5 livres follement gay Ă emmener en vacances
Entre deux baignades et les matages de jolis garçons bronzĂ©s, il faut bien sâoccuper sur la plage. Polar, biographie, romans, BD : Jock.life a sĂ©lectionnĂ© cinq livres Ă feuilleter sur votre servietteâŠ
Méchante star
Bitch queen et impératrice du camp, Joan Crawford fut une star, autant dire un monstre, une de ces femmes plus grandes que nature dont le Hollywood de l’âge d’or raffolait. Ce n’est pas à une biographie classique que nous invite ce court livre, mais à une savoureuse étude de quelques moments du parcours de l’actrice de Johnny Guitar, Qu’est-il arrivé à Baby Jane et Mildred Pierce. Fasciné par son héroïne, ses épaulettes, ses obsessions, sa rivalité avec Bette Davis et sa mauvaise réputation (marâtre, actrice sans nuances, etc.), Maxime Donzel — auteur il y a quelques années du documentaire Tellement gay ! et des fameux Tutotal d’Arte — réhabilite son caractère et son jeu dans ce portrait follement queer.
Maxime Donzel, Joan Crawford, Hollywood monster, éd. Capricci, 11,50 €.
Amis pour la vie
« Il avait cessé de considérer sa brève union de jeunesse avec Julie Fiske et les aventures féminines qui l’avait précédée, comme des preuves de sa bisexualité, pas plus qu’il ne considérait son voyage d’une semaine à Prague dans les années 1990 comme une preuve de sa citoyenneté tchèque.» Le ton est donné de ce nouveau livre drôle, tendre et caustique de l’auteur du délicieux Objet de mon affection. David, son héros, a la cinquantaine et vient d’être plaqué par son jeune petit ami lorsque Julie, son ex et éphémère épouse, se manifeste pour qu’il l’aide à orienter sa fille. Entre eux, les retrouvailles se déroulent comme si trente ans ne s’étaient pas passés : les revoilà meilleurs amis, sans les ambiguïtés du désir, sans non plus pas mal d’illusions… Le charme agit dès la première page, et on dévore ce roman plein de fraîcheur, idéal par temps de canicule.
Stephen McCauley, Retour à la case départ, éd. Robert Laffont, 21,50 €.
Grandir…
Une nuit d’amour et tout à coup, un gros doute : le bel inconnu a-t-il mis une capote ? Sur ce point de départ de ce qui pourrait être un drame, Quentin Zuttion est l’auteur d’une BD à la belle sensibilité, portrait d’un ado gay d’aujourd’hui et de ses interrogations sur son identité, la sexualité et la peur qui va avec (celle du sida et des IST), son rapport à sa mère chez laquelle il vit et qui ignore son homosexualité… Il parle surtout d’amitié, de premier amour, de la difficulté de devenir adulte et de s’assumer. Le trait tremblé, le dessin plein de poésie de celui qui a longtemps signé Mr Q, donnent joliment corps à ce personnage aussi charmant qu’attachant dans ses doutes. Publié une première fois en 2016, Sous le lit avait disparu des rayons. Cette réédition chez un nouvel éditeur est une aubaine.
Quentin Zuttion, Sous le lit, éd. Lapin, 14 €.
Des hommes, des vrais
On ne va pas y aller par quatre chemins : Des jours sans fins est l’un des plus beaux romans récents qu’on connaisse, avec des héros homos. Oh pas des jolis gays du Marais, non, des gars rudes de l’Amérique du milieu du XIXè siècle qui vont s’aimer presque au grand jour, malgré la misère, malgré les guerres, malgré la mort alentour. Thomas est un tout jeune homme qui fuit la famine irlandaise et débarque sans le sou aux Etats-Unis. Lorsqu’il rencontre le beau John, c’est le coup de foudre : ils ne se quitteront plus, se travestiront pour danser dans les bars, se marieront grâce à un pasteur presque aveugle, adopteront une gamine indienne… Et tout cela et bien d’autres choses encore au milieu des massacres. L’écriture brillante et vibrante de Sebastian Barry nous lie intimement à ces deux amants magnifiques et inoubliables.
Sebastian Barry, Des jours sans fin, éd. Folio, 7,40 €.
En balade
Auteur prolifique s’amusant à explorer toutes les époques sur un mode homoérotique décomplexé (on se souvient de sa saga Dolko, histoire d’esclave dans l’antiquité dont les couvertures s’ornaient de photos affriolantes), Jean-Paul Tapie s’essaie aussi à tous les genres. Son écriture aux formules bien troussées qui font mouche (on reconnaît l’art du publicitaire qu’il fut) nous entraîne ici dans une série d’enquêtes pleines d’humour, nous menant à la suite de son héros, Ludovic Taillefer, de sentier de randonnée en sentier de randonnée (une des passions de Tapie) forcément fréquentés par de beaux garçons (une autre passion de l’auteur)… On le suit sans hésiter.
Jean-Paul Tapie,Ludovic Taillefer n’y va pas par quatre chemins, éd. Textes Gais, 12 €.