Les 5 livres gay-friendly de la rentrée que nous avons adorés !

Difficile de s’y retrouver dans le foisonnement de livres de la rentrée. Romans, BD, livres de fan et sorties poches : voici nos 5 coups de coeur !

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Génération

Derrière le génial titre du nouvel album de l’auteur de Dans la peau d’un jeune homo se cache une épatante BD gay. Un de ces livres très intimes mais qui racontent toute une époque, toute une génération. Ce que dessine avec sensibilité Hugues Barthe, c’est l’histoire de Rémi, un homme né dans les années 1950 et qui, l’adolescence venue, se coltine au refus social et au non-dit de l’homosexualité. Il préfère donc remiser son désir pour les garçons, se marier, avoir des enfants. Et puis tout cela craque, et un soir de 1982, alors que l’homosexualité vient d’être dépénalisée, il fait son coming out et s’installe avec son ami…

C’est donc toute une période de l’histoire gay récente que traverse ce récit nourri de multiples témoignages recueillis par l’auteur, une histoire qui court jusqu’à l’adoption du mariage pour tous et ses terribles débats. Le noir et blanc très expressif de Hugues Barthe donne vie avec pudeur à ce destin et rappelle aux plus jeunes (et aux autres…) que rien n’est jamais acquis…

Hugues Barthe, Mes années hétéro, éd. Delcourt/Encrages, 17,50 €.

Coming out

Livio a 17 ans. Pour son cours d’histoire consacré aux autodafés de l’époque nazie, il doit faire un exposé. Il va prendre le mot au pied de la lettre et s’exposer lui-même à travers son sujet. Il a en effet choisi de parler de Magnus Hirschfeld, médecin allemand bien oublié mais qui, il y a un siècle, créa à Berlin le premier institut de sexologie au monde afin d’y défendre les droits des homosexuels : l’énorme bibliothèque qu’il avait réunie fut une des premières cibles des nazis  leur arrivée au pouvoir. En parlant d’Hirschfeld, Livio parle de lui, il dit ce qu’il n’a jamais su dire, et il affronte les regards pas toujours bienveillants, loin de là, de ses camarades… Brigitte Giraud tisse avec habileté ces deux histoires, mettant en avant le combat toujours recommencé des gays face à l’hostilité du monde, rappelant à quel point cela brûle d’oser être soi-même. Un roman tendre, dur et nécessaire.

Brigitte Giraud, Jour de courage, éd. Flammarion, 17 €.

Vogue

James a la soixantaine. Depuis les années 80, il est Lady Prudence, drag queen qui a tout connu des nuits new-yorkaises : les bals, les clubs, les folles nuits, le voguing et les beautiful people, de Madonna à Andy Warhol en passant par Bowie, Basquiat ou Keith Haring. Il a vécu aussi les années sida, dansant sur leurs musiques pour oublier leurs tragédies. Il a tout traversé. Dans un bar, il rencontre Victor, la vingtaine, père de famille hétéro qui rêve de devenir drag. James se livre à son nouvel ami, raconte cette époque où il était une diva pour certains et un monstre pour d’autres, les paillettes et le désespoir. Entre nostalgie d’un monde enfui et inscription dans l’Amérique d’aujourd’hui, ce roman à l’écriture très syncopée est d’une séduction absolue.

Julien Dufresne-Lamy, Jolis jolis monstres, éd. Belfond, 18 €.

Pop

Plus de trente ans après son apparition sur la scène musicale française, Etienne Daho s’est imposé comme une des figures majeures de la pop contemporaine. De La notte, la notte à Blitz, cet ouvrage feuillette les treize albums du dandy rennais, racontant leur genèse, leur réception, leur place dans l’évolution de l’artiste, le tout scandé par les témoignages de toutes celles et tous ceux qui ont croisé sa route : Françoise Hardy, Dominique A, Jeanne Moreau, Elli et Jacno, Brigitte Fontaine, et on en passe. Toutes les multiples facettes de Daho sont éclairées par ce travail très documenté, mais qui reste très discret sur la vie privée d’un musicien qui préfère se livrer à demi-mots dans ses chansons.

Etienne Tallieux, Etienne Daho, l’eden retrouvé, éd. Le Mot et le reste, 27 €.

Papa

Troisième livre du jeune auteur révélé par le choc Pour en finir avec Eddy Bellegueule, Qui a tué mon père — qui sort en poche — prolonge d’une certaine manière le premier ouvrage d’Edouard Louis. Avec … Eddy Bellegueule, l’écrivain réglait ses comptes avec son passé dans une famille et un milieu prolétaires et hostiles dont il avait tout fait pour s’échapper, pour réinventer sa vie et son identité, notamment en changeant de nom. Avec ce nouveau livre, court et intense, Edouard Louis n’est plus dans la revanche. Il s’attarde au contraire à comprendre, décrire et dénoncer la violence sociale qui a détruit ce père ouvrier, dur, alcoolique, avec lequel ses relations furent si distantes et compliquées. Le livre, au départ très intime, se transforme en un réquisitoire implacable contre les politiques de ces trente dernières années et ceux (Sarkozy, Hollande, Macron…) qui les ont mises en œuvre aux dépens des plus faibles.

Edouard Louis, Qui a tué mon père, éd. Points, 5 €.

Autoportrait

Sur scène, dans ses sketches, Muriel Robin est une femme forte dont la puissance comique est irrésistible. Mais ce que révèle Fragile, sa très touchante autobiographie qui sort en poche, c’est à quel point cela n’est qu’un personnage. La vraie Muriel est une enfant blessée qui ne s’est jamais sentie aimée par ses parents, une fillette à laquelle on a toujours menti sur ses origines et qui ne découvrira que très tard la vérité… Dans cette bio qui sort en poche en même temps que le retour de l’actrice sur les planches, Muriel Robin livre tout d’elle-même, avec une sincérité à fleur de peau, et notamment ce miracle de l’amour qui lui a enfin permis de trouver son équilibre.

Muriel Robin, Fragile, éd. J’ai lu, 7,90 €.

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