Témoignages : « Je ne suis sur aucun réseau social et j’ai beaucoup d’amis ! »

Ils sont un peu les ovnis du 21e siècle : ils ont résisté par choix à l’attrait des réseaux sociaux. On ne les trouve nulle part. Et pourtant, ils ont une vie sociale intense, un peu oldschool, certes, mais riche de rencontres différentes. Nos témoins racontent.

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Jean-Michel (55 ans, Paris) n’est inscrit sur aucun réseau social. Il le vit très bien. Il raconte : « Au début, c’était un peu par paresse. Il fallait mettre des photos, avoir toujours quelque chose d’intéressant à dire et surtout, faire la course aux “amis”… Je trouvais ça un peu intrusif. Et puis, avec le temps, je n’en ai trouvé aucune utilité. Aujourd’hui encore, je trouve ça bizarre de demander à quelqu’un s’il est sur Instagram par exemple, quand on ne connaît rien de lui,. Deux heures après, tu sais qu’il est allé en vacances en Ariège, qu’il a une sœur, et surtout qu’il enchaine les aventures amoureuses catastrophiques les unes après les autres. Quel est l’intérêt ? Je n’en vois pas. Je préfère discuter avec la personne quitte à ne plus jamais la revoir. Au moins, je n’aurai pas l’impression de parler à une publicité ambulante. »

Le constat de Jean-Michel est dur. Pourtant, il résume assez bien les travers que certains d’entre nous ont développés avec les Facebook, Insta, Twitter and co… Et Pablo (28 ans, Gap) de préciser tout de suite : « Ne pas être sur les réseaux sociaux ne veut pas dire que je suis contre la modernité… »

« J’aime la modernité »

Pablo est un repenti des réseaux sociaux : « J’ai eu un compte partout pendant des années. Jusqu’au jour où je me suis rendu compte que je mélangeais mes contacts avec mes amis, que je ne prenais même plus le temps de les appeler, que je lisais leurs posts pour savoir s’ils allaient bien. J’aime la modernité. Mais pas à tout prix. » Pour le prouver, Pablo nous montre son téléphone : le dernier IPhone. Les seules communautés qu’il accepte d’intégrer sont les plateformes de musique en ligne.

L’argument du « mec ringard parce qu’il n’est pas sur les réseaux sociaux » agace particulièrement Marc-Antoine (49 ans, Carcassonne) : « Qu’est ce qui est plus moderne aujourd’hui : avoir un avis sur tous les sujets, surtout sur ceux qui se déroulent sur les fils d’actualité de Facebook ou Twitter, ou prendre le temps d’écouter, d’analyser, d’essayer de comprendre par soi-même ? Quand je vois le temps que passent certains de mes amis sur les réseaux sociaux, je trouve ça très chronophage. Je préfère lire un bon vieux journal fait pas des professionnels. » Nos témoins ont souvent le même argument : les réseaux sociaux ne sont pas la vraie vie.

« Rien ne vaut le réel »

Marc-Antoine regrette, qu’aujourd’hui,  les gens confondent la réalité avec ce qu’ils lisent sur les réseaux sociaux. “Personne ne poste quoique ce soit qui pourrait le désavantager. Tout le monde est beau et intelligent. On est dans un monde de filtres où tout le monde n’a que des qualités. Pourtant, à voir certains posts sur Twitter notamment, la première qualité pour être sur ce réseau social est d’avoir une langue bien pendue… »

Ce que reprochent ces témoins aux réseaux sociaux, c’est d’abord cette déconnexion avec la réalité. « Ce qui est écrit devient vrai, nous dit Luc (39 ans, Clermont-Ferrand), même le prouvé scientifiquement devient sujet à discussion. Du coup, les gens commencent à ne plus avoir confiance en rien. C’est dommage ! Je préfère échanger en direct avec mes amis. J’adore les longues soirées de partage avec eux. Et surtout, j’adore rencontrer de nouvelles personnes et découvrir qui elles sont sans qu’elles aient le sentiment de devoir se vendre. »

« On me trouve sexy ! »

Pablo sourit quand on lui demande ce que les gens disent de son absence sur les réseaux : « La plupart des mecs que je croise, à qui je le dis, me réponde souvent : “Mais comment fais-tu pour rencontrer de nouvelles personnes ? ”. Ce, à quoi je réponds : “Avec mes yeux !” L’avantage de ne pas y être, c’est que je suis vraiment nouveau. Et ce qui est nouveau plait beaucoup. On ne trouve aucune de mes photos. On ne sait pratiquement rien de moi. Alors quand je viens dans un bar et que ça accroche avec quelqu’un, il y a un vrai jeu de séduction avec ce qu’on se dit… »

Et Marc-Antoine de rajouter : « Mon chéri est tombé amoureux de moi parce qu’il ne savait rien de ma vie. Il avait un peu tendance à aller fouiller sur les réseaux sociaux quand il rencontrait un garçon. Avec moi, il a fait l’effort de me découvrir et aussi de se laisser aller à de vraies confidences. Il m’a trouvé sexy d’imaginer que je n’avais pas de passé public sur la toile. »

Tu en veux encore ?