Témoignages : « J’ai tourné dans un film pour adultes ! »

Pur fantasme, occasion qui fait le larron ou performance quasi artistique, tourner dans un film pour adultes n’est pas anodin. Nos trois témoins ont testé. Que reste-t-il, chez eux, de cette expérience ? En ont-ils de bons souvenirs ? Rencontre

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Tourner dans un film pour adultes n’est pas forcément facile a priori. On pense d’abord qu’il faut avoir un corps d’athlète, qu’il faut être particulièrement performant et endurant. On vit aussi avec toute ces préjugés d’un cinéma par toujours très clean, un peu glauque. Si on est intéressé, on peut avoir peur que le réalisateur ne soit pas très bienveillant. On imagine aussi les suites de ce tournage : comment les images vont-elles être diffusées ? Combien de temps une vidéo X vit-elle sur les réseaux sociaux ? Et si demain, je me mets en couple, comment expliquer cette aventure à mon futur chéri ? Autant de questions que nos témoins se sont posés avant de sauter le pas. Ils en gardent globalement un bon souvenir même s’ils sont surpris de voir ces vidéos resurgir de temps à autres…

Un œuvre d’art, avant tout !

Omar a 33 ans. Il y a dix ans, un ami lui a proposé de participer à une vidéo. Il raconte : « Il m’a d’abord parlé de son projet. C’était un film artistique et une vidéo qui se voulait conceptuelle et d’avant-garde. Je trouvais l’idée sympa et je lui ai demandé s’il avait une idée de scénario. Il m’a répondu qu’il travaillait dessus et qu’il allait me l’envoyer… » Omar a attendu quelque temps puis le mail est arrivé. Le scénario était très explicite : il devait faire l’amour à une lampe de chevet. Omar nous détaille sa réaction : « Je me disais bien qu’avec cet ami, je n’allais pas jouer du Shakespeare. Mais là, je suis tombé des nues… On s’est appelé et on a parlé longuement au téléphone. Je le sentais tellement habité par son projet que j’ai craqué… Il m’a prévenu, il n’y aurait que trois personnes sur le plateau en plus de moi. »

Le jour J est arrivé. Le réalisateur avait prévu quatre heures de tournage. Omar raconte : « Je me suis retrouvé nu avec cette fameuse lampe de chevet. Je n’ai même pas eu l’impression de tourner un film X : le réal était tellement directif qu’il n’y avait aucune place à l’improvisation. En trois heures, c’était dans la boite. » Six mois plus tard, Omar a vu le résultat en petit comité. Il a beaucoup ri sur le moment. Il n’a jamais eu de retour sur cette vidéo, ni de commentaires comme quoi quelqu’un l’aurait vu : « C’était une œuvre d’art, avant tout ! Même si c’était excitant… »

Une star des années 80

Pierre a 58 ans. A 22 ans, il a été casté dans un bar gay par un agent d’un réalisateur très connu internationalement à l’époque : « Son nom était connu de tous. Tout le monde avait vu une cassette VHS, voire des photos de ses films avec des scouts ou des minets. Il avait très bonne réputation et il payait relativement bien pour l’époque. J’arrivais de ma Bourgogne et j’étais fauché. Et je trouvais l’expérience très excitante. » Pierre a donc intégré une équipe de tournage plutôt organisé. Pierre se souvient : « Dès l’arrivée, on nous met très vite à l’aise. J’ai repéré un mec assez sexy. J’espérais que j’allais tourner avec lui. Et ça n’a pas loupé… Je me suis retrouvé dans un bain-vapeur où il y avait de la fausse vapeur pour créer l’ambiance. On a tourné la scène trois fois. Et le réalisateur a dit qu’il choisirait la première, parce qu’on avait l’air amoureux… »

Le film dans lequel Pierre a tourné, est devenu culte. « Je suis devenu une star des années 80… Je ne me souviens pas du nombre de fois où on m’a présenté comme “l’acteur qui a joué avec X”… Ça aide pour draguer, je l’avoue ! Plus personne aujourd’hui ne me reconnaît. Heureusement, ça devenait fatiguant… Mais ça reste un excellent souvenir. »

Un collègue est tombé dessus…

Nicolas a 40 ans. Il y a six ans, il a répondu à une annonce d’un gratuit gay pour tourner des scènes de films pour adultes diffusées en ligne. Il fantasmait énormément sur l’idée de se faire filmer. Il raconte : « J’ai laissé mes coordonnées sur un répondeur téléphonique. On m’a rappelé deux heures après pour me proposer un casting en banlieue parisienne. J’y suis allé. On m’a demandé de me déshabiller. On m’a touché et comme ça m’a très vite fait de l’effet, on m’a confirmé un tournage deux jours plus tard dans un vieil hôtel. »

Nicolas ne savait pas qu’il allait tourner une séquence au milieu de 20 autres scènes réalisées ce jour-là. Il se souvient : « On était une bande de garçons à attendre dans cet hôtel. J’avais pris un pseudo. Et on appelait ce pseudo depuis deux minutes quand je m’en suis rendu compte que c’était mon tour. La scène était basique : je montais un escalier et je me trompais de chambre. Un mec était allongé sur le lit et vous imaginez la suite. J’ai longtemps cru que je ne plaisais pas au mec avec qui j’ai tourné. Ce n’est que deux ans après, que je suis tombé sur lui sur une plage du sud, qu’il m’a dit qu’il avait adoré notre plan et qu’il adorerait recommencer… »

Nicolas n’a pas trop envie de recommencer : « L’expérience était très sympa. De temps en temps, on me rappelle la scène à mon bon souvenir puisqu’elle est diffusée sur les plateformes. Un jour, un collègue est même tombé dessus… Il est resté discret. »

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