Paloma : “En tant que garçon homo, tu peux avoir un discours féministe”

Plus rien n’arrête Hugo Bardin alias Paloma. Après avoir remporté la première saison de « Drag Race France », notre Queen parcours aujourd’hui la France avec son premier show « PluriElles », un seul-en-en scène dément avec une galerie de femmes hautes en couleur. Et c’est un véritable carton. Après plusieurs dates sold out à Paris et en région, elle reprend du service du 29 au 31 janvier à la Cigale avant de repartir sur les routes de France. Rencontre.

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Tu es content de la première partie de la tournée de PluriElles ?

Très content parce que c’est toujours un peu l’inconnu quand on se lance sur un spectacle en solo. Je viens du théâtre donc j’ai fait des mises en scène mais c’est la première fois que je me retrouve tout seul sur scène. Je ne savais pas si le public allait être au rendez-vous, si ça allait plaire… C’est un carton !

Qui sont tes humoristes préférées ?

Je pense à Blanche Gardin ou à d’autres humoristes féminines qui se prêtent à l’exercice du stand up. Moi, j’en suis incapable. Ce n’est absolument pas un exercice dans lequel je me réalise. Je crois que ma personne ne m’intéresse pas assez pour faire du stand-up. Mes modèles, ce sont Sylvie Joly, Valérie Lemercier ou Muriel Robin, des humoristes qui jouent des personnages.

Je vais souvent voir les femmes sur scène. Les femmes m’intéressent plus. Peut-être parce que je suis pédé. Je pense que j’ai un attachement à l’écriture féminine parce qu’elle dit des choses plus subtiles, plus intéressantes plus féroces aussi, que celle des mecs.

Comment sont nés tes personnages ?

Certains étaient déjà un peu dans les tiroirs. J’avais créé une chaîne YouTube, il y a des années, bien avant Paloma, bien avant Drag Race. Je faisais déjà ma bourgeoise, Néfertiti – qui ne s’appelait pas Néfertiti à l’époque mais Cristal- ou Lolashiva, la médium…

J’ai l’impression d’avoir grandi entouré de ces personnages. Je ne viens pas d’un milieu hyper bourge catho mais quand même un peu… Autour de moi, à Clermont-Ferrand, les mères de mes potes étaient des bourgeoises : beaucoup de serre-têtes, de doudounes sans manche et de jupes plissées.

Pour Néfertiti, la cagole, ce n’est pas du tout mon milieu mais je les adore parce que mon beau père est marseillais, pieds noirs. Les cagoles sont un peu des icônes féministes qui sont souvent négligées par les féministes elles-mêmes. Elles sont grandes gueules, elles se prennent la tête avec les mecs et elles sont hyper féminines. Je trouve vachement intéressant le contraste avec ce côté que certains qualifient d’un peu vulgaire et qui justement ne l’est pas du tout…

(c) Valentin Folliet

Comment fais-tu pour changer de tenue aussi facilement alors que l’art du Drag, c’est aussi prendre son temps pour se préparer ?

On a été un peu malin dans les stratagèmes : c’est un costume qui est évolutif. Il y a des accessoires qui changent d’un numéro à l’autre. J’ai choisi l’ordre des sketchs en fonction de ça. Mais par contre, c’est du cardio en coulisses. J’ai 30 secondes et ça va très vite… J’aime quand tout est fluide et que tout s’enchaîne.

Considères-tu aussi ton spectacle comme un spectacle politique ?

J’aime quand des gens me le disent. Cette année, en tant que reine du Drag français, j’ai utilisé toutes les occasions que j’ai eu, pour prendre la parole. C’est mon rôle. J’avais conscience que les gens s’attendaient à voir Paloma dans sa dimension politique aussi et pas juste dans un truc d’humour. J’ai un peu le syndrome de l’imposteur. Je me questionne sur la légitimité en tant que comédien de jouer des rôles féminins. J’ai parfois l’impression de participer à l’invisibilisation des artistes féminines.  L’enjeu en fait, c’est de montrer qu’en tant que garçon homo tu peux avoir un discours féministe.

(c) Valentin Folliet

Quel est ton personnage préféré ?

Ah c’est dur parce que j’aime vraiment tout le monde… Ma préférée reste quand même Néfertiti, de très loin. Je trouve que derrière l’accent, derrière la tenue, c’est celle qui me ressemble le plus. Elle est la plus gentille, elle n’est pas en colère, elle n’est pas aigrie. Elle n’a pas de chance mais elle est touchante. C’est pour ça que je termine par elle.

Je suis aussi très fier de Delphine, la guide, qui me permet de jouer le plus de choses différentes.

Et celle que je prends le plus de plaisir à faire, c’est Lolashiva avec son cercle de femmes. Il m’arrive d’avoir des fous-rires sur scène avec elle.

Tu as eu des contacts avec Fanny Ardant ?

De loin… Enfin, je l’ai coiffé il y a des années mais elle ne s’en souvient certainement pas ! Ce qui est drôle, c’est que la personne qui coiffe mes perruques, est le coiffeur de Fanny Ardant. Il lui a montré des extraits. Elle est comme on l’imagine. Elle a répondu : « Buenissima ! »

(c) Valentin Folliet

Est-ce qu’il y a des Drags internationales que tu aimes particulièrement ?

Sans hésitation, Jinkx Monsoon. Je me sens proche d’elle. Nous avons fait tous les deux Drag Race et je pense qu’on est un peu des ovnis : elle dépasse tout, elle transcende le show et elle est fascinante. Il y a aussi Bianca Del Rio, bien sûr… Quand elle est venue à Paris, c’était incroyable, très méchant, complètement politiquement incorrect… ce qui m’amuse beaucoup ! J’adore aussi Trixie Mattel, Katya et Sacha Velour bien sûr…

Pourra-t-on un jour enfin shazamer la chanson qui est à la fin du spectacle ? Celle dont tu dis qu’il ne sert à rien de chercher à la trouver…

En janvier ! On tourne le clip en décembre et elle sort mi-janvier…

Quels sont tes projets ?

Je suis en écriture pour une série. J’ai un projet d’album, de bande dessinée, de spectacle avec Valérie Lesort… Et puis y a la saison 2 de Walking Dead dans laquelle je joue, qui est en tournage et qui sortira l’année prochaine. Voilà, beaucoup de choses et c’est génial !

Paloma au PluriElles,
Du 29 au 31 janvier 2024 à La Cigale, les 10 et 11 avril aux Folies Bergère (Paris) et en tournée dans toute la France.


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