Fred M, le photographe qui aime l’intimité des vestiaires… et les sous-vêtements
Regarder le travail de Fred M, c’est comme ouvrir discrètement la porte d’un vestiaire… On y sent la chaleur, la torpeur qui saisit les sportifs… Nous avons rencontré un photographe qui aime passionnément les corps presque nus, abandonnés à notre regard…
Parle-nous de toi… Ton histoire…
J’ai 47 ans (48 en mai prochain). Je suis Normand, j’ai vécu plus de vingt ans à Paris et je vis aujourd’hui près de Bordeaux vers Saint-émilion. Enfant, j’étais un grand timide… Ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai commencé à voir la vie différemment et à me rebeller. Je suis autodidacte, touche-à-tout (mode, peinture, photographie).
Il y a une quinzaine d’années, grâce aux réseaux sociaux, j’ai été repéré par la photographe Nathalie Dumas qui m’a demandé de poser pour elle. J’ai participé ensuite à plusieurs projets d’autres photographes. J’en ai accompagné certains en tant qu’assistant. Après quelques années, je suis passé de l’autre côté de l’appareil. Mes amis photographes m’ont aidé et accompagné dans cette démarche. La photographie offre des possibilités infinies…
D’où vient ton inspiration ?
Je travaille principalement dans un univers sportif, viril, de vestiaires qui met en scène le corps masculin. Le sport et ses codes sont, pour moi, une source d’inspiration infinie dans laquelle je joue avec un soupçon de provocation et d’érotisme. À la limite de la censure, même.
Comment trouves-tu tes modèles ?
En règle générale, sur les réseaux sociaux, les salles de sport et parfois dans la rue. Ce qui me permet de mélanger les modèles professionnels, les amateurs ou les sportifs… Ainsi mon panel est très large.
Comment fais-tu pour qu’ils s’abandonnent autant devant ton objectif ?
Tout est une question de feeling et de confiance entre les modèles et moi. On échange beaucoup ensemble avant le projet, la séance. Je suis très respectueux et toujours à l’écoute. On se rencontre autour d’un café, on discute beaucoup et on fixe les bases, les règles et le cadre.
Dès que nous avons bien cadré les choses et que la séance est planifiée, c’est beaucoup plus simple : le modèle sait ce qu’il doit faire ou quel rôle il doit jouer. Je lui donne quelques directions à prendre, je le drive sur les bonnes attitudes à avoir…
Tu sembles être passionné par les sous-vêtements. Comment fais-tu pour trouver celui qui va aller avec tel ou tel modèle ?
“Passionné” est le mot juste. J’ai commencé en tant que modèle sous-vêtements, c’est quelque chose qui m’est resté. Je suis un peu fétichiste de l’underwear. Du coup, il y en a toujours dans mes photos. Avant chaque séance, on procède à quelques essayages afin de voir ensemble si la coupe est à son avantage et si le modèle met bien en valeur le produit. Je me trompe rarement, lorsqu’il s’agit de choisir le bon produit pour le bon modèle.
Comment construis-tu les histoires autour de tes photos ? Est-ce que tes modèles font partie de ce travail de scénarisation ?
Pour les histoires dans mes photos, les thèmes sont bien ancrés : je pars généralement du modèle, de ce qu’il dégage, de ce qu’il pourra apporter au thème, aux produits… Comme je suis beaucoup dans l’échange, nous construisons ensemble la séance. On part sur une idée, qui en amène une autre, puis une autre… Il y a toujours un point de départ mais beaucoup de choses se mettent en place le jour J. Tout est une question de feeling. L’improvisation joue un rôle important dans mon travail.
Tu fais aussi des autoportraits. Quel est ton propre rapport à la nudité ? Es-tu timide par exemple…
Non je ne suis pas timide. Je ne le suis plus … Ayant exploré plusieurs facettes de ma personnalité au travers des shootings photos en tant que modèle, j’ai un rapport très sain vis-à-vis de la nudité. De très beaux nus artistiques de moi ont été exposés en galeries, ça donne confiance en soi.
Quel est ton plus beau souvenir de photographie ?
Mon plus beau souvenir est lorsqu’Act-Up Paris m’a contacté pour me proposer d’acheter la photo que j’avais exposée lors d’un collectif d’artistes à Paris. Une photo éditée à 5000 exemplaires sur un dépliant de prévention qui, une fois ouvert et totalement déplié, faisait comme un poster.
As-tu des projets en cours ?
Oui, actuellement j’ai un projet en cours qui a commencé il y a un an. Un projet aux couleurs du Rainbow flag et que j’aimerais proposer à des magazines pour juin 2022. Il mettra en scène toute la communauté LGBT. Des modèles professionnels et amateurs ont choisi la couleur du drapeau qui les représente. Ensuite, je travaillerai à partir de la couleur choisie en monochrome floral. C’est à la fois graphique, pictural et romantique…
