Les photos de Jean Ranobrac : « La créativité des drags est sans limite »

Jean Ranobrac est LE photographe de la scène drag et club kids de Paris. Et il ne se contente pas de shooter ses modèles, il les sublime. Celui qui co-organise également la soirée Kindergarten a accepté de répondre à nos questions.

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Tes photos sont frappantes par leur aspect très « léché ». Comment travailles-tu? 

Mon travail est très digital, le petit espace dans lequel je travaille me pousse à considérer la post production comme partie intégrante de la création d’une image. Le sens de la finesse est venu au fur et à mesure de ma connaissance technique. Je suis dans une recherche de toujours plus de netteté et de qualité. L’aspect pictural des images permet de les faire exister comme oeuvres d’art à part entière!

Calypso Overkill – Crédit : Jean Ranobrac

Tu es quasiment le photographe attitré des drag-queens, des drag-kings et des club kids de Paris. Qu’est-ce qui t’attire chez elles et chez eux? 

La créativité de ces personnes est dingue, sans limite, et stimule énormément la mienne. Travailler en tandem avec ielles est une expérience très enrichissante et permet de pousser les iconographies visuelles encore plus loin. Ce sont également des personnes remplies d’amour et leur exigence m’oblige à augmenter la mienne. J’aime suivre leurs pérégrinations et le fait qu’ielles créent un personnage fictif permet de pousser les délires de retouche beaucoup plus loin que ce qui est acceptable avec des modèles réguliers. L’iconographie des drag queens et club kids reste à construire, contrairement à la photographie de mode ou de documentaire, ce qui laisse une liberté très intéressante.

Tiggy Thorn – Crédit : Jean Ranobrac

Depuis que tu as commencé à les photographier, comment vois-tu l’évolution de la scène drag et clubbing dans la capitale? 

On a commencé à se côtoyer il y a 3 ans. A cette époque la communauté drag était dans une dynamique beaucoup plus familiale. Aujourd’hui, de nouveaux artistes émergent tout le temps, le nombre de soirées a explosé, ça devient difficile de suivre tout ce qui se passe. Néanmoins d’un point de vue global, ce qui se passe à Paris est très encourageant pour la suite, la richesse et la diversité de ce qui est proposé permet à chaque public de trouver ce qu’il cherche, par quel moyen s’évader de son quotidien. 

Kam Hugh – Crédit : Jean Ranobrac

Tu as aussi fait de superbes photos de mecs. En fais-tu toujours ou comptes-tu en refaire? 

Travailler avec les créatures demande beaucoup de temps et d’énergie, ce qui me laisse peu de temps pour des projets avec des mecs. Néanmoins, il m’arrive ponctuellement de faire des shootings avec différents modèles. Mais l’inspiration me vient généralement quand je m’ennuie et c’est pas arrivé souvent ces derniers temps! J’espère pouvoir trouver l’occasion d’en refaire prochainement. 

Thomas Occhio – Crédit : Jean Ranobrac

Quels photographes, contemporains ou passés, t’inspirent-ils?

Dans ma construction, ce sont ces photographes qui m’ont beaucoup suivi :  David La Chapelle, Joel Peter Witkin, Jan Saudek, Pierre et Gilles, Armin Morbach, Marwan Pallas. Depuis quelques années, j’ai réduit considérablement la veille artistique sur ce qui se fait ou non, j’ai pu trouver mes propres cordes de vibrations et je les suis à l’instinct.

Son travail est visible sur Instagram

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