Sylvain & Jérôme : “Nous avons divorcé 6 mois après notre mariage”

Un peu poussés par leur entourage, Jérôme, 34 ans et Sylvain, 38 ans, ont décidé de se marier en 2021. Mais ce « vieux couple » comme ils se définissent n’a pas trop aimé la sensation et a entamé une procédure de divorce 6 mois après. Avec cette fois, l’idée de ne plus « faire comme les hétéros ».

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« Je n’ai jamais été fan de l’idée du mariage » nous dit Sylvain, 38 ans. En visio, lors de l’interview, on sent une énorme complicité entre les ex-époux : l’un finit les phrases de l’autre, ils plaisantent, à tel point qu’on leur demande s’ils forment à nouveau un couple. Eh bien, non. Après quinze ans de love-story et un mariage, ils ont mis fin à l’histoire, d’un commun accord.

Tout a commencé quand ils étaient étudiants. « J’ai tout de suite repéré ce petit brun sur les bancs de la fac et je suis allé lui parler direct. Il ne savait pas très bien où il en était, je crois même que j’ai été son premier amant, au sens où on a fait l’amour dans un lit, longtemps, souvent » se souvient Sylvain en souriant. Jérôme approuve, le coup de cœur a été dévastateur, ils ont fait leur coming-out ensemble, sont allés voir leurs parents respectifs et ont très vite été le premier couple gay visible sur le campus.

Premier boulot, premier job, tout s’est enchaîné sans difficulté, avec une entente sexuelle qu’ils jugent quasi-parfaite. « Mais nous étions des bébés, et passés la trentaine, quand le mariage est devenu possible, notre entourage nous a mis une pression assez forte, régulière » explique Jérôme.

Une famille insistante

Entre la mère qui rêve de se choisir une robe et la petite sœur qui veut organiser l’enterrement de vie de garçon dans le bar gay de la ville, tout le monde a une idée. Un cousin propose son restaurant pour la fête et tout se met en place. Sylvain et Jérôme suivent, ils sentent que ça fait plaisir à tous, les témoignages d’affection sont nombreux. Ils refusent bien d’inviter quelques cousins éloignés pas très cools, mais pendant 4 mois de préparation, il y a toujours un truc à faire : choisir le vin, les nappes, le DJ, d’autant plus que les parents ne se montrent pas radins : ça sera un « grand » mariage avec 90 invités.

La fête se passe bien, la nuit de noces est tendre sans ressembler au grand soir. Un plan à trois avec le barmen du mini-château où ils logent ? Ils y pensent mais ont un peu trop picolé, ils le verront plus tard, chez eux, au calme. Car sous la couette, ça n’est plus aussi torride. « Je ne sais pas si c’est la bonne comparaison, mais je crois que nous sommes un peu comme les couples qui ont débuté au lycée, on s’aime beaucoup, on connaît tout de la vie de l’autre mais la fougue n’est plus là » commente Sylvain.

“Je veux que ça soit un peu plus rock’n’roll” 

Peu à peu, ils se disent que leur histoire est devenue trop plan plan, qu’ils sont plus d’excellents amis que des amants. « Nous savions tous les deux que nous resterions proches en cas de séparation. Le mariage nous a aidés à voir que nous voulions des trucs un peu moins classiques, dans des domaines où nos goûts ne sont pas les mêmes. » Bien sûr ! Mais la longue vie en couple n’est-elle pas faite d’une routine affectueuse, rassurante ? Pas pour eux ! « Je veux que ça soit un peu plus rock’n’roll » plaisante le plus jeune.

La famille a été sous le choc, mais continue de les inviter ensemble. Le notaire leur a dit que c’était assez courant de changer d’avis après une cérémonie forte en symboles. Jérôme s’est proposé comme garant quand Sylvain a loué un nouvel appart. Ils se voient souvent, se parlent presque tous les jours et gardent un lien qu’ils disent exceptionnel. Aucun des deux ne cherchent à se caser mais ils ont le sentiment que tout est possible : partir à la mer sur un coup de tête avec un inconnu, ne pas rentrer dormir après une soirée en boite, faire autre chose que des soirées Netflix dans le canap’, chauffer un inconnu sur une appli et pouvoir recevoir…

Ils s’apprêtent à goûter, un peu tard, aux plaisirs foufous de la vie étudiante qu’ils n’ont pas connus, avec le confort d’un budget de salarié. Sans avoir rien perdu d’autre que quelques euros et des costumes, qui de leur propre avis, seraient importables dans la vie réelle, « car ils font un peu trop série américaine » !

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