Chéries Chéris : les films gays à ne pas louper !

Supernova, de Harry Macqueen, avec Colin Firth, Stanley Tucci.

C’est l’histoire, belle et terrible, d’un couple. Belle, car Sam et Tusker s’aiment depuis vingt ans et que ces deux quinquagénaires semblent avoir encore de longues années de bonheur devant eux. Terrible car, on le sait dès le début de ce road-movie qui va les emmener en camping car à travers l’Angleterre, sur les lieux où ils se sont connus, ce bonheur est condamné d’avance par la maladie de Tusker, atteint de démence précoce… Porté par deux grands acteurs au meilleur de leur art, Supernova parle avec justesse d’intimité, de tendresse, de perte, du temps qui passe…

Le prédateur, de Marco Berger, avec Juan Pablo Cestaro, Lautaro Rodríguez.

Quelques mois après son très beau Colocataire, le nouveau film du prolifique argentin Marco Berger est tout aussi réussi. Il y est question d’un adolescent, joli skateboarder découvrant sa sexualité… et certains risques qui vont avec. Un film très sensuel, qui séduit par la grâce de ses interprètes, doublé d’une forme captivante de thriller moral.

Pour toujours, de Ferzan Ozpetek, avec Edoardo Leo, Stefano Accorsi.

Arturo et Alessandro forment un couple dans lequel l’amour a laissé place à une tendresse amicale qui n’est pas exempte de vives tensions. Lorsqu’une amie leur confie ses enfants, ça secoue… mais ce n’est pas forcément plus mal. Sur un ton de comédie douce amère, le cinéaste italien Ferzan Ozpetek (Tableau de famille, Le premier qui l’a dit) réussit un de ses meilleurs films.

Tomber pour Ali, de Romas Zabarauskas, avec Eimutis Kvosciauskas, Dogac Yildiz.

Jeune réalisateur venu d’un pays encore fortement homophobe, la Lituanie, Romas Zabarauskas affirme de film en film son activisme LGBT. Dans Tomber pour Ali, un avocat quadragénaire habitué aux amours d’un soir, voit sa vie bouleversée par sa rencontre avec un sexy réfugié syrien. Sans grands effets de mise en scène mais avec beaucoup de sensibilité, Tomber pour Ali dresse le portrait de cet homme dont toutes les certitudes et toutes les habitudes vacillent pour la meilleure des raisons. A moins que… Une très jolie réussite qui fera la clôture du festival.

Moffie, de Oliver Hermanus, avec Kai Luke Brummer, Mark Elderkin, Michael Kirch.

Dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, le racisme régnait en maître. Jeune blanc imprégné de cette culture, Nicholas part effectuer son service militaire à la frontière angolais. Mais dans l’armée de ce pays, baignée dans une culture viriliste omniprésente, l’homophobie est tout aussi affirmée, et le garçon va l’apprendre à ses dépens… D’une grande beauté visuelle, ce film contemplatif zébré d’éclairs de violence nous fait éprouver au plus profond de nous mêmes les sentiments de désir réfréné, de haine de soi internalisée, de courage aussi de ce garçon plongé dans un environnement hostile…

Boy meets boy, de Daniel Sánchez López, avec Alexandros Koutsoulis, Matthew James Morrison.

Deux garçons qui viennent de se rencontrer sur le dancefloor errent dans Berlin, dans l’attente de l’avion qui emportera l’un d’eux loin de la ville… Tourné avec des moyens ridicules sur un mode quasi amateur (un genre cinématographique qu’on appelle le mumblecore), Boy meets boy saisit l’essence même, fugace et intense, de cette brève rencontre sans lendemain, pleine du charme de ses interprètes.

Dear Freddy, de Rubi Gat.

Un formidable documentaire ressuscitant une figure oubliée de l’histoire gay, Fredy Hirsch, un athlète juif homosexuel, déporté par les nazis à Auschwitz. Avant de mourir dans les camps, il aura aidé des centaines d’enfants déportés à survivre, ce qui en fait un héros méconnu dont ce film, porté par des témoignages de survivants et des archives, retrace l’histoire, tout en mettant en avant l’homosexualité longtemps masquée de Hirsch. Un film nécessaire.

Chéries Chéris, du 29 juin au 6 juillet 2021
Au MK2 Bibliothèque, Quai de Scène et Beaubourg
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