Leona Winter : « Je rêve de faire l’Eurovision ! »

C’est l’une des drag-queens françaises les plus connues. Après une demi-finale de The Voice en 2019, elle a participé à Queen of the Universe, avec la team Rupaul, en Angleterre. Depuis janvier, Léona mène avec panache et abattage la superbe revue Folle Illusion, à l’affiche du cabaret La nouvelle Eve, jusqu’au 20 avril. Amour, gloire et paillettes, Leona lève le voile pour Jock, avec une incroyable gentillesse.

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Peut-on savoir d’où vient votre nom de scène ?

C’est un hommage à Léona Lewis, une diva de la trempe de Mariah Carey, révélée par X Factor en 2006. Dans la vie, mes amis m’appellent Léo, un diminutif et plus généralement Rémy quand je suis en garçon, et Léona quand je suis en femme.

Vous préférez la dénomination de drag-queen ou d’artiste transformiste ?

Le transformisme est réservé aux ressemblances, ce que je ne fais pas. Je dis “drag”, mais Léona est un personnage sur scène. C’est la même famille d’expression artistique, avec différents courants, comme il en existe en peinture. J’ai débuté le drag il y a dix ans, en Espagne, et j’ai chanté et dansé très jeune sur scène, en garçon.

Avec Folle Illusion, vous devenez meneuse de revue, est-ce une première ?

Oui et c’était un de mes rêves. Je suis fasciné par les plumes et les paillettes, je voulais intégrer une revue et je n’imaginais pas la mener. Je me suis demandé si j’étais à la hauteur, si j’avais la légitimité alors j’ai essayé de jouer ce rôle sans dénaturer les autres artistes, je voulais que chacun prenne sa place. Les artistes de la revue sont des artistes que je suivais déjà et je les admire beaucoup. Comme je suis timide, je ne leur dis pas toujours. 

C’est une véritable revue drag, dans un authentique cabaret de Pigalle. Qu’est-ce qui le plus agréable dans cette nouvelle aventure ? 

Pour moi, c’est la confiance que l’on s’accorde entre artistes. Le dialogue est possible, encouragé même par la production, Richard Bertrand et son équipe de Amor y tortilla. Chacun est écouté, on fait les choses avec cœur, on suit notre intuition. Tout le monde peut aider, apporter quelque chose aux autres artistes.

Carolina, Golda Shower, Gyzel Schatzi…Vous partagez la scène avec de vraies divas, c’est donc une ambiance zen, personne ne se crêpe le chignon en coulisses ?

Non, ça n’est pas zen, c’est drôle, tout le monde court partout. L’ambiance des loges est joyeuse, pleine d’humour et de partage. Il y a une véritable alchimie, personne ne tire la couverture à soi, c’est sans aucune rivalité, ni tension, je le souligne parce que c’est rare. On a créé une petite famille.

Avez-vous le sentiment que les drag-queens françaises passent une étape pour arriver enfin sur de belles et grandes scènes, comme c’est le cas dans d’autre pays ?

Il y a déjà eu quelques shows, mais avec RuPaul et l’exposition mondiale, il est plus facile de rencontrer des gens qui nous font confiance pour de plus grandes scènes et d’ailleurs je remercie La nouvelle Eve. La démocratisation est en marche, il était temps ! 

Le show est mis en scène par Miguel-Ange Sarmiento. Selon vous, les shows de drag sont-ils enrichis par un regard comme le sien ?

Oui, c’est ce qui crée l’unité de la revue Folle Illusion. Le travail de Miguel-Ange est énorme, il apporte de la fluidité, en respectant la nature de chaque artiste. Le metteur en scène travaille surtout les détails, les transitions, là où résident la finesse et le raffinement, un peu comme dans la haute-couture.

Vous êtes la drag la plus connue du pays et vous continuez à jouer dans des petits cabarets, partout en France, est-ce une volonté ?

Complètement, j’adore les petites scènes. On apprend beaucoup quand on est proche du public. J’ai eu longtemps du mal à me libérer pour le côté animation, parce que je suis de nature timide. Dans de petits lieux, on peut discuter avec les gens. Je serais malheureux de ne faire que d’énormes salles car j’ai besoin de retrouver cette chaleur. A ce propos, le 24 février, pour One Night with Leona Winter à l’Artishow, j’invite sur scène une petite nouvelle, Petra Von Drag, une femme drag cisgenre. Elle est coach vocal sur The Voice France, elle est talentueuse et drôle, vous verrez.

Vous venez de terminer Queen of the universe, une production anglaise sur un concept de RuPaul, où les drags chantent en live. Etait-ce absolument fabuleux ?  

On me voit dans 5 épisodes sur 6 et ça ressemble plus à American Idol qu’à un concours de drag. J’ai adoré, c’est un sacré rythme, surtout en période de Covid. On avait des chaperons adorables, on était dorlotées comme des reines et là, encore, beaucoup de bienveillance et pas de crêpage de chignon. La compétition nous met face à nous-même, il n’y a pas de drama, pas de commentaires sur les uns et les autres. J’ai adoré Gingzilla, une drag à barbe, très spirituelle, avec qui j’ai pu passer du temps.

Participerez-vous au RuPaul’s Drag Race France ?

Pas pour le moment et pas en tant que candidate, parce que j’ai déjà représenté plusieurs fois la France dans des concours. La porte reste ouverte bien sûr.

Depuis The Voice, vous portez un message contre l’homophobie, subissez-vous des attaques ? 

Oui, comme toutes les drags un peu visibles. Il y a des haters mais je n’en tiens pas compte, je n’y prête pas attention au quotidien, je m’arrête uniquement sur les critiques qui me font avancer. Mais mon ancien compte Insta a été bloquée avec 120 000 abonnés, du fait des haters. J’ai du en recréer un nouveau. Le vrai, c’est iamleonawinter, avec un peu moins de 8000 abonnés, il faut le dire à tout le monde !

Après avoir sorti un single, Como Soy, préparez-vous un album ?

Un second single est prêt et ne pas va tarder à sortir et j’ai d’autres projets, notamment un disque de reprises à ma façon. J’en profite pour dire que mon rêve, c’est de faire un jour l’Eurovision !

Lorenzo est officiellement votre époux depuis août 2020. Pouvez-nous parler un peu de lui ou souhaite-t-il rester dans l’ombre ?

Nous sommes ensemble depuis 12 ans. Il a été chanteur, meneur de revue, a fait une tournée des Zéniths. Il a participé à La Chance aux chansons (diffusée de 1984 à 2000 sur France 2, pour les plus jeunes) et il a remporté le Grand Prix de la Chanson Française en 1991. C’est mon René à moi. Lorenzo manage ma carrière, il crée les opportunités. Nous partageons beaucoup de choses, 24 heures sur 24. Le projet Léona est notre bébé, c’est un personnage que nous avons développé ensemble. Il a cru en moi, c’était mon professeur de chant. Sans lui, je ne serais pas en train de vous parler.

Folle Illusion, à l’affiche du cabaret La nouvelle Eve, jusqu’au 20 avril. Compte Instagram

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