Photos : Les nus marseillais de Patryck Lebrun
Marseillais depuis presque toujours, Patryck Lebrun puise dans tout ce que sa ville peut offrir pour capter la beautĂ© de ses modĂšles. Il propose depuis deux ans, un travail de photothĂ©rapie : pour que tout le monde puisse ĂȘtre Ă lâaise avec sa propre image.
Vous semblez autant inspiré par vos modèles que par la nature qui les entoure. Ce lien avec cet environnement intime est-il indispensable pour vous ?
Ce que j’aime avant tout, c’est la lumière naturelle. Donc, cela va de pair avec la nature elle-même. Je suis amoureux de la nature, de notre planète. Il y a tout pour être heureux à portée de main, il suffit d’ouvrir les yeux. Je ne me sens jamais aussi bien qu’en contact avec la nature. Et avec la lumière du soleil, tout prend une dimension artistique. Pour le nu artistique, que je fais assez souvent, je trouve que c’est le cadre idéal, car dans son plus simple appareil, on retourne à notre propre nature. Nous avons une chance incroyable de vivre au milieu de toute cette beauté (apparemment, pas beaucoup de planètes ressemblent à la nôtre !). Ce devrait être une priorité de chacun de vouloir préserver cet environnement.
Comment choisissez-vous vos modèles ? Comment abordez-vous le sujet de la nudité ?
La plupart, ce sont eux qui viennent à moi. Ce sont des clients qui m’embauchent pour avoir de belles photos d’eux parce qu’ils aiment mon travail et se verraient bien dans les photos que je fais. Donc la nudité est quelque chose qui ne leur pose pas de problème. Parfois, c’est pour se challenger eux-mêmes, parfois c’est pour voir le résultat de leur travail sur leur corps, et parfois c’est simplement par attrait artistique.
Lorsque je travaille avec des modèles d’agences, c’est soit avec l’agence, soit avec le modèle qu’on définit à l’avance si on va faire du nu ou pas, selon que ça serve ou pas au travail du mannequin. Et lorsque c’est moi qui propose des collaborations à de nouveaux modèles, amateurs ou pas, je leur montre mon travail et leur demande s’ils sont partants pour du nu artistique. Mais en général, si je propose à un modèle, c’est que je vois dans ses photos qu’il a déjà fait du nu et donc, qu’il n’a rien contre cette idée. Il a juste à aimer mon style de photos et être motivé.
Vous vivez à Marseille. En quoi votre ville et ses habitants sont-ils inspirants ?
J’ai la chance de vivre dans une ville où il suffit de faire quelques kilomètres pour avoir la mer, la forêt, des champs, des collines, des paysages quasi désertiques… Tout est là. Moi qui adore la nature, c’est parfait ! Et lorsque l’on veut avoir aussi des décors urbains, la ville est là, et très diversifiée d’un quartier à l’autre. C’est vraiment idéal pour assouvir toutes ses envies. Quant aux habitants, la population étant très hétéroclite, c’est très pratique pour ne pas toujours avoir le même genre de physique devant son objectif. Mais au final, j’ai beaucoup de modèles qui habitent les villes alentour aussi.
Parlez-nous de votre travail très intéressant de photothérapie. Avez-vous beaucoup de demandes ?
J’ai officiellement lancé ça il y a deux ans bientôt, même si j’en faisais avant sans le savoir. En fait, très régulièrement, des gens sont venus à moi pour faire des photos dans le but de se réconcilier avec leur image, leur physique. Sans forcément me le dire avant la séance d’ailleurs, mais ils me l’ont confié après coup, ou pendant la séance. Je sais que j’inspire confiance, que je suis à l’écoute et que les gens sentent qu’avec moi, qu’avec ma sensibilité, ils ne sont pas en danger. Ils peuvent s’ouvrir, même sur leurs failles, leurs doutes, leurs peurs. Ils ne seront jamais jugés. Ils seront entendus, et, au mieux, compris. Je leur offre donc la possibilité de participer à ce long processus qu’est l’acceptation de soi, l’amour de soi, et qui passe souvent par une acceptation de son physique.
Malheureusement, beaucoup de personnes ont souffert dans leur enfance et même à l’âge adulte, d’un déficit de confiance en eux, lié à leur image. Les origines peuvent en être très diverses. Cela peut aussi apparaître après une maladie, un changement brutal de son corps. Mais au final, tout le monde se retrouve devant la même douleur. Elle n’est pas insurmontable, loin de là. Et faire le pas de contacter un photographe pour se lancer ce défi, c’est déjà une première avancée qui est gage de réussite.
On en parle beaucoup avant la séance, beaucoup pendant, et on prend finalement du plaisir à réaliser les photos, à les découvrir ensemble après, à les choisir. Certains pensent qu’il y a là un fantasme narcissique, mais ça n’a rien avoir. On parle vraiment de quelque chose de profond, d’estime de soi, d’amour de soi. De réconciliation. C’est au-delà du physique mais ça en passe par-là.
J’en fais régulièrement et j’aimerais en faire encore plus car je me trouve vraiment à ma place dans cette pratique. Il n’y a rien de plus beau que d’aider les gens à se réconcilier avec eux-mêmes.
Quel est votre plus beau souvenir de photographie ?
Justement, c’est sans doute d’avoir pu redonner le sourire à certaines personnes quand elles se découvraient sur les clichés et s’aimaient en photo, alors que jusque-là, elles se détestaient ou ne se supportaient pas. Mais il y a aussi de belles rencontres faites grâce à la photo, comme mon mari, ou des modèles devenus des amis. Sans parler des opérations caritatives où j’ai pu participer et côtoyer des gens formidables.
Après, d’un point de vue purement créatif, j’ai beaucoup de plaisir à retravailler avec certains modèles qui sont comme des muses pour moi et avec qui nous donnons naissance à de superbes images facilement car l’alchimie se produit à chaque fois.
Avez-vous des projets ?
Les projets immédiats ne sont pas axés précisément autour de la photo. Je fais aussi de la musique et je prépare la sortie d’un album dans les mois qui viennent. C’est sur cela que je me concentre actuellement. Mais il y aura des photos et des vidéos pour accompagner ces morceaux, donc, finalement, tout se rejoint !
