On a parlĂ© fetish et baskets avec David de l’asso belge #BEsneax

Il est Ă  l’origine de l’asso belge pour tous les kiffeurs et les fans de sportswear. Avant de vous donner rendez-vous en fĂ©vrier pour le traditionnel week-end « sneakers Â», il vous attend vendredi 2 dĂ©cembre au Jungle Bar Ă  Bruxelles pour un apĂ©ro convivial. Rencontre avec un mec bien dans ses baskets.

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Comment es-tu tombé dans le sportswear ?

C’est le fruit d’un cheminement personnel lié d’abord à ma sexualité. Je suis bisexuel et, via le milieu libertin que je fréquentais et parce que j’ai une curiosité naturelle exacerbée, j’ai pu découvrir les pratiques BDSM, de loin car ce n’est pas du tout mon trip. Elles étaient alors pratiquées principalement par des personnes attirées par le cuir et le latex. C’est ce qui m’a amené à explorer les matières. Le fétichisme est, par définition, un intérêt surdimensionné pour une chose ou un matière. Au fil du temps, j’ai ainsi découvert mon intérêt pour le nylon, le lycra et d’autres tissus plutôt doux et soyeux, ceux qui sont utilisés pour la fabrication des fringues de sports. De là, j’ai exploré les pratiques associées (sniffing, trampling…) et me suis focalisé sur les baskets.

Quelle est l’histoire de l’asso #BEsneax ?

En 2017, un peu pour déconner, j’ai participé à l’élection de Mr Sportswear Hauts-de-France à Lille car j’habitais pas loin et le patron du Privilège, mon bar favori où avait lieu l’élection, m’avait lancé le défi. J’ai terminé premier dauphin puis, suite au désistement du gagnant, je me suis retrouvé à la finale nationale à Paris pour le titre 2018. Je me suis alors dit que c’était quelque chose qui manquait en Belgique. En effet, c’est là que j’ai découvert une communauté dynamique fédérée autour d’un projet alors que les Belges vont généralement à l’étranger pour participer à des événements où on peut vivre ce fetish.

De gauche à droite : David, Max, Bono et Laurent

Quelques mois plus tard, j’ai vu que cette communauté n’était pas assez mise en lumière lors de Darklands à Anvers qui est pourtant le grand rendez-vous fetish européen. Le soir de la clôture, le 23 février 2018, je crée une page Facebook et #BEsneax est née. Il a fallu du temps pour rassembler et j’ai lancé seul la première édition des Belgian Sneakers Days en février 2020 avec la première élection de Mr Sneakers Belgium. Après la pandémie, un noyau s’est formé autour de moi et un comité à vu le jour pour faire vivre les « sneakers & sportswear lovers » en Belgique.

À qui s’adresse l’asso ?

Contrairement à notre sœur français Kiff&Gear, chez nous, c’est la basket qui est au cœur du fétichisme, pas le sportswear. Elle peut être associée à un large panel de tenues, du sportswear bien sûr mais aussi du latex, des vêtements de travail ou même du cuir. On a beaucoup de multifetish chez nous. A noter aussi que #BEsneax est une association LGBTQIA+, pas une association gay. Il n’y a aucune restriction de genre ou d’orientation sexuelle pour en être membre.

Quel est ton rôle au sein de l’asso ?

Comme je viens de l’expliquer, j’en suis l’initiateur, le fondateur. Quand un comité s’est mis en place début 2021, j’ai pris assez naturellement la présidence, une présidence choisie par le noyau dont je parlais plus tôt. Avec moi, j’ai deux vice-présidents d’exception, Laurent qui représente la partie néerlandophone du pays et Max pour la partie francophone. Toutes les décisions stratégiques sont désormais prises de commun accord en trouvant un consensus, le compromis à la belge comme on dit. Au printemps prochain, nous aurons notre première véritable assemblée générale et les membres auront la possibilité d’élire un nouveau bureau ou de nous reconduire dans nos fonctions.

J’ai l’impression que la communauté sportswear est de plus en plus visible et dynamique. Quelle est sa place dans la communauté fetish ?

