« Framing Britney Spears » : Que vaut le documentaire choc disponible sur Amazon Prime ?

La blague a fait le tour du net lors du premier confinement, il s’agissait d’évaluer, via plusieurs images représentant les différents stades de la vie de Britney Spears, son propre niveau de bien-être, de stress ou de trauma lié à l’enfermement subi du printemps 2020. À y regarder de plus près, la blague devient moins drôle parce qu’elle participe, malgré elle, à un système de dénigrement qui s’est développé autour de la star depuis quelques années.

Framing Britney Spears prend le contrepied et s’emploie avec précision et intelligence à comprendre la façon dont la star, qui a fait sa première télé à 10 ans, a été réduite à des frasques vues comme celles d’une psychotique sans jamais prendre en compte les éléments de contexte.

Loin du documentaire de fans, célébrant bêtement les moindres faits et gestes d’une idole, Framing Britney Spears analyse les hauts et les bas de la carrière de Britney. Il dessine le portrait d’une jeune femme douée, depuis son tout jeune âge, pour la chanson et le show qui a été poussée, utilisée et manipulée par les « hommes de sa vie ». Et, en premier lieu, par son père, Jamie.

Britney One More Time

Née en Louisiane au début des années 80, la jeune Britney débute dans une chorale, se perfectionne à New York avant d’intégrer la troupe d’enfants/artistes/animateurs de l’émission pour enfants The Mickey Mouse Club pendant deux ans. Elle signe un contrat à 15 ans avec une maison de disques et, grâce à une tournée des centres commerciaux, son premier single Baby One More Time devient un tube énorme. En quelques mois, elle est l’adolescente la plus connue de la planète en pleine vague des « boys bands ». Deux ans plus tard, en 1999, elle devient une véritable icône planétaire. La jeune femme affirmée, créative, mène sa tournée internationale comme une patronne. Elle s’émancipe.

Piece Of Me

Mais chacun des événements de sa vie privée va être surexploité par la presse qui ne supporte pas que l’ado modèle qu’ils avaient imaginée ne rentre plus dans leurs cases. Quand elle se sépare de son alter ego Justin Timberlake, elle devient « celle qui a trompé » dans un exercice de slut-shaming à base de clip (Cry me a river) assez peu respectueux. Timberlake s’en est d’ailleurs excusé après avoir vu ce film. Son mariage express avec deux enfants coup sur coup suivis d’un divorce avec Kevin Federline fera d’elle une instable et une « mauvaise mère ». Les fameux « headshavegate » et « scène du parapluie » finiront de la faire passer pour folle et de la déchoir complètement de la garde de ses enfants.

Free Britney

Le documentaire permet de comprendre la fragilité d’une jeune femme poursuivie jour et nuit par les paparazzi qui n’en peut plus d’être ainsi exposée et soumise à la vindicte populaire au moindre geste de travers. Mais le nœud actuel du problème est ailleurs. Le film démontre comment, depuis, 2008, en la faisant mettre sous sa tutelle, son père Jamie a pris le contrôle de sa vie, de sa carrière, de ses finances. Une emprise judiciaire qui a donné lieu à la création du mouvement #FreeBritney par des fans qui cherchent à sauver celle qui n’a plus sa liberté de parole et se cache derrière des posts cryptiques sur Instagram.

Le mystère et le malaise qui entourent cette situation restent entiers. Les soutiens attentifs guettent la moindre de ses réactions numériques. Son dernier post sur Instagram prend ses distances avec le documentaire mais personne n’est capable d’être sûr qu’il ne soit pas écrit sous la contrainte. Le mouvement continue et méritait la mise au point factuelle et puissante qu’est Framing Britney Spears.

Framing Britney Spears, à voir dès le 5 avril sur Amazon Prime