Ciné : “Un visa pour la liberté – Mr Gay Syria”

Quand un concours de beauté devient le symbole de la liberté pour des homosexuels persécutés dans leur pays et en exil, cela donne « Mr Gay Syria », passionnant documentaire aux personnages formidablement attachants qui sort en salle ce mercredi 11 mai.

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Au départ de ce documentaire, et jusque dans son titre même, il y a un pays qu’on ne verra jamais, un pays rongé par une guerre interminable et hanté par le fantôme de Daech, un pays soumis à un régime de terreur où les homosexuels sont contraints à la clandestinité : la Syrie. Comment dans un tel pays imaginer un concours tel que Mr Gay Syria ? C’est impossible bien sûr. Mr Gay Syria est le fruit d’un exil — celui de son organisateur, Mahmoud, comme celui de ses participants, Hussein et Omar en tête —, mais il n’est pas une fin en soi : c’est d’abord et avant tout, pour tous, l’espoir d’une autre vie, leurs vies, ailleurs, dans des contrées où il seront enfin libres d’être eux mêmes.

Le film de Ayse Toprak suit tout ce processus qui naît dans l’esprit de Mahmoud, un ancien journaliste syrien vivant désormais à Berlin où il travaille pour une ONG qui aide les demandeurs d’asile LGBT, et où il a fondé la première association gay syrienne. Pour donner une visibilité internationale à la situation terrible et particulière des LGBT dans le chaos de la tragédie syrienne, il a le projet fou de créer un concours dont le vainqueur deviendrait le premier gay du moyen-orient à participer (et à gagner peut-être) à l’élection de Mr Gay World qui doit se dérouler à Malte. On ne saurait limiter cette compétition à un concours de beauté puisque son heureux élu devient en quelque sorte l’ambassadeur des droits des homos à travers le monde. Mr Gay Syria naît de là.

Ayse Toprak s’attache alors aux participants à cette aventure, en particulier Hussein, coiffeur de 24 ans, mais aussi Omar, cuisinier fantasque et amoureux. Tous deux vivent désormais en exil eux aussi, à Istanbul, et fréquentent la petite et bouillonnante communauté LGBT d’une métropole turque où l’homosexualité n’est que tolérée.

Le récit de Mr Gay Syria s’intéresse ainsi à leurs parcours, à leurs désirs, à leurs destins, montrant leur courage, leur force, leurs blessures bien sûr, leurs accommodements pour s’en sortir (Hussein a dû se marier pour survivre et est père d’une fillette), mais surtout leur incroyable humour, leur capacité de résilience, leur goût de vivre.

Le film tisse cela avec finesse avec leurs préparatifs pour le concours, moments d’intimité, de complicité, de folie plus que bienvenus qui viennent contrebalancer ce que l’on devine de drames dans les motivations de ces garçons. On ne dévoilera pas la fin de cette histoire, mais elle dit bien que ce concours n’est pour eux qu’une étape dans un combat de longue haleine avant qu’ils puissent trouver la paix et la liberté, loin des camps de réfugiés, avec un visa dans la poche…

Un visa pour la libertéMr Gay Syria, de Ayse Toprak. Sortie le 11 mai.

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