Photos : Les nus mexicains de Lamasdolorosa
Gustavo est mexicain. Il a grandi en Basse Californie lĂ oĂč le dĂ©sert rencontre la mer. De son enfance dans des paysages arides, il a gardĂ© un mĂ©lange de mĂ©lancolie et de folie propre Ă cette partie du Mexique. Fou de nu, il se donne, gĂ©nĂ©reux. Rencontre.
Parle-nous de toi… Où vis-tu ?
Je suis photographe et directeur créatif. Je vis à Mexico, même si je suis né à La Paz, au sud de la péninsule de Basse-Californie. Un endroit très calme où le désert rencontre la mer.
Comment se construit ton inspiration ?
J’essaie d’être attentif à tout ce qui m’entoure et j’enregistre avec l’appareil photo de mon iPhone tout ce qui attire mon attention et dès que je ressens quelque chose. J’essaie de retrouver ces sensations quand je photographie. J’aime aussi regarder de vieux magazines, surtout ceux pornographiques des années 80.
Il y a comme une douceur, comme une mélancolie dans tes photos. D’où est-ce que ça vient ?
Je suis un homme sensible qui aime la musique triste et les espaces vides. Je ressens une attirance énorme pour les scènes mélancoliques. Même si en général, j’ai beaucoup d’énergie : j’adore danser et rire sans limites.
Où trouves-tu tes modèles ?
Instagram est un excellent outil pour trouver des modèles.
Lorsque tu prends une photo d’une partie du corps, on a l’impression de regarder un portrait. Les détails du corps sont-ils si importants pour toi ?
Les corps sont importants pour moi, les aborder en détail est presque un passe-temps qui me permet de donner toute la liberté d’interprétation aux spectateurs. Ce sont eux qui finissent par tirer leurs propres conclusions : quelle partie du corps est représentée dans les photographies même celles qui sont très abstraites ? Et ils peuvent également imaginer une histoire possible autour de la rencontre entre moi et le modèle.
Tu photographies beaucoup de nus. Comment choisis-tu les corps que tu veux photographier ? Ils sont beaux même s’ils sont différents de ce que l’on voit habituellement.
J’apprécie vraiment la volonté de chaque modèle de se déshabiller devant moi et de vouloir créer avec moi. Ils ont tous été très créatifs, j’ai beaucoup apprécié. J’aimerais avoir plus de diversité dans mon portfolio mais il est difficile de convaincre tout ceux qui ne se sentent pas beaux qu’ils le sont vraiment.
D’où vient ton nom d’artiste ?
J’ai étudié le graphisme à l’université, ma thèse portait sur la sémiotique de l’image, c’était une étude sur la symbolique et l’iconographie du cœur. Dans cette recherche, j’ai trouvé une section très détaillée en images sur l’utilisation de ce symbole (cœur) dans la religion catholique, je ne suis pas religieux, mais l’image de la Vierge Douloureuse m’a soufflé la tête : une femme qui pleure en tenant un cœur transpercé de sept poignards, j’ai tout de suite adoré. De plus, phonétiquement, il était complètement lié à l’environnement frontalier dans lequel j’ai grandi, alors j’ai commencé à l’utiliser comme marque, je l’ai même enregistré et déposé.
Quand aurons-nous la chance de te voir à Paris ?
Très bientôt : je serai là les deux dernières semaines d’octobre. J’espère que mon travail pourra également être visible à Paris prochainement à travers une exposition. Au fait, si certains de vos lecteurs sont intéressés à poser nu pour moi, ils doivent savoir que je suis prêt à les inscrire dans mon emploi du temps. Il suffit de me contacter sur Instagram.
Quel est ton meilleur souvenir de photographie ?
Quand je faisais des collages avec des images de magazines pendant mes études secondaires. (Rires)
Tu as un projet en cours ?
Oui, je travaille sur un petit livre qui sera imprimé dans un atelier de risographie (ndlr : un procédé d’impression écologique) à Los Angeles et en même temps, je suis en train de sélectionner et de retoucher les photos qui seront exposées en novembre, à la suite d’un travail artistique que j’ai fait lors d’un séjour à la plage de San Agustinillo, Oaxaca.
