“Beautiful Thing” : l’indémodable film sur la découverte de l’homosexualité ressort en salles

Deux adolescents qui découvrent leur homosexualité, l’un est doux, l’autre un peu plus endurci. Ce film a été fait cent fois. Alors comment expliquer que le premier du genre, “Beautiful Thing”, garde la même fraîcheur presque 25 ans après sa sortie en 1996?  À (re)découvrir en version restaurée dès le 30 juin au ciné.

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Tiré de la pièce du même nom, écrite par Jonathan Harvey en 1993 (jouée au Vingtième Théâtre à Paris en 2009), le film raconte l’histoire de Jamie et Ste, qui vivent dans le même immeuble d’une cité ouvrière du sud-est de Londres. Le premier est un adolescent introverti, élevé par une mère célibataire au fort caractère, Sandra ; le second vit avec un père et un frère qui le frappent régulièrement. Le tout sous le regard de Leah, une jeune voisine commère, amatrice de produits psychotropes et surtout fan de Mama Cass, la chanteuses des Mamas & Papas, qu’elle écoute tout le temps à fond. Un soir, Sandra recueille Ste, qui vient d’être passé à tabac par son père. Il n’y a pas de lit pour lui dans l’appartement, alors il dort tête-bêche avec Jamie. La deuxième nuit, Jamie propose à Ste de lui masser le dos et les deux garçons finissent par s’embrasser. Mais Ste n’assume pas tout à fait. Pas encore, en tout cas.

De belles choses

Alors qu’au début des années 90, le Royaume-Uni est toujours sous le coup de la Section 28, une loi qui interdit de faire la promotion de l’homosexualité, instaurée par Margaret Thatcher, et que le sida fait toujours des ravages, l’amour de Jamie et Ste fait surgir un peu de beauté dans un monde où c’est une denrée qui ne va pas de soi. 

Contrairement à beaucoup de ses confrères (bonjour Larry Clark et consorts!), la réalisatrice Hettie MacDonald filme les deux adolescents avec pudeur et bienveillance, sans jamais tomber non plus dans la mièvrerie. Peut-être le “female gaze” dont on parle beaucoup ces temps-ci… 

Quelle est donc cette “belle chose” évoquée par le titre, alors? Après avoir revu ce beau film, on se dit qu’au final, c’est peut-être ce moment unique, propre au vécu homosexuel, où l’on découvre l’amour en même temps que l’on se découvre soi-même. Une fois qu’ils l’ont compris, Jamie et Ste sont enfin libres et prêts à affronter le reste de la société. 

Et quoi qu’il arrive, quel que soit le contexte, “Make your own kind of music”, comme le chante Mama Cass en arrière plan d’une des plus jolies scènes du film: “joue ta propre partition”. C’était vrai hier, ça l’est encore aujourd’hui. C’est ce qui explique sans doute que Beautiful Thing ne soit pas prêt de se démoder. 

Beautiful Thing, en salles le 30 juin 2021. Egalement disponible en DVD et Blu-Ray chez Optimale.

La bande-annonce de Beautiful Thing :

Yagg filme les répétitions de Beautiful Thing au Vingtième Théâtre en 2009:

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