Daniel Machin Jolivet, le photographe de la renaissance
Les modĂšles de Daniel Machin Jolivet sont particuliers. Ils ne sont pas ceux qui ont lâhabitude de poser. Ils ont souvent un vĂ©cu douloureux. A travers son travail, Daniel les aide Ă se voir, plus sereins et de maniĂšre apaisĂ©e, comme une nouvelle naissanceâŠ
Parle-nous de toi…
Je suis aide-soignant de profession. Je suis en couple depuis mars 2007 et marié depuis octobre 2019. Je suis arrivé à la photo il y a six ans : je n’acceptais pas l’image que je voyais de moi. J’ai rencontré des photographes qui m’ont aidé à accepter mon corps. Certains sont devenus des amis. Une des plus belles rencontres que j’ai faite, a été celle avec Corinne Calmel, une photographe : elle m’a fait découvrir sa passion de la photo. Mon mari lui a même demandé d’être son témoin de mariage…
Comment se construit ton inspiration ?
Mon inspiration vient de ma passion pour ce qui est beau. Je parle de la beauté de ce qui nous entoure et aussi de la beauté intérieure des personnes que je rencontre.
Tu fais de la photothérapie pour reconstruire l’image de certains de tes modèles. Comment ça se passe ?
Certains “modèles” n’acceptent pas leur image ou une partie de leur corps. La photothérapie est une acceptation de son image par l’image. Je discute avec mes modèles pour savoir ce qu’ils n’aiment pas chez eux. Cela varie d’une personne à l’autre. Certains subissent difficilement le diktat de la beauté qu’on nous impose, d’autres n’acceptent plus ce que leur corps a subi suite à la maladie, les cicatrices, les effets de la chimio, par exemple…
Comment réagissent tes modèles « cabossés » par la vie quand ils voient les photos que tu as pris d’eux ?
Les réactions sont diverses et variées. Je vois en photographiant ce qu’ils reflètent vraiment. Ils sont souvent subjugués par le rendu des photos. En fait, peu ne se reconnaissent pas et d’autres se retrouvent. Pour ces derniers, c’est comme une victoire sur la vie…
Où trouves-tu tes modèles ?
Je contacte les personnes sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram). Des amis photographes me parlent de leurs modèles. Je propose à des personnes que je croise dans la rue ou dans des bars que je fréquente à Paris comme le Bears’ Den ou El Hombre. Je montre mon travail sur mon téléphone et donne ma carte de visite (mon petit côté “professionnel”).
Tu photographies souvent des garçons qu’on n’a pas l’habitude de voir dans des books. Pourquoi ?
Je pars du principe que tout le monde peut poser. La beauté est tellement subjective et la beauté cachée est extrêmement importante pour moi.
Tu aimes le noir et blanc, pourquoi ?
J’utilise le monochrome pour certaines photos (portraits, paysages, architecture) car le rendu s’y prête bien. Pour les modèles, c’est selon l’ambiance recherchée et surtout le lieu du shooting, intérieur ou extérieur.
Il y a dans tes photos comme une mélancolie dans le regard des garçons. Qu’est-ce qu’elle veut dire ?
Je joue beaucoup sur le regard, pour moi c’est le reflet de l’âme. Le regard est important sur une photo, il permet des expressions. Il permet de donner vie à la photo, de faire ressentir pas mal de choses. Si le spectateur se projette plus loin que la photo, c’est que cette dernière est réussie.
Quelle est ta définition de la beauté ?
La beauté n’est que subjective pour moi. Comme disait ma mère : “La beauté ne se mange pas en salade”. Nous avons tous notre charme.
Quel est ton plus beau souvenir de photographie ?
Ma rencontre avec mon ami David “Angelo”. Nous nous sommes rencontrés à un moment important de nos vies. Il m’avait proposé de poser pour moi. Une amitié est née entre nous. Je le considère comme mon frère. Il a été mon témoin de mariage.
As-tu des projets en cours ?
Oui. Quelques-uns. Un projet sur les détails du corps avec un ami photographe et quatre amis modèles. Un autre où je vais m’inspirer d’un clip de Madonna. Je n’en dirai pas plus.