Polar, romans, BD… 5 livres LGBT à dévorer cet été

Des rapports mères-fils compliqués et pleins de secrets, des amours gays en pays homophobes, une liaison sur fond de trafic d’art, les souvenirs d’une reine des nuits parisiennes… Polars, romans, BD et mémoires, cinq livres à dévorer au soleil.

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Reine de la nuit

C’est à un voyage dans le temps que nous invite Galia, celui où les nuits parisiennes s’écrivaient au Carrousel, chez Madame Arthur ou à l’Alcazar. Dans ces cabarets où les “spectacles de travestis” – comme on disait alors – avaient pour vedettes Bambi et Capucine, la jeune Galia faisait ses débuts, enchaînant les revues, les tournées internationales, les rencontres, les rêves de gloire, fréquentant le 7, le Colony, croisant la route des plus grandes stars de ce début des années 1970… Tout cela, elle le raconte avec verve, faisant revivre cette époque, retraçant aussi son parcours intime, ce long voyage vers elle-même qui trouva sa consécration dans une clinique en octobre 1980. On dévore ces souvenirs avec gourmandise, parce que Galia, reine des nuits à la langue bien pendue, est une excellente conteuse, et que c’est une page de l’histoire trans qu’elle fait revivre.

Galia Salimo, Quelque chose en moins… ou en plus, éd. Robert Laffont, 19 €.

Secrets

Une Mercedes fonce sur un jeune homme, Alexis, quelque part aux États-Unis, au cœur des montages des Catskills. Dans la nuit nantaise, un téléphone sonne, celui de Catherine. Marc, un inconnu, lui annonce que son fils est dans le coma. Ils vont faire ensemble le voyage outre-Atlantique…

C’est un roman plein de secrets que nous livre Benoît d’Halluin pour ses débuts en littérature avec cette Nuit sans aube. Secrets de famille, secrets intimes, non-dits… tout s’y révèle progressivement : le couple Alexis-Marc dont Catherine ignorait tout, les traumas anciens de l’un, les espoirs de l’autre… On les découvre au fil d’allers-retours dans leurs passés qui fournissent à l’auteur autant d’occasions d”évoquer le coming out, les abus sexuels, l’homoparentalité, les coups d’un soir, la solidarité dans un couple… Il le fait sans esbroufe, avec une grande tendresse pour ses personnages, une tendresse que l’on partage au fil des pages de ce roman plein de charme.

Benoît d’Halluin, Une nuit sans aube, XO Editions, 19,90 €.

Face à l’adversité

Djamil rêve d’être danseur. Nadji, lui, est un pêcheur qui aime le violon. Ils se rencontrent lors d’un mariage. Ils s’aiment. Cela pourrait s’arrêter là. Pourtant, ils sont bientôt emportés par le souffle tragique de l’Histoire. Avec Les Garçons de l’amour, Ghazi Rabihavi nous livre l’épopée d’un couple de jeunes iraniens contraints de se débattre devant le basculement de leur pays. Le roman se situe, en effet, dans cette fin des années 1970 où le régime occidental du Shah d’Iran est renversé par la révolution islamique menée par l’ayatollah Kkomeini, ce moment où les mollahs se mettent à semer la terreur dans le pays, où les bombes tombent et où les femmes, en quelques mois, se retrouvent voilées. Pour les deux amoureux, le seul espoir réside dans la fuite. Ce qui fascine dans ce roman, c’est le mélange permanent de violence — celle de l’extérieur — et de douceur — celle qui lie les deux hommes. Ghazi Rabihavi nous livre un roman puissant, magnifique, bouleversant, à la fois roman d’amour et roman politique.

Ghazi Rabihavi, Les Garçons de l’amour, Le Livre de poche, 8,70 €.

Contre la montre

Un tableau volé signé Francis Bacon, d’une valeur de 5 millions d’euros. Un tueur à gages. Une propriétaire narcotrafiquante. Un empoisonnement. Un trafiquant d’art amoureux du tueur. Des flics bien sûr. Mélangez tout cela, et vous obtenez un des plus savoureux polars du moment, le second (après Le Goût du rouge à lèvres de ma mère) d’une Toulousaine passionnée de romans noirs américains et qui en a parfaitement assimilé les codes : le rythme haletant, l’ironie, la noirceur, les personnages ambivalents… Trente grammes est tout cela, porté par une écriture fébrile qui ne laisse pas une seconde de répit à des lecteurs emportés dans cette course folle contre la montre, c’est-à-dire ici contre la mort…

Gabrielle Massat, Trente grammes, Points, 8,80 €.

Histoire d’amours

C’est un roman graphique d’une infinie sensibilité venu de Corée que ce Changement de saison, première œuvre commune d’un duo d’auteurs qui en ont signé trois autres depuis et les ont portés à l’écran. On y fait la connaissance d’un jeune couple de garçons, Su-hyeon et Yong-jun, qui vivent leur amour dans le secret vis-à-vis de la mère du premier. Pour elle, ils ne sont qu’amis. Elle s’attache peu à peu à Yong-jun, un orphelin, et en fait un fils de substitution lorsque le sien part au service militaire. Mais lorsque le destin lui révèle la vraie nature du lien qui unit les deux jeunes hommes, sa réaction est terrible… Les dessins épurés de JeongYi-yong et les textes simples et émouvants de Lee Dong-eun se marient parfaitement pour raconter cette histoire d’amours — celle de deux hommes, celle d’une mère pour son fils… — et de découverte de l’autre.

Lee Dong-eun, JeongYi-yong, Changement de saison, Editions Ça et là, 22 €.

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