec un F. Il s’agit en fait des initiales de ce qui me représente. S comme Spectacle, A comme Animation, F comme Féerique, I comme Irrésistiblement drôle, R comme Ressemblance. Le Safir Comedy Show, c’est donc une troupe d’artistes professionnels de spectacle itinérant. Nous avons la particularité de créer et de fabriquer tous nos costumes et accessoires de plumes… Nos perruques déjantées sont confectionnées par Jean Viaud, mon compagnon, qui a de l’or dans les doigts. Il a travaillé en tant que perruquier à Disney, à l’Opéra Bastille… 

Que peut-on y voir ?

Aujourd’hui, nous proposons trois spectacles bien distincts adaptables sur toutes les scènes avec plus ou moins d’artistes en fonction des budgets et de la place… Un quatrième, pour un public plus jeune, est en préparation.
– Le spectacle transformiste “Sosie“ uniquement transformiste, avec des ressemblances pures, et des ressemblances burlesques humoristiques. (jusqu’à 5 Artistes)
– La revue cabaret “Féerie Paradis“ avec danseuses, chanteuses, chanteurs et transformistes
– Le duo spécial séniors (Chanteuse et Transformiste)
– Un spectacle enfant, un conte de Noël qui verra le jour en décembre 2020
Nous créons aussi des spectacles sur mesure en fonction des évènements privés : mariages, anniversaires, mais surtout des comités des fêtes, mairies et comités d’entreprises, des bars et discothèques.

Y a t-il une nouvelle génération d’artistes cabaret ? Le cabaret peut paraître un peu désuet pour certains, pourtant, j’ai l’impression qu’il est très vivant. Qu’en penses-tu?

C’est un milieu très vivant en effet. Les nouvelles émissions de télé-crochet, de concours drag ont mis en lumière et donné envie à toute une nouvelle génération de se lancer dans les arts du transformisme et de la scène. Je trouve ça vraiment génial et j’ai vraiment l’impression que cela a donné un nouvel élan. Peut-être même que ces émissions ont dépoussiéré le genre et amené certaines techniques et idées. Le cabaret est une source inusable d’artistes. C’est un milieu qui n’est pas assez médiatisé a mon goût. Il est en création constante pour attirer toute l’année les visiteurs sans les lasser. Rare sont les établissements qui peuvent afficher une même revue durant des années et des années. Nous sommes des artistes et avons ce besoin continuel de créer. 

Ce qui te plaît le plus c’est d’être sur scène ou de créer le spectacle ?

C’est une très bonne question ! (rires) J’avoue que je prends mon pied dans les deux cas. J’adore être en création, partir d’une simple idée, la faire évoluer et passer à l’étape de création de costume, la création de bande son, le travail du jeu scénique, d’effets spéciaux. Quand je crée, je me sens vivant. Lorsque je suis sur scène, c’est la réactivité du public qui me plaît. C’est de voir que lors de la création, j’ai pensé faire rire, pleurer ou émerveiller à tel ou tel moment et cela prend effet sur scène.. C’est quelque chose de magique, d’exaltant! La partie micro, en impro est également un moment privilégié avec les spectateurs. Certains nous réservent parfois de bonne surprises.

Le public LGBT d’aujourd’hui aime-t-il toujours le cabaret ?

Oui, il aime toujours autant le cabaret, mais il en a tellement vu qu’il s’agit d’un public très critique qui ne mâche pas ses mots. Je connais plusieurs artistes qui n’aiment pas jouer dans le milieu LGBT. Personnellement, j’adore. Cela me fait évoluer, me dépasser et surtout me réinventer en tant qu’artiste pour surprendre toujours et encore. J’ai la chance de faire le show pour la soirée Officiel de la Marche des Fiertés de Biarritz et de Bayonne chaque année et durant les fêtes de Bayonne à la Pena Associative LGBT Txalaparta. J’ai la chance, également, de retrouver mes amis Bordelais sur un nouveau rendez-vous au Coco Loko et à l’Ultra Klub avec l’excellente et démente DJ Mlle Coco lors de la soirée Shut Up And Dance. Ce sont des rendez-vous que je ne manquerais pour rien au monde. Un vrai régal avec une vraie belle ambiance bienveillante.

As-tu des icônes ou des modèles dans le spectacle transformiste, ou le monde du cabaret ?

Oui, bien sûr, sur la scène drag internationale, je suis un fan inconditionnel de Bianca Del Rio, gagnante de la 6e saison de RuPaul’s Drag Race. J’aime sa répartie piquante et ses looks très Hollywood.  Dans le milieu théâtral francophone, Marianne James fait partie des artistes qui m’ont aidé à créer mon personnage de Safir et qui continue lle m’inspirer. Elle est très engagée dans la lutte contre l’homophobie et c’est une très grande artiste. Tout le monde a été marqué par son “Ultima Récital“ et son personnage au final très drag de Maria Ulrika Van Glott! Sur la scène transformiste francophone, j’ai deux artistes qui sont, pour moi, des génies dans leur art du maquillage de ressemblance. Ce sont Shadow Boheme et Ludivine Valandro. J’ai la chance de partager la scène depuis peu avec Shadow et j’apprends beaucoup. C’est une vraie belle personne, avec un cœur énorme, très talentueux. Ludivine est juste exceptionnelle en Liza ou Dalida. J’ai beaucoup de respect pour ces grands artistes.

Quelles sont tes envies dans ton travail dans le futur?

Pour 2020, j’espère continuer à faire évoluer le Safir Comedy Show. Nous lançons nos nouveaux spectacles, la revue “Féerie Paradis“ et le spectacle transformiste “Sosie“, en début d’année dans le Pays Basque. Nous partirons ensuite en tournée nationale. L’agenda commence déjà à se remplir. J’espère venir conquérir le public parisien… De nouveaux rendez-vous mensuels dans certains établissements du grand sud-ouest, Bordeaux à L’Ultra Club, Agen à la discothèque Le Christy’s une fois par mois, au Baya Hôtel et Spa à Capbreton, Bayonne… Et, d’ici quelques années, pourquoi ne pas ouvrir notre établissement cabaret…. 

Le Pays Basque est ta région. Si tu devais donner envie aux lecteurs de venir y passer un séjour, que mettrais-tu en avant pour défendre ta région?­­

Tout d’abord, c’est une terre d’histoire, de légendes et de folklore. Les gens sont ouverts et festifs, une fois que vous avez montré patte blanche (rires). Les traditions sont fortes !  La région est très belle, située entre plage et montagne à la frontière espagnole. Sur le plan culinaire, il y en aura pour tous les goûts, entre côtes de bœuf à la plancha ou chipirons, merlu de ligne, thon à la pipérade ou ventreche grillé et confits de canard… On mange vraiment très bien! Les fêtes de villages, et surtout les fêtes de Bayonne, sont à faire au moins une fois dans sa vie. Et attention, si vous faite la fête avec des locaux, le Basque a de l’endurance (rires).


Tu en veux encore ?