Elizabeth II et les gays : une grande histoire d’amour ?

Elizabeth II est dĂ©cĂ©dĂ©e. Les hommages Ă  la souveraine se succĂšdent, et saluent la longĂ©vitĂ© de son rĂšgne. Elle Ă©tait Ă  la tĂȘte du pays depuis plus de 70 ans. Les gays l’adoraient mais quelle empreinte aura-t-elle laissĂ© en matiĂšre de droits LGBT+ ?

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On ne savait que très peu ce que pensait la reine. Son rôle lui imposait une neutralité extrêmement encadrée. Elle est bien intervenue ici ou là sur des sujets de société, notamment lors de son traditionnel Discours du trône, mais c’était surtout dicté par la politique du Premier ministre en poste.

Par exemple, quand elle a annoncé qu’un projet de loi pour l’ouverture du Mariage entre personnes de même sexe, verrait le jour en 2014, elle ne faisait que formaliser une décision de David Cameron, Premier ministre de l’époque. De la même manière, en 2021, elle a annoncé la fin des thérapies de conversion (thérapies de réorientation sexuelle en anglais), décidée par Boris Johnson. La grâce royale à titre posthume d’Alan Turing lui est aussi souvent créditée. Pourtant, comme dans les deux exemples précédents, elle a été accordée à la demande d’un ministre conservateur : Chris Grayling.

Elle était cependant devenue avec le temps, la grand-mère de tous les Anglais, personnes LGBT+ incluses, même si elle n’a pas été un soutien très remarqué durant toutes ces années où la communauté a été souvent éprouvée… Sans parler évidemment de l’épisode de la mort de la Princesse Diana ! Et puis, il faut noter qu’en tant que Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, Elizabeth II était aussi chef du Commonwealth, dont deux membres, le Sultanat de Brunei et une partie du Nigeria, punissent l’homosexualité de… la peine de mort !

Les gays, les invisibles d’Elizabeth II

En 2012, deux ans avant la promulgation de la loi du Mariage pour tous au Royaume-Uni, l’activiste anglais Peter Tatchell, s’est fendu d’une tribune au vitriol sur la Reine dans le très respecté The Guardian. Il débute cette tribune ainsi : « Bien que je doute qu’Elizabeth II soit une homophobe enragée, elle ne semble certainement pas favorable aux homosexuels. Pas une seule fois au cours de ses 60 ans de règne, elle n’a publiquement reconnu l’existence de la communauté LGBT – ou des membres homosexuels de sa propre famille royale. » Il a rappelé aussi qu’elle avait été plutôt claire dès qu’il s’agissait de racisme, d’antisémitisme ou d’islamophobie. Mais jamais, jusqu’alors, en 60 ans de règne, elle avait prononcé les mots « gay » ou « lesbienne » en public…

Autre exemple, alors qu’elle se déplaçait systématiquement sur les lieux d’attentats britanniques ou dans les hôpitaux où étaient soignés les victimes, elle n’a pourtant pas daigné se rendre au pub gay, l’Admiral Duncan à Soho (Londres), où en 1999 un néonazi a tué trois personnes et blessé 70 autres.

Du mieux en fin de règne

Quand la loi sur le Mariage pour tous a été promulguée, la seule réaction de famille royale a été de demander des exceptions pour les titres, parce qu’un homme ne peut pas devenir Princesse de Galles, s’il épouse le futur roi du Royaume-Uni… Le message n’est pas très gay-friendly.

C’est Stéphane Bern, dans un documentaire diffusé par BFMTV, qui explique que le chanteur Elton John a écrit personnellement à la Reine. Il lui a dit : « Je suis marié avec David Furnish, je suis Sir Elton John, si j’étais marié à une femme, mon épouse serait Lady John. Comment va-t-on appeler mon mari ? » Elizabeth II lui a répondu : « Vous avez tout à fait raison. Votre mari sera donc désormais l’Honorable David Furnish. » 

La Reine aurait-elle changé à sa fin de vie ? En 2016, elle a remis le Queen’s Award for Voluntary Service, la plus haute distinction du pays pour des œuvres de charité à London Friend, une association de soutien et d’aide aux personnes LGBT+… Avec la bénédiction qu’elle a accordé à son cousin quand il s’est marié en 2018, avec son compagnon, on pourrait imaginer que la Reine avait changé.

Mais c’était sans compter sur le conservatisme de la famille royale. En 2018, un valet personnel d’Elizabeth II fait la Une des tabloïds : il est gay. Ollie Roberts, un jeune de 21 ans est alors rétrogradé au rang de simple valet. Un témoin a déclaré au Sun : « Ils lui ont dit qu’il était un peu trop médiatisé et qu’il n’était pas là pour attirer l’attention sur lui. » Quand ça veut pas… Heureusement, les héritiers de la Reine, et notamment les enfants de Diana, William et Harry, sont des fervents défenseurs de la communauté LGBT+…

Tu en veux encore ?