Rencontre avec Albron à l’occasion de la sortie de sa 1ère anthologie

David Foissard : Salut Alex ! Tout d’abord, je crois savoir que tu ne te définis pas comme un dessinateur en tant que tel, mais plutôt comme un sculpteur/illustrateur 3D. Est-ce que tu peux nous expliquer la différence ?

Alex Bronnings : La différence est toute simple . Le dessinateur dessine, que ce soit avec un crayon, un stylo, une plume ou un stylet en numérique. Moi, je sculpte mes personnages en 3D dans Zbrush, un logiciel de sculpture numérique puis, je fais des rendus 3D de mes sculptures dans Blender (un logiciel 3D très polyvalent) où je peux ajouter des cheveux, des poils, des matériaux particuliers (peau, etc) et créer des environnements, des accessoires… J’ai trop de respect pour les dessinateurs pour dire que je fais des dessins.

Tu crées donc tes illustrations de A à Z, ce ne sont pas des manipulations de photos mais réellement des créations uniques, des personnages jusqu’au moindre détail de décor !

Oui, ce sont bien des créations uniques. Le calcul de la lumière par le logiciel fait que l’image peut parfois sembler réaliste (même si les proportions de mes personnages ne le sont pas), mais ce ne sont pas des photos. J’utilise d’ailleurs Cycles, le moteur de rendu réaliste de Blender qui se rapproche au plus près du rendu de la lumière dans la réalité (calcul des ombres, des rebonds lumineux, des transparences, tout est bluffant de réalisme.)

L’ironie veut que les réseaux sociaux comme Instagram ou Facebook considèrent mon travail comme de la photographie, car « résultat réaliste d’un travail de lumière ». Je suis donc sujet aux contraintes de la photographie et non du dessin concernant la nudité dans mes images (Instagram autorise des dessins de nus mais pas de photos de nus).

Comment trouves-tu l’inspiration pour tes créations ? Est-ce que tes fans te suggèrent parfois des idées ?

Aujourd’hui, l’inspiration est partout sur internet, sur les réseaux sociaux, etc… Il y a tellement de sources d’inspiration que cela parait presque intarissable. D’autres part, oui, mes donateurs sur Patreon peuvent suggérer des thèmes chaque mois et voter ensuite pour élire leur thème préféré. Je transforme cette suggestion en image le mois suivant.

Tu illustres principalement des hommes très musclés ; est-ce pour répondre à une demande de tes fans ou bien est-ce tout simplement parce que tu adores les muscles ?

J’ai toujours aimé dessiner des mecs musclés. Même tout petit, je le faisais déjà… Donc je continue juste de dessiner finalement ce qui me plait. C’est une chance incroyable de pouvoir vivre d’une telle passion. Jamais je ne me serais imaginer enfant que cette activité que je faisais en secret allait devenir mon métier des années plus tard.

Tu vas enfin sortir ton premier livre ! Peux-tu dire à nos lecteurs en quelques lignes ce qu’il va contenir ?

Le livre est une grande collection de toutes mes images réalisées depuis que j’ai créé ma page Patreon, en 2015. En créant en moyenne 3 ou 4 images par mois, cela fait beaucoup d’images à montrer. Le livre contient aussi une partie « Making of » où j’explique mon processus de travail pour réaliser une image de A à Z.  Je montre également comment j’ai créé le personnage de base qui me sert pour faire chacun de mes modèles.

C’était un long processus d’apprentissage des outils 3D et de la recherche du style que j’ai aujourd’hui. 4 ans de travail résumés en quelques pages. Nous avons également inclus un bel entretien avec Thierry Hornet, un talentueux journaliste à qui j’explique mon parcours, mes influences et une sorte de réflexion sur mon travail… C’était un échange très intéressant et enrichissant.

Tu as un site Patreon où les gens peuvent contribuer chaque mois et recevoir des versions de tes illustrations bien plus explicites que sur les réseaux sociaux, ainsi que des versions alternatives ; est-ce que le livre contiendra aussi ce genre de versions ?

Oui, les 240 pages du livres permettent de voir toutes mes images en grand format mais également de nombreuses déclinaisons faites à la base exclusivement pour mes donateurs sur Patreon. Il y a des rendus grisés sous différents angles, des rendus aux traits et aussi des rendus en couleurs également sous d’autres angles que celui choisi pour l’image principale.

Cela permet de voir une même image avec différents aspects de rendus et découvrir parfois des secrets cachés (une main posée sur des fesses que l’on ne voyait pas sur la vue de face, par exemple). Les images principales sont parfois habillées, parfois nues, selon ma préférence. Certaines images sont pensées « habillées » où l’érotisme de l’habit est plus fort qu’un simple corps nu. Et parfois, c’est l’inverse, le nu était l’idée première et la version habillées n’existe que pour être diffusée sur les réseaux sociaux.

Les versions alternatives, elles, sont toujours nues car réalisées uniquement comme cela pour mes donateurs.

Il y a actuellement un financement participatif en cours jusqu’au 11 mai 2022 (sur kickstarter) pour financer ce livre avec plein d’options disponibles, notamment une version limitée de la couverture avec un effet 3D en image lenticulaire ! Comment vis-tu cette expérience de financement participatif ?

Au moment où je vous parle, il reste encore 15 jours à la campagne Kickstarter avant de se terminer. C’est une expérience assez incroyable. Déjà parce que la réception du projet par les gens qui suivent mon travail a été très intense. Le projet a atteint les 100% de financement en moins de 24 heures. Ceci a quand même enlevé beaucoup de stress à cette expérience, le livre étant garanti de voir le jour. Par contre, il a fallu imaginer de nouvelles récompenses car les premiers paliers du Kickstarter (avec chacun une récompense à la clé) ont été dépassés très rapidement.

Bref, beaucoup d’émotions, de gratitude envers les gens qui ont soutenu le projet si fortement et de joie finalement. La joie de voir ce livre devenir réalité. Il reste maintenant à bien le terminer et à le voir sortir des presses de l’imprimeur.

The Art of ALBRON,
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Crédits photos : Albron