TĂ©moignages : “Je ne couche jamais le premier soir”

Ils sont mignons, pas timides pour deux sous et ont essayĂ© pas mal de modes de rencontres. Au fil des annĂ©es, sans devenir bĂ©gueules ou coincĂ©s, ils ont choisi de ne plus se prĂ©cipiter. Et selon eux, c’est carrĂ©ment mieux.

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A 32 ans, Jérôme a roulé sa bosse. Une union en couple fermé qui a duré 8 ans, avec un fiancé rencontré à la fac et puis pas mal d’amants, débusqués en forêt, sur les applis et dans les bars. Il a le mollet ferme, la jambe musclée, la bosse du short qui promet de savoureux moments. Depuis l’anniversaire de ses 30 ans, où il a fini en string sur des photos que tous ses amis ont gardées, il a décidé « de ne plus y aller quand il n’est pas sûr. » Pas sûr de quoi, d’avoir une bague, un dîner, un orgasme ? Non non, pas sûr d’en avoir vraiment envie. « J’ai été un gros consommateur, et parfois, c’était un peu par ennui, par réflexe, un peu comme face à un paquet de gâteaux. On se contenterait bien d’un ou deux et on se les prend à la file » confie-t-il sans saisir le double sens de ses propos.

Les hommes ne seraient-ils pas de délicieuses gourmandises, à croquer quand l’envie nous prend ? Pour Jérôme, pas du tout : « Oh non, je distingue le réflexe un peu primitif, le besoin de plaisir que je peux m’offrir seul et le moment un peu plus sacré, avec un échange et surtout un maximum de désir vraiment partagé. »

Dans la ville moyenne où il habite, il surprend les garçons des applis en leur disant vouloir d’abord prendre un verre et rien de plus. Quand on lui demande avec combien des rendez-vous en live il se laisse aller, il nous rétorque qu’il faut arrêter avec les chiffres. « Dans le documentaire sur l’escroc des applis (L’arnaqueur de Tinder, sur Netflix), une fille parle de 1300 matchs, mais on ne cherche pas les Like ou les partenaires comme les récompenses à l’école. Je préfère prendre une bière avec un garçon drôle qui ne me fait pas envie, sans regarder ma montre, qu’offrir un orgasme à un type qui garde son téléphone en main parce que sa femme le flique. » Serait-il devenu plus sélectif ? « Disons que je ne veux pas être un Kleenex. »

Il s’accorde le temps, voit si le gars lui plaît au-delà de la photo, s’il a fait un petit effort de présentation pour venir le voir. Le désir, quand il est présent, prend le temps de progresser, l’envie monte, c’est moins affolant mais tout aussi intense. C’est au deuxième rendez-vous ou au troisième que l’affaire se conclue et ça change tout, en termes d’estime de soi. « Je ne suis plus celui qui va réaliser les pratiques préférées du mec en m’oubliant. On s’est parlé un peu, on va plus loin, c’est moins anonyme. Depuis que je fais ça, j’ai l’impression d’être passé du Flunch au bistro gastronomique. »

Un plaisir, pas une obligation

« Je me suis tant de fois retrouvé à passer au lit avec des types qui ne me faisaient pas décoller, que c’est mieux de les faire attendre un peu » nous explique Léo. « Soit parce que j’avais fait le déplacement, soit parce qu’ils étaient venus, je me suis parfois senti un peu obligé. » A 38 ans, ce joli blond ne croit plus trop aux échanges directs du type « t’aimes quoi ? » : « Je peux adorer un truc avec un garçon qui le fait en kiffant me faire plaisir, et détester quand c’est mécanique. Je ne juge pas mais un copain m’a raconté une visite à Vincennes en nombre de mecs, je pensais juste au soleil, aux bruits des oiseaux, au calme. »

Pas plus romantique qu’un autre, il n’a jamais éprouvé ce désir intense et irrésistible pour un parfait inconnu, le truc qui l’aurait mené au septième ciel. « J’ai besoin de me sentir à l’aise, de connaître un minimum le gars. Je ne dirais pas que tout le monde se prétend entrepreneur, mais certains, dans leurs profils, enjolivent tellement qu’aujourd’hui, je vais aborder celui qui met des banalités dans son profil, ça devient presque un critère de ne pas en rajouter. » Léo compare cela au timide dans un bar qui peut se révéler au fil des jours, alors que le frimeur super vantard va souvent décevoir. Il nous cite même, eh oui tout arrive, Hélène Ségara ! La chanteuse affirme ne pas être un coup d’un soir, et ne l’avoir jamais été.

« Quand c’est bien, un soir, ça n’est pas assez, et quand c’est nul, c’est déjà trop » ajoute Léo. Il dit chérir les applis de rencontre, être ouverts aux aventures avec un peu de joie mais ne peut pas garantir qu’il va trouver une peau attirante après avoir vu uniquement une photo de profil. Alors il propose des lieux de rendez-vous que les mecs trouvent étonnants…ou flippants : le jardin public, le zoo, la petite terrasse de bistrot tranquille ou l’entrée du cinéma pour une séance. « J’ai affaire à des mecs qui ont un peu de curiosité et croyez-moi, dans un lit, ça se ressent. Le garçon ne va pas rejouer la même partition, mais improviser, mettre un peu de temps à penser à ce qu’il va me faire au second rendez-vous. Ce n’est pas frustrant, c’est plutôt stimulant. »

Léo et Jérôme ont tous les deux le sentiment d’avoir réduit le nombre de plans médiocres pour rencontrer de vrais « partenaires ». Leur carnet d’adresses, à les entendre, est rempli de bons coups qui valent le coup. Et on a bien envie de les croire.

Tu en veux encore ?