François Sagat : « Les gens me connaissent en tant qu’acteur X mais peu de gens me connaissent vraiment. »

Fort de son succès au printemps dernier, le « Fantasma Circus Erotica » est de retour aux Folies Bergère du 3 au 6 janvier 2024. Ne manquez pas ce cabaret show très sexy où se côtoient de nombreuses personnalités comme François Sagat et Piche. À cette occasion, nous vous proposons de redécouvrir l’interview que François Sagat nous avait accordée lors des premières représentations.

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Interview réalisée en mars 2023

Comment es-tu arrivé dans l’aventure du Fantasma Circus Erotica ?

Marc Zaffuto m’a appelé l’été dernier pour me dire qu’il préparait un nouveau concept de show… Allanah Starr (la célèbre performeuse transgenre) lui avait donnée l’idée de m’engager. Ca faisait longtemps que je n’avais pas fait grand-chose dans ce domaine. Je leur ai proposé quelque chose d’assez sombre, un peu démoniaque qui tourne bien sûr autour de l’érotisme. C’est exactement ce que lui et Manon Savary, la co-auteure du show, voulaient. Les délais étaient hyper courts : le show était en novembre. Je me demandais vraiment comment ils allait faire pour monter un tel spectacle. Manon et Marc ont réussi. On revient donc pour plusieurs dates en avril.

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©️Clément-DEZELUS

Parle-nous de ton rôle

Je suis sur scène avec David Pereira, un contorsionniste qui joue ma victime. Je suis le Dieu du porno. Je me métamorphose et je deviens son démon. Je le manipule. C’est très chorégraphique et compliqué, ça doit se caler sur la musique. Quand je vois les autres performeurs sur scène, je trouve ça un peu intimidant. C’est très nouveau pour moi. Mais j’aime beaucoup.

N’aimerais-tu pas te retrouver plus souvent sur scène en faisant du théâtre par exemple ?

On m’a déjà proposé des trucs mais ça n’a pas pris. Et le théâtre est pour moi beaucoup plus périlleux : c’est de l’oral. On est au-delà du corps simplement. Je ne me considère pas comme un comédien. Je trouve que je n’ai pas une diction extraordinaire : je ne me sens pas vraiment légitime à monter sur scène et à réciter un texte.

Tu as joué au cinéma pour Christophe Honoré ou encore Bruce LaBruce. Aimerais-tu renouveler l’expérience ?

C’était il y a longtemps. Je ne suis pas sûr que ce soit ma vocation. J’aurais fait des castings. J’aurais fait des démarches par moi-même. On est venu me chercher. Je suis le vent en général…

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(c) Florian Cléret

Tu as joué dernièrement dans le clip de Bilal Hassani. As-tu été surpris par le torrent de haine qu’a reçu Bilal à cette occasion ?

J’ai reçu moi-aussi beaucoup de haine. Je ne l’ai pas exprimé. Je ne réponds pas à la haine. Je me suis mis en privé sur les réseaux sociaux pendant trois jours parce que ça devenait infernal. J’ai même reçu des messages : « Peine de mort ». C’est violent. Comparé à ce que Bilal a reçu, je me suis même senti un peu invisibilisé. Et aucun tabloïds qui a fait des titres comme quoi on était ensemble, n’a cherché à me contacter pour vérifier leurs dires. Je trouve que Bilal est très fort avec tout ce qu’il se prend.

Aimes-tu l’époque dans laquelle on vit ?

Franchement, je ne peux pas dire que je la déteste. On peut imaginer que j’aurais tendance à dénigrer cette époque. On se concentre toujours sur le négatif. Tout le monde donne son avis et réagit à tout. Il y a beaucoup de « merde » autour de nous. On vit dans l’instant, on est au courant tout de suite des choses qui se passent. Du coup, on a l’impression que c’est pire qu’avant. Mais je ne le crois pas. Chaque époque a son lot d’horreur. La vie est un chaos : j’ai l’impression qu’on est plus sensible parce qu’on est plus au courant.

Aurais-tu pu construire ton personnage de « François Sagat, star du X » aujourd’hui ?

Clairement non. Si j’avais débuté ma carrière aujourd’hui, je serais passé inaperçu. Faire quelque chose sur du long terme est beaucoup plus difficile. On passe trop vite d’un sujet à l’autre. Prenons l’exemple du clip de Bilal, ça commence à se calmer sur les réseaux sociaux. On est déjà passé à autre chose.

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©️Clément DEZELUS

Comment regardes-tu ton parcours aujourd’hui ?

Je trouve que j’ai eu beaucoup de chance par rapport aux choix que j’ai faits. J’ai réussi à me faire un nom avant l’existence des réseaux sociaux. C’était beaucoup plus compliqué pour se faire connaître. Mais malgré tout, j’ai commencé à la bonne époque charnière entre la fin du DVD et le début des diffusions sur internet. J’ai également eu la chance que des gens se soient intéressé à moi hors du porno : des peintres, des stylistes, des réalisateurs.

J’ai eu une visibilité assez incroyable si on la compare à d’autres acteurs du X de l’époque. Pourtant je pense que chacun a sa chance de faire une propre carrière. Je crois qu’il faut savoir ne pas trop se montrer. C’est pas facile. En fait, les gens me connaissent en tant qu’acteur porno mais peu de gens me connaissent vraiment. Je préserve au maximum ma vie privée ! J’aime pas trop parler.

Fantasma Circus Erotica, du 3 au 6 janvier 2024 aux Folies Bergère
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