5 livres à découvrir pour un été très gay

Quelles lectures pour la plage ou pour occuper les journées de pluie au camping ? Jock.life vous a sélectionné des livres de poche, un roman, une BD et même un essai. Le tout très gay bien sûr !

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S’envoyer en l’air

Les grands prix littéraires couronnent rarement des livres drôles. Raison de plus pour savourer le prestigieux Pulitzer décerné en 2018 à ces Tribulations d’Arthur Mineur dont la légèreté teintée de mélancolie n’est pas sans faire penser parfois à du Armistead Maupin. Le Arthur Mineur du titre est un écrivain quinquagénaire dont la carrière n’a jamais vraiment décollé. Sa vie sentimentale est elle aussi brinquebalante : son amant vient de le quitter pour en épouser un autre, l’invitant même au mariage. Pour éviter d’y aller sans donner l’impression de bouder, Arthur accepte donc une tournée de conférences à travers le monde. Le roman fait son miel de ces rencontres improbables au fil d’une tournée qui le mène de Berlin au Japon en passant par Paris, l’Inde ou Mexico, au fil de laquelle il n’oublie jamais de s’envoyer en l’air. Petit à petit, derrière la silhouette du romancier mineur que semble être Mineur, on voit poindre un personnage plus profond, et derrière la drôlerie perce quelque chose qui ressemble à du désespoir…

Andrew Sean Greer, Les Tribulations d’Arthur Mineur, éd. Babel, 8,80 €.

Mémoire vive

Depuis 2016, le journaliste américain Mason Funk collecte la parole de militants ayant écrit de diverses manières l’histoire des combats LGBTQ+ dans son pays. Il en a tiré un livre dont l’édition française s’est enrichie de dix portraits de militants de l’hexagone, et d’une préface signée Didier Lestrade, le cocréateur d’Act Up-Paris et de Têtu. Ainsi, au côté d’Américains et d’Américaines souvent inconnus ici mais dont le parcours s’avère passionnant, on trouve l’avocate Caroline Mécary, le militant des droits humains Louis-Georges Tin, la pionnière trans Bambi, l’historienne de l’art et activiste Elisabeth Lebovici, le rappeur Kiddy Smile… Tous livres des témoignages extrêmement intimes et politiques, à la fois sur leur parcours et le sens de leur engagement. Un indispensable travail de mémoire.

Mason Funk, C’est ça notre liberté, 50 ans de lutte LGBTQ+ de Paris à New York, éd. Harper Collins, 24 €.

Ils s’aiment

Entre Paul et Stanley, le Français de 19 ans et l’Américain quasi trentenaire, l’amour ne va durer qu’une semaine, mais va en fait les habiter pendant six décennies ! Habitué à nourrir ses romans d’une dimension documentaire importante, François Roux fait ici, à travers l’histoire de ces deux amants éphémères mais amoureux au long cours, la chronique de l’évolution des droits des homosexuels depuis la guerre, en France et aux États-Unis. En effet, les deux garçons se rencontrent à la libération de Paris, le 26 juin 1944, et leurs vies séparées vont tout traverser. Paul, le Breton timide, va rentrer dans le placard, se marier, tout faire pour ne pas être découvert. Stanley, le riche new-yorkais, va au contraire accumuler les conquêtes masculine sans jamais se cacher, en dépit des risques. C’est toute l’histoire qui défile avec eux, la libération gay, le sida, les droits enfin conquis… Ils sont loin et pourtant jamais ne s’oublient. C’est un roman très tendre et très dense que celui-ci, au charme persistant.

François Roux, La Vie rêvée des hommes, éd. Albin Michel, 19,90 €.

Quelque chose de Tennessee

C’est un puzzle que nous offre Christopher Castellani, un séduisant roman en éclats où se côtoient personnages réels et inventés, où l’on saute sans cesse du passé au présent, où l’on traverse l’Atlantique dans les deux sens pour se poser à Key West ou en Italie. Tout commence d’ailleurs à Portofino, en 1953. Dans cité merveilleuse de la Riviera italienne, l’écrivain Truman Capote organise une fête où se presse tout le beau monde de cet été là. Il y a notamment une jeune actrice suédoise à la carrière balbutiante, Anja Bloom, et une star de la littérature américaine, Tennessee Williams, accompagné de son amant de longue date, Frank Merlo. Au fil des années, ces trois-là vont se croiser, se perdre, s’aimer, se trahir. Le roman les suit, les perd, les rattrape. Il y a des triomphes et des drames, comme la mort de Frank, il y a des secrets longtemps enfouis, comme cette pièce inédite de Tennessee, Appelons ça de la joie, il y a du vrai (le couple du dramaturge) et du faux (l’actrice), il y a…, il y a… Lancez-vous dans ce puzzle : vous ne le regretterez pas.

Christopher Castellani, Les Diables bleus, éd. 10/18, 8,80 €.

Super héros

Créé par David Halphen pour les besoins d’un court métrage il y a une douzaine d’années, Fusion man n’en finit pas de ressusciter sous diverses formes. Pour ce deuxième volume de ses aventures, on retrouve donc le jeune super héros gay français — autant dire une rareté ! — parti, entouré de sa très inclusive bande d’amis, à la recherche de l’origine de ses pouvoirs. Ça tombe bien, l’homme qui peut lui donner des réponses (son père), est vivant. Ça tombe mal, leurs relations ne sont pas au beau fixe, comme on avait pu s’en douter en lisant le premier tome. Cette recherche est d’autant plus compliquée qu’elle se fait sur fond de confrontation avec une dangereuse créature menaçant le monde… Action trépidante, humour, couleurs pimpantes, références à la culture des comics, scènes sexy : rien ne manque à cette BD.

David Halphen et Yas Munasinghe, Fusion man, volume 2 : au nom du père, Spirit Darko Editions, 16 €.

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