Pourquoi je ne craque que sur des mecs hétéros…

Cyril, gay assumé, a un seul type d’homme : le mec dit « hétéro », avec son style et ses secrets. Il nous raconte où il rencontre ces garçons et pourquoi ce fétichisme le fait grimper aux rideaux.

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« Mon premier amant régulier, c’était un voisin de ma mère, une vraie caricature de commercial, un peu comme le personnage d’Yvan Le Bolloc’h dans Caméra Café » explique Cyril, 39 ans. Dans cette ancienne série diffusée sur M6, l’acteur incarne Jean-Claude Convenant, un coureur de jupons un peu beauf qui voue un culte à sa voiture, une Xantia. « C’était le même style, bogosse avec une caisse de kéké, il racontait à sa femme qu’on allait voir des matchs de foot. » Avec lui, Cyril a testé le siège arrière, les hôtels de zone industrielle et la boite échangiste de la région. Ce prototype, il est resté un peu fixé dessus. « Tout ce qu’il faisait sonnait hétéro : son parfum, son déo, ses fringues, ses conversations, son slip. »

Euh… dis-nous Cyril, c’est quoi un slip d’hétéro ? « Disons que ça ne l’intéresse pas de suivre les marques, il s’habille au centre commercial, il achète confortable avec des codes éloignées des gays, il ne cherche pas à se mettre en valeur. Pas de jockstrap ou de slip de marques, du fonctionnel, des caleçons à l’ancienne ou mieux encore un maillot de club de foot, en polyester. »

S’il se dévisse la tête quand il croise un égoutier en cuissardes ou un ouvrier de chantier qui sort fumer sa clope sans filtre, Cyril juge que cet ensemble de détails, dans son imaginaire, catalogue le « non-gay ». Ce genre de mec serait plus « naturel », conduirait différemment. Pour lui, pas de régime protéiné et pas trop de soins esthétiques : « Un peu de bide, j’aime bien, sans trop d’épilation ou de tondeuse, pas trop apprêté quoi… » Même dans les saunas gays, quand un mec l’attire, il est presque tout le temps marié à une femme. A-t-il un détecteur d’hétéro ? « Non, mais c’est eux que je préfère, timides, bourrus, ou séducteurs soi-disant bi. »

Un petit goût de secret

Cyril fait-il partie de ceux qui discriminent les mecs dits « efféminés » ? Pas du tout : « Je ne suis pas obtus, je peux me laisser séduire par un gars un peu folle mais globalement, je surkiffe quand le mec a adopté, très jeune, des codes machos, même si je sais que c’est fabriqué. » Car une fois fermée la porte de la chambre, ces mecs mariés qui se tapent des mecs seraient… les mêmes. « Ils se font prendre et sont à l’aise avec ça. »

Ces mecs-là ont bien une sexualité gay, quasiment la même, à part peut-être quelques réticences aux baisers profonds et des expressions différentes pour commenter. Cyril évoque aussi les types qui traînent en jogging au supermarché en tongs-chaussettes ou qui portent le même short depuis dix ans pour courir dans les bois, près du lieu de drague. Il continue de les chasser parce qu’ils les jugent très faciles d’accès. Oh, on aurait raté un truc ? « Ils sont dans l’urgence, ils vont dans les sex-shops ou plutôt dans les vidéos clubs, pas trop typés gays. Sur les applis, ils se définissent comme hétéros, mais c’est juste leurs collègues et leur femme qui ne sont pas au courant. »

Le terrain de chasse idéal pour Cyril ? Les campings l’été, les bois, les saunas qui font des journées mixtes, où Cyril ne voit quasiment jamais de femmes. Sans oublier les applis, si faciles à enlever avant de rentrer au domicile conjugal, et à remettre pour la pause à l’apéro. Ses amis lui disent parfois qu’il refuse d’ouvrir son cœur mais Cyril a fini par épouser un ex-hétéro. Son défi ? Veiller consciencieusement à ne pas le changer du tout, à ne pas lui acheter la moindre fringue, ni à lui conseiller un coiffeur : « Je l’ai rencontré brut, je veux le garder comme ça. Il n’aime pas le foot, mais je lui apporte des bières quand il regarde les grands prix de Formule 1. » Sur la beauté de Lewis Hamilton, un hétéro qui a porté les couleurs du drapeau LGBTQI sur son casque, au Qatar, ils sont d’accord et partagent un regret : cette bombe n’est pas facile à croiser.

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