“P*dé paumé”, la série espagnole qui nous rappelle que l’adolescence des gays n’est pas un long fleuve tranquille

Roberto a douze ans quand son amie Béa lui demande s’il est gay. Il n’en a aucun doute. Mais il va devoir grandir dans un environnement plutôt homophobe, avec des rêves pleins de paillettes ! Voilà le pitch de cette série espagnole à voir actuellement sur Warner TV… Une histoire vraie qui a un goût de madeleine de Proust…

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Bob Pop, le réalisateur de la série Pédé paumé n’est pas un inconnu en Espagne. Il est un mélange de Stéphane Bern et de Cristina Cordula, un chroniqueur mode et tendance très apprécié des ménagères de plus de 50 ans… Il a écrit plusieurs ouvrages qui, en général, parle de lui et de ses angoisses. Il a décidé d’en faire une série, diffusée en France sur Warner TV, où il raconte comment il s’est construit, lui, un adolescent gay et obèse. Alors qu’il a grandi dans une Espagne post-franquisme qui proposait sa Movida au monde entier, la vie d’un jeune gay n’était pas aussi joyeuse qu’on aurait pu l’imaginer. La violence de cette période subie par l’adolescent ne vient pas forcément des homophobes qui l’entourent au lycée, par exemple, mais aussi des gays eux-mêmes, peu enclins à accepter un garçon comme Roberto, pas assez sexy à leur goût…

Un casting 4*

Bob Pop a de nombreux amis dans le monde des arts, de la mode et des médias. Ses succès sont souvent liés à des personnalités qui le soutiennent. Et ce, encore plus depuis qu’il a révélé en 2019, qu’il souffrait de scléroses en plaques. Pour créer Pédé Paumé, il a fait appel aux plus grands et d’abord, au meilleur du cinéma espagnol : Pedro Almodóvar, lui-même qui l’a conseillé sur le scénario et la mise en scène et qui, fait rarissime, joue son propre rôle dans une scène très touchante à la fin de la série. Le casting est tout autant de haute volée : le père est joué par Carlos Bardem, le frère de l’acteur Javier Bardem, Bea, la meilleure amie est interprétée par Alba Flores (la Nairobi de La Casa de Papel) qui n’est autre que la petite fille de l’icône de la chanson espagnole, Lola Flores…

Une Espagne plutôt méconnue

Quand on imagine l’Espagne des années 80, on a tendance à voir les films colorés de Pedro Almodóvar, la musique pop du groupe Mecano et un grand vent de liberté qui souffle sur ce pays qui sort de plus de 40 ans de dictature. On oublie un peu que tout ne s’est pas passé aussi rapidement que ça. La série montre le décalage qu’il peut y avoir entre une banlieue plutôt homophobe et coincée dans ses traditions et la capitale Madrid qui propose les mêmes folies que n’importe quelle capitale européenne. Toute la partie qui se déroule quand Roberto a 18 ans (comme celles des saunas) est d’ailleurs assez explicite de cette Espagne à deux vitesses. Elle montre aussi, cependant, comment ce pays est devenu l’un des pays les plus gay-friendly du monde !

Un Roberto attachant et touchant

Les deux acteurs qui jouent Roberto (à 12 ans et quand il est jeune homme) sont exceptionnels de vérité. À aucun moment, ils ne cachent leur côté efféminé. Ils sont attachants et touchants. Même dans les scènes les plus dures, ils gardent la naïveté et la candeur du personnage. On ne peut s’empêcher de penser à nos propres difficultés quand on voit certaines scènes et surtout, on ne peut s’empêcher de se rappeler les armes que tout jeune gay découvre quand il grandit pour se protéger de l’homophobie ambiante : l’humour et la rêverie. Cette série est dure, certes, mais elle offre un visage humain et tellement vraie à notre jeunesse. A voir absolument…

Tu en veux encore ?