Cette visibilité est vraiment nouvelle et on doit continuer à se battre pour montrer qu’on existe, qu’on vaut autant que les autres. Tout récemment, à Nice So Fétiche, certaines personnes m’ont encore dit que c’était le fetish facile pour débuter, que c’est pas cher. Je m’insurge ! (rire jaune) Le fétichisme est quelque chose de très personnel. Il est le fruit d’un parcours individuel. Vous en avez eu l’exemple avec ce qui m’a amené à créer #BEsneax. Niveau prix, quand on voit qu’une paire de TN ou d’Air Max 90, les modèles les plus appréciés, coûte pas loin de 200€, ce n’est pas vraiment donné non plus. Il faut encore s’habiller après ça. On pense souvent à tort que c’est un fetish pour les jeunes. C’est gentil pour les membres de #BEsneax dont la moyenne d’âge tourne autour de 40 ans. On est loin de l’image des petits minets !

Effectivement, elle est de plus en plus visible parce qu’elle est en attente d’une reconnaissance et d’activités dédiées, donc elle montre qu’elle existe. Jusqu’il y a peu, elle se vivait essentiellement en privé, loin des regards. On retrouve le même phénomène chez les puppies. Finalement, le mouvement #WeAreFetish initié par Gael (Mr Leather Belgium 2020-2021 et International Mister Leather 2022) aide à cette mise en lumière. On est en passe d’arriver, à défaut d’une compréhension du fetish de l’autre, au moins à un respect. On est un stade plus loin que la simple tolérance mais il y a encore du travail et ça fait partie des missions de l’association.

Sur votre site, vous écrivez que vous vous êtes rapprochés d’autres assos en France, Suisse et Pays-Bas. C’est important d’avoir un rayonnement européen ?

Kiff&Gear est née en France sur l’exemple belge. Il y a donc un rapprochement très naturel qui s’est opéré dès le départ entre nous. En même temps, on connaissait très bien l’organisateur de l’Amsterdam Sportswear Weekend qui est un Français expatrié. On a commencé à organiser des réunions ensemble pour coordonner nos actions. Parce que l’on partage la même langue, le Club Swissgayfetish basé à Fribourg nous a rejoint. Ensemble, après des mois de travail, nous avons fondé USE (United Sportswear Europe & Gear Federation).

USE se veut être un concentré de nos expertises pour tirer chacun des comités vers le haut, et peut-être aider à la création d’associations sœurs dans d’autres pays ou à voir éclore d’autres élections nationales ici et là. Travailler en réseau peut apporter beaucoup, surtout pour une communauté qui a toujours eu l’habitude de traverser les frontières pour trouver les rares événements qui lui sont dédiées.

À la Pride de Bruxelles en mai 2022

En mars prochain, à Darklands, USE aura un stand de promotion pour sensibiliser aux intérêts de notre communauté et apporter de la visibilité à nos différentes structures nationales. Nous avons même pris l’initiative de sponsoriser le social meeting du samedi. On mettra bientôt plus d’infos sur notre projet sur le site web en cours de construction car la structure n’est pas seulement ouverte aux associations mais elle l’est aussi aux afficionados.

Vous organisez régulièrement des événements pour fédérer les membres. Le prochain a lieu vendredi 2 décembre au Jungle Bar à Bruxelles. Peux-tu nous en dire plus ?

Le vendredi 2 décembre, ce sera un apéro comme on en fait tous les 2-3 mois à Bruxelles. Chez nous, un social meeting, ce n’est pas que pour les personnes directement intéressées par notre fetish. Tout le monde est le bienvenu. C’est autant l’occasion de créer des liens entre personnes partageant le kiff que de faire découvrir en quoi consiste notre fétichisme et les différentes pratiques associées. Les événements se déroulent toujours dans des lieux ouverts et accessibles à tous. On veut vraiment limiter les freins donc pas question de faire ça dans un cadre à connotation sexuelle (même si on les aime beaucoup). À la base et par définition, le fétichisme n’est pas sexuel. Ce sont les pratiques qui peuvent l’être.

L’autre temps fort, ce sont les Belgian Sneakers Days qui ont lieu en février prochain. En quoi ça consiste ?

Les Belgian Sneakers Days, 3e édition en 2023, ce sont quatre jours dédiés aux « sneakers & sportswear lovers », du 23 au 26 février à Bruxelles. C’est une sorte de Pride communautaire, mais toujours ouverte sur le monde et au monde. Il ne s’agit pas de vivre en vase clos mais d’inviter aussi à la découverte. Il y a beaucoup de moments de rencontres et d’échanges, quelques activités culturelles et artistiques, des moments festifs aussi.

Sans oublier, en point d’orgue, l’élection de Mr Sneakers Belgium 2023 !

Tout à fait. L’élection a lieu le samedi 25 février à 16h00 au Stammbar, un partenaire en or. Le vainqueur sera élu conjointement par un jury international de personnalités dont plusieurs porteurs d’écharpes et par le public présent dans la salle. L’an dernier, il y avait plus de 250 personnes présentes issues de 10 pays différents. Pour héberger nos visiteurs, nous avons conclu un deal avec un hôtel 3* à 200m du quartier gay. Ça permet à la fois d’offrir un tarif avantageux et de réunir la plupart des gens dans un même lieu où ils se croiseront au petit-déjeuner (ou dans les chambres). Cette édition, on l’espère mémorable puisqu’elle commencera exactement le jour des 5 ans de la création de #BEsneax ! Le programme complet sera dévoilé lors de notre apéro de fin d’année ce vendredi et sera disponible sur www.besneax.be.

Comment faire pour se présenter à l’élection de Mr Sneakers ?

L’appel a candidature sera lancé ce vendredi 2 décembre et les intéressés pourront s’inscrire jusqu’au 14 janvier via un formulaire sur notre site en répondant à quelques questions. En Belgique, nous avons beaucoup d’expats issus de l’Europe entière. Il ne faut donc pas être impérativement belge pour concourir. Toutefois, les candidats doivent parler usuellement français et/ou néerlandais, mais ils doivent aussi pouvoir tenir une conversation simple en anglais vu le caractère international de la fonction.

Bono, Mister Sneakers Belgique 2022

Quelles sont, pour toi, les qualités que doivent avoir les candidats ?

Le jury sera attentif à deux grands éléments dans son évaluation : le futur Mr Sneakers Belgium devra avoir une bonne connaissance de la communauté qu’il représente et avoir les épaules assez larges pour endosser le rôle que l’on lui confère. On reste conscient qu’une personnalité se construit et c’est le juste milieu qu’on doit trouver. Une chose est sûre : ce n’est ni un concours de beauté ni un défilé de mode !

Un dernier mot sur Bono, Mr Sneakers Belgium 2022 ?

Bono a été un titulaire exceptionnel, particulièrement investi. A peine élu, il partait déjà à Gran Canaria et siégeait dans le jury de Mr Superhero Europe à Darklands. Il menait les troupes dans les cortèges des Prides de Bruxelles et d’Anvers. Lors de l’élection, on demande aux candidats de présenter une bonne cause qu’ils s’engagent à défendre en cas de victoire. Bono avait choisi PUNT.vzw, une association flamande qui intervient en première ligne pour les victimes d’abus sexuels ou de discriminations liées au genre. Il a vendu des mugs « Sniff my coffee » pour récolter des fonds. L’opération a été un succès et un très beau chèque sera remis en janvier !

Bono a beaucoup changé durant son mandat. C’était un garçon timide voir réservé. Il avait d’ailleurs longuement hésité à participer et s’était inscrit à la toute dernière minute. L’ayant accompagné dans plusieurs déplacements, je l’ai vu très épanoui et nettement plus sûr de lui au fil du temps. C’est une exemple que la fonction fait l’homme ! Le jury et le public l’avaient sans doute senti lorsqu’ils ont voté, et ils ne se sont pas trompés.

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