« T’es clean ? » ou 10 choses que les personnes séropositives ne veulent plus entendre

Dire qu’on est séropositif au VIH n’est pas toujours une chose aisée. Ça demande souvent du courage. Les réponses en retour ne sont pas toujours à la hauteur de ce courage. Voici 10 choses que les personnes séropositives ne veulent plus entendre. Elles ont raison !

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Aujourd’hui encore, la sérophobie est tenace malgré les progrès médicaux et la pédagogie déployée autour de la charge virale indétectable qui empêche la transmission du VIH. Par méconnaissance des modes de transmission, les personnes séropositives au VIH se sentent encore rejetées et discriminées. Elles voient, au sein même de la communauté LGBT, des manifestations de cette sérophobie dans des formules, souvent maladroites et quelquefois blessantes. Les personnes séropositives ne veulent plus entendre ces phrases :

« T’es clean ? »

C’est la phrase qu’on rencontre le plus souvent. Notamment sur les applis de rencontre. Elle veut dire littéralement : « t’es propre ». Elle sous-entend que les personnes séropositives ne le seraient pas. Ces dernières, par la connaissance de leur statut sérologique, sont les plus à même d’avoir une très bonne santé sexuelle. La prise d’un traitement contre le VIH empêche la transmission du virus et la fréquence des analyses lors des visites de contrôle protège aussi des infections sexuellement transmissibles (IST). Que demander de plus à un partenaire ?

« Tu suis bien ton traitement ? »

Être séropositif au VIH et ne pas prendre de traitement, fait prendre des risques considérables en termes de santé. S’il y a bien des personnes qui le savent, ce sont les séropositifs. Elles vivent normalement, ont une espérance de vie équivalente à celle des séronégatifs et ne transmettent pas le VIH, dès lors qu’elles prennent un traitement. Leur demander si elles prennent bien leur traitement, c’est imaginer qu’elles se moquent d’être en bonne santé : inimaginable pour une personne séropositive.

« Tu sais qui t’a plombé ? »

Premièrement, on n’utilise pas le mot « plomber » pour parler de transmission du VIH. L’expression tient du langage de la chasse et est particulièrement négative. Elle sous-entend que la personne qui a transmis le VIH serait responsable. Les personnes séropositives ne ressassent pas le passé et se concentrent sur l’avenir, sur leur vie « normale » avec le VIH qu’elles ont grâce aux traitements.

« T’as le sida ? »

C’est une erreur commune de considérer que les personnes séropositives auraient le sida. En 2020, on ne dit plus « sida » à la place de « VIH » ! Les séropos ont contracté le VIH, à savoir le virus qui, en l’absence de traitement antirétroviral adapté, entraine une baisse de l’immunité. Et c’est cette baisse d’immunité qui peut entrainer un stade sida, la maladie provoquée par le VIH non maitrisé. Les personnes séropositives prennent un traitement très rapidement après le diagnostic de séropositivité : elles contrôlent ainsi le VIH et évitent le sida.

« T’es séropo ? Ça se voit pas ! »

On ne reconnaît plus aujourd’hui un séropositif par son apparence physique. Depuis l’arrivée des trithérapies à la fin des années 90, les stigmates visibles de la séropositivité ont quasiment disparu. Sortir ce genre de phrase à une personne séropositive dénote d’une méconnaissance profonde des progrès de la médecine sur le VIH. Et c’est particulièrement grotesque aujourd’hui !

« Pas grave, je suis sous PrEP ! »

Non, être séropositif n’est pas grave. Qu’on se le dise ! C’est un élément important de l’identité des personnes séropositives au VIH, avec lequel elles vont vivre longtemps. Mais en aucun cas, ça ne pose de problèmes à quiconque. Par contre, suggérer qu’avec la PrEP, on est plus protégé de la transmission de VIH, c’est douter de l’efficacité du TasP (Treatment as Prevention ou la prévention par les traitements). Or, c’est un fait avéré, avoir une charge virale indétectable empêche la transmission de VIH. La PrEP ne « surprotège » pas. Ceinture et bretelles ensemble ne font pas mieux tenir le pantalon !

« T’es sûr qu’un séropo ne refile pas le sida ? »

On le rappelle ici, le sida ne se transmet pas. S’il y a transmission, c’est celle du VIH. Ensuite, ni le séropositif, ni le séronégatif, seuls, ne sont responsable de cette transmission. Se protéger est une affaire personnelle et chacun doit pouvoir se sentir seul responsable du choix qu’il fait en termes d’outil de protection : capote ou PrEP pour la personne séronégative, le TasP pour la personne séropositive.

« No Poz ! »

Cette formule sur les réseaux sociaux peut être très violente, si la personne séropositive qui le lit, est fragile quant à son statut sérologique. Elle est excluante : c’est clairement de la sérophobie. C’est surtout le signe d’une méconnaissance du VIH. Les personnes qui inscrivent cette formule dans leur profil sur les applications de rencontre ne connaissent vraisemblablement pas le TasP et la protection efficace qu’il apporte. Et puis, le « NO quelque chose » est tellement has been. C’est tellement mieux de dire ce que l’on aime…

« Vous, les séropos, vous n’avez aucun tabou ! »

Avoir une sexualité active et libérée, c’est bien. C’est même très bien et ça n’a rien à voir avec le statut sérologique. Cette phrase sous-entend que les personnes séropositives seraient prêtes à tout parce que le risque de transmission est nul pour eux. Et que les personnes séronégatives seraient plus précautionneuses. N’importe quoi ! En prenant leur traitement et en ayant une charge virale indétectable, les séropos ne prennent aucun risque de transmission de VIH.

« Ton sida, il nous coûte cher ! »

Comme pour toutes les Affections de Longue Durée (ALD), les traitements contre le VIH ont un coût. La prise en charge du coût de ces traitements se fait avant tout au bénéfice des individus par solidarité nationale. C’est la base de notre système de santé. Aucune personne ayant contracté le VIH, comme tous les patients qui ont une ALD, ne représentent en aucun cas un coût pour la société. Derrière cette critique, n’y a-t-il pas plutôt un jugement moral dû au mode de transmission du virus ? Please… On n’en est plus là !

Voir aussi la vidéo Vivre avec le VIH, c’est d’abord vivre :

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