Photos : Le cabaret interlope de Romain Berger

Une collaboration avec La BriochĂ©e de « Drag Race France Â», huit expositions en un an, et un livre qui sort, Romain Berger n’arrĂȘte pas. On aime les histoires qu’il raconte. Comme s’il rĂ©alisait un nouveau film Ă  chaque nouvelle photo


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Tu sors un livre de photos Life’s a cabaret. Que raconte-il ?

Ce livre reprend mon travail depuis 2018. Ce sont exclusivement mes photos masculines car l’éditeur (Men on paper art) est spécialisé dans ce domaine. Les quelques photos de drag queens ou de femmes n’en font donc pas partie. L’ouvrage fait 80 pages et c’est mon premier livre non auto-édité. C’est donc un véritable honneur pour moi. Je ne pouvais pas dire non. Avoir un livre à son nom après 4 ans de carrière, c’est plutôt un beau cadeau.

Le titre du livre et l’esthétique de tes photos nous ramènent dans le monde interlope du milieu du XXe siècle. Est-ce une période qui t’inspire particulièrement et pourquoi ?

Sur mes dernières créations, en effet, on retrouve un peu cet esthétisme. Ce n’était pas le cas auparavant. Mes couleurs ont pas mal évolué ces derniers mois. On retrouve un peu ce grain et ces effets de lumière d’après-guerre. Ça rajoute une touche underground que j’aime beaucoup. Avant, on était plutôt sur quelque chose de très retrowave des années 1980, avec les couleurs bleues et rouges. Aujourd’hui, je suis davantage sur des couleurs rouges, verdâtres et jaunes. L’ambiance hôtel miteux et crasseux, je trouve ça vraiment sexy !

James Bidgood, Pierre et Gilles et même David LaChapelle… Tu nous fais penser à beaucoup de photographes iconiques de la culture gay. Qui sont ceux que tu apprécies particulièrement ?

Il n’y a qu’en France où l’on me fait référence à Pierre et Gilles la plupart des temps (rires). James Bidgood et David LaChapelle, sont réellement des maitres pour moi. Ils sont inévitablement des inspirations. J’étais en contact avec James pendant deux ans avant sa mort. Nous échangions quelques fois via Facebook et j’avais beaucoup d’admiration pour cet homme qui n’a jamais été reconnu à son talent. J’aime aussi beaucoup Mapplethorpe. Sinon, ce sont des réalisateurs comme Gregg Araki, Wong Kar-wai ou Xavier Dolan.

Comment fais-tu pour transporter tes modèles dans ton univers décidément très imagé ?

Ce n’est pas très compliqué car je sais toujours précisément ce que je veux. Mon travail étant très cinématographique, je peux facilement leur raconter l’histoire de la photo. Je leur explique s’ils sont mariés, hétéros, soumis, ce qui se passe dans la tête de leur personnage etc… C’est vraiment construit de la même façon que lorsque je tournais des films. Avant un shooting, lorsque je dois sélectionner un modèle, je lui raconte l’histoire sans rentrer dans les détails car je veux qu’il arrive sans y avoir trop réfléchir. Les modèles refusent rarement mes idées maintenant qu’ils peuvent voir le résultat des autres créations. Au début, c’était plus compliqué.

Tu as travaillé avec La Briochée de Drag Race France. Comment s’est passé le shooting ?

C’était une rencontre et une superbe expérience. La Briochée m’avait ajouté sur les réseaux sociaux une semaine avant le lancement de Drag Race France. Je ne la connaissais pas du tout. On a commencé à discuter. Je l’ai découverte au début comme tout le monde, à la télévision. Très rapidement, une vraie affinité nous a liés. On a commencé à parler de collaboration, je lui ai proposé des idées de thèmes qu’elle a tout de suite adorés et, un mois plus tard, elle était chez moi pour réaliser notre shooting.

Aujourd’hui, on a gardé un contact très rapproché et je peux dire qu’on retravaillera ensemble, c’est certain. Elle est devenue une amie que j’aime beaucoup. J’ai également un shooting de prévu en décembre avec Elips. Le contact a été le même qu’avec La Briochée. Les idées sont déjà calées. Il n’y a plus qu’à commencer à travailler sur les décors et attendre sa venue. C’est assez excitant, je dois l’avouer.

Quel est ton plus beau souvenir professionnel ?

C’est sûrement cliché de dire ça après vous avoir raconté cette histoire, mais je crois réellement que c’est ce week-end passé avec La Briochée qui reste l’un de mes plus beaux souvenirs. On a beaucoup travaillé, on a fait un super boulot je trouve. Tout a été super fluide, j’avais une équipe en or à mes côtés et, en dehors du travail, on s’est amusé comme des petits fous. Pour vous dire, en toute intimité, nous avons fini le jour du shooting à faire la fête dans un château pour l’anniversaire d’un ami. Une chose totalement imprévue qui nous a laissé des souvenirs mémorables.

As-tu des projets en cours ?

J’ai beaucoup de projets en cours, peut-être un peu trop même (rires). Fin octobre, un livre de 400 pages édité à Berlin et intitulé Sex utopia va sortir. Je fais partie des 70 artistes présents dans ce livre aux côtés de Pierre et Gilles et Bruce la Bruce. J’ai beaucoup de clients dans mon agenda jusqu’à fin 2022, le shoot avec Elips à préparer, une exposition à Genève qui dure jusqu’au 31 Octobre. En collaboration avec une photographe rennaise, je travaille sur un jeu de tarot avec des photos de drag queens. J’ai dans l’idée, également, de travailler durant plusieurs mois sur la réalisation d’un livre photo encore une fois centré sur les drags de toute les régions de France.

Je me relance en parallèle dans l’écriture d’une web-série car le cinéma me manque énormément et j’ai aussi toutes mes nouvelles créations photographiques à shooter. Un programme chargé qui risque de se remplir encore car j’attends des retours pour de nouvelles expositions. Mon objectif final c’est de partir vivre à Berlin dans un an, quitter la France qui n’est pas l’endroit où mon travail fonctionne le mieux. Huit expositions en un an et seulement une en France… je veux m’épanouir ailleurs.

Vous pouvez retrouver le travail de Romain Berger sur Instagram et sur son site Life’s a Cabaret, disponible ici

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