QueerScreen : “Bleu Nuit” ou les plans d’un soir d’un gay australien

“Bleu Nuit”, c’est une plongĂ©e intense (et esthĂ©tique) dans la frĂ©nĂ©sie de rencontres d’un jeune gay australien. À voir en exclu sur queerscreen.fr, la plateforme de cinĂ©ma gay.

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Au centre de ce film australien, il y a Sequin, joli roux de 16 ans, littéralement obsédé par le sexe. Il passe son temps, heures de cours incluses, sur une app de rencontres, Anon, enchaînant les plans cul avec des mecs plus âgés qu’il bloque dès qu’il a fait son affaire : jamais deux fois avec le même. Tout bascule lorsqu’il accepte l’invitation à une sex party, Blue room, dont tous les participants sont anonymes. D’un coup, le film prend des allures de thriller, et Sequin, qu’on croyait jusque-là capable de gérer cette facile addiction sexuelle offerte par la technologie, se révèle fragile comme on l’est à son âge. Il est finalement plus en quête d’amour que de plaisirs sans sentiments…

Tourné avec un micro-budget, ce premier film de Samuel Van Grinsven ne cesse d’épater par sa maîtrise : rien ici ne laisse deviner le manque d’argent. Bleu Nuit (Sequin in a blue room) est d’une beauté formelle assez étourdissante, à l’image de la longue séquence dans la blue room, immense appartement à l’espace cloisonné par des voiles de plastique transparent derrière lesquels on devine des mecs faisant l’amour. La dimension esthétique n’est pas gratuite ici, elle porte cet érotisme étouffant qui traverse tout le film.

La réussite de Bleu Nuit est aussi dans son scénario, récit d’apprentissage qui voit son jeune héros (parfaitement incarné entre innocence et provocation par le débutant Conor Leach) découvrir les pièges sous ses pieds là où il se croyait en sécurité, dans un monde où l’homophobie n’existe pas. Son homosexualité, en tout cas, n’est un problème pour personne.

Pour son coup d’essai, Samuel Van Grinsven fait preuve d’un indéniable talent et d’une audace folle. On pense en voyant son film aux jeunes cinéastes qui révolutionnèrent le cinéma gay, il y a une trentaine d’années, avec le New Queer Cinema, et en particulier à Gregg Araki. Ce n’est sans doute pas un hasard si le film, dès son générique, se présente comme “un film homosexuel” : avec ironie, en 1995, le générique de The Doom Generation d’Araki s’affichait comme “un film hétérosexuel”…

Didier Roth-Bettoni

Bleu Nuit (Sequin in a blue room), de Samuel Van Grinsven, avec Conor Leach, Samuel Barrie… À voir sur QueerScreen.fr

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