Kiko Dionisio : des photos, des garçons et des poils

Il est nĂ© Ă  Lisbonne mais a vĂ©cu toute sa vie Ă  Berlin, ville qu’il aime passionnĂ©ment. Kiko Dionisio est un vĂ©ritable metteur en scĂšne de la photographie. Chacune de ses Ɠuvres respire son amour de l’art avec un peu de poils quand mĂȘme


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D’où vient ton inspiration en général ?

Enfant, j’étais fasciné à chaque fois que nous visitions une église par toutes ces grandes sculptures et le travail de certains artistes. En regardant en arrière, je réalise à quel point la lumière qui traversait les vitraux pour caresser ces statues a un impact sur mon travail. Mon travail est un jeu d’ombres et de lumières.

Sur ton compte Instagram, tu te définis comme un artiste et non comme un photographe. Pourquoi ?

Il y a des photographes incroyables. L’un de mes préférés est Herb Ritts. Mais aujourd’hui, tout le monde peut prendre une photo avec son téléphone portable et s’autodéclarer photographe. Pourquoi pas ? Mais prendre une photo signifie plus, pour moi, que faire un simple cliché rapide. Quand je crée, je suis comme un metteur en scène, un chorégraphe, un danseur. Quand je regarde à travers la caméra, j’ai déjà une vision de ce que je vais créer. C’est beaucoup plus qu’un simple clic. Je suis le genre d’artiste qui, avant d’entendre ce clic sur la caméra, a déjà fait l’image dans la tête.

Où trouves-tu tes modèles ?

Au début, avant Instagram, je demandais à des amis, puis à des garçons sur les applications gays. Aujourd’hui, si je vais danser en club et que quelqu’un capture mon attention, je lui demande immédiatement s’il aimerait être mon modèle. Mais actuellement, je ne demande presque plus… Je suis directement approché via Insta. Le fait que des gens veuillent travailler avec moi est toujours incroyable.

Tes modèles sont souvent poilus. Est-ce quelque chose que tu aimes particulièrement et pourquoi ?

Je suis moi-même un mec poilu et quand j’étais plus jeune, je détestais tellement ça que je me suis complètement rasé. Les normes de beauté avec lesquelles j’ai grandi, même sur mes statues préférées, imposaient qu’il n’y ait pas de poils. J’ai finalement fait la paix avec moi-même et mes poils. J’ai mis mes complexes de côté et aujourd’hui, j’accepte ma toison.  

Comment construis-tu l’histoire de tes photos ?

Il y a un véritable challenge quand je rencontre un modèle chez lui ou dans un hôtel. Je ne sais pas à quoi m’attendre car je ne connais ni le lieu et ni la personne. Je dois donc travailler avec ce que j’ai et j’aime cela… Ou alors, j’ai une idée en tête bien précise, et alors, je commence à rechercher les modèles qui correspondent à mes besoins.

Certaines de tes photos se concentrent sur des parties spécifiques de l’anatomie masculine (dos, épaules…). Quelle zone du corps masculin préfères-tu ?

Je pense que, la partie du corps masculin que je préfère, est le dos. J’adore comment il peut être si fort et, en même temps, si vulnérable.

Sur les photos que tu postes de toi, tu souries toujours. C’est assez rare de nos jours. Qu’est-ce qui te rend heureux ?

Je suis ce genre de mec chanceux qui se réveille et qui est heureux. Je pense que c’est dans ma nature. J’ai des moments mélancoliques et tristes mais ils sont très rares et, en plus, je suis désespérément optimiste.

Qu’est-ce que tu aimes dans Berlin ?

J’aime que ce ne soit jamais une ville finie : la diversité des gens, l’architecture me surprennent encore après tant de années. Et j’avoue, la cuisine est étonnante.

Quel est ton meilleur souvenir professionnel ?

Lorsque j’ai eu ma première exposition Brutalisme (vous pouvez la` parcourir sur ma page d’accueil, il y a une visite en 3D), c’était des montagnes russes émotionnelles. J’ai rêvé, pendant des années, de voir mes photos dans une exposition et quand j’ai accroché la dernière pièce la veille du vernissage, j’avais comme un sentiment de paix en moi. Mon plus grand rêve s’est réalisé et j’étais rempli de joie.

As-tu des projets en cours ?

Je suis toujours à la recherche d’un espace pour présenter ma nouvelle exposition Monadikos (cela signifie « Unique » en grec). J’ai travaillé avec un des personnes transgenres, avec quelqu’un qui a perdu beaucoup de poids et qui a subi des interventions chirurgicales… Un des modèles a du vitiligo, un autre a le corps couvert de taches de rousseur. Il y a aussi une personne non binaire avec un corps rubenesque. L’exposition montre à quel point nous sommes tous beaux en étant uniques.

Vous pouvez retrouver le travail de Kiko Dionisio sur Instagram et sur son site

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