Les mots à la bouche : la librairie LGBT fait sa rentrée et devient une coopérative

Depuis 1980, Les mots à la bouche est la référence française des librairies LGBT. Avec l’appui de la communauté, l’entreprise devient une coopérative. Retour sur la success-story d’un lieu propice aux découvertes.

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Saviez-vous que Les mots à la bouche avait démarré dans le XVIIIème arrondissement, rue Simart ? Son fondateur, Jean-Pierre Meyer-Genton, l’a exportée en 1983 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, dans le Marais, où elle est restée 37 ans, telle une figure de proue. En juin 2020, l’équipe a pris ses quartiers non loin de République. Avec toujours un choix de livres fabuleux, des classiques, des raretés, ainsi qu’une qualité de conseil appréciable.

Un soutien de la communauté

Fin août, l’entreprise a finalisé une opération de financement participatif. Grâce au soutien de 717 contributeurs qui ont donné 56 320 euros, elle est devenue une une coopérative. Nicolas Wanstok, salarié de la librairie depuis 2007, est aussi éditeur de la revue TTBM dont le tome 2 sort le 16 septembre. Porte-parole de la librairie, il nous explique combien cette reconnaissance fait chaud au cœur : « On a même dépassé la somme demandée et en trois jours, on avait 40 000 euros, c’était dingue, bouleversant, ça a validé nos choix et notre travail, ça a montré l’attachement émotionnel à ce lieu, alors que nous étions le nez dans le guidon. Un vrai boost énergétique et émotionnel ! » 

Nicolas Wanstok

Le boss, Walter Paluch, souhaitait prendre sa retraite et transmettre l’entreprise à l’équipe. Avec ce fonctionnement en coopérativeles 4 salariés sont devenus actionnaires, tout comme Walter et une ancienne libraire du lieu. Dans une coopérative, la stratégie se définit de façon démocratique : « Une personne dispose d’une voix, les décisions sont égalitaires. Si ça marche bien, les dividendes peuvent être réinvesties dans les salaires ou dans le développement de la structure » indique Nicolas. Cela ne bloque pas les sorties, ni les arrivées, celui qui quitte l’entreprise reprend sa mise, c’est tout simple.

Un lieu d’échanges

Qui a soutenu les Mots à la bouche, au-delà des proches de l’équipe ? « Des gens de Paris et d’ailleurs, des clients réguliers de tous âges. Ce sont des soutiens à un lieu communautaire, 98% défendent cet espace. Il n’y en a pas tant que ça, la vie virtuelle ne comble pas le besoin de socialisation. » Ils et elles ont été nombreux à envoyer des mots émouvants pour accompagner leur donDepuis le déménagement, Nicolas observe un profil de clientèle plus diversifié, rajeuni et féminisé : « Certains viennent chercher des choses précises, d’autres demandent des conseils, notamment sur les classiques. Nous avons une clientèle de voisinage LGBT et hétéro et le travail sur les réseaux sociaux amène des vingtenaires plus queer, non binaires, trans, qu’on ne voyait pas dans le Marais. » 

Jimmy, Eva, Nicolas et Kamel ont toujours une recommandation à partager. Deux rayons, les bandes-dessinées et les essais, sont désormais mieux organisés et plus visibles. L’adresse garde un coefficient de sexytude élevé : les échanges de regard sont courants. C’est un environnement où l’on peut parler calendriers de rugbymen ou essai de Pat Califia (auteur de Sexe et Utopie, La musardine, 2008). On en connaît même qui ont rencontré leur mari aux Mots à la Bouche ! Nicolas confirme : « Oui, je sais que ça été le cas. Dans une librairie, ce qu’on apprend d’abord sur l’autre est différent, on entre en contact avec son esprit. Et j’espère que ça va continuer. » 

Les mots à la bouche, 37 Rue Saint-Ambroise, 75011 Paris

